Guatemala: les voix des survivant-e-s s’élèvent après la mort du dictateur Rìos Montt

Le dictateur, Efraín Rìos Montt, mort le 1er avril dernier a été enterré dans un cimetière privé avec les honneurs militaires, en présence d’anciens membres de l’armée. Sa fille, Zury Rìos a fait un discours en affirmant que : « Tout le monde se souviendra qu’il (son père) était un homme libre et qu’il est mort en homme libre ».  Sa déclaration a suscité de nombreux applaudissements de la part des amis de l’ancien dictateur présents à l’enterrement.

Au même moment, H.I.J.O.S. (Les fils et filles pour l’Identité et la Justice contre l’Oubli et le Silence), une organisation composée des familles des personnes arrêtées et disparues durant la guerre civile, a appelé à une manifestation sur la place centrale de la capitale. Raúl Nájeras, membre de H.I.J.O.S a déclaré : « Il est inadmissible qu’une personne reconnue coupable de génocide puisse paisiblement mourir chez elle grâce à l’impunité qui règne dans ce pays (…). Alors que Rìos Montt est enterré auprès des siens, des milliers de personnes et de communautés sont toujours à la recherche de leurs proches disparus.

Les voix des survivant-e-s

Les survivantes et survivants Maya Ixil ont de leur côté donné une conférence de presse durant laquelle ils ont réaffirmé leur volonté de continuer le combat pour la justice afin que d’autres militaires de haut rang, responsables du génocide soient jugés : « Nous rejetons les déclarations affirmant que Rìos Montt est mort impuni et libre. Il est mort condamné et devait faire face à un second procès. L’Histoire s’en souviendra ainsi ».

Le CALDH (Centre Pour l’Action Légale en Droits Humains), l’un des cabinets d’avocats qui défend les droits des victimes dans l’affaire du génocide, a également publié un communiqué de presse, suite à la nouvelle de la mort de l’ancien dictateur : « Les femmes et les hommes Maya Ixil ont obtenu un verdict de culpabilité en 2013 en disant la vérité et continuent chaque jour à lutter contre l’oubli. C’est grâce à eux que la société guatémaltèque a pu être informée au sujet du génocide qui s’est déroulé entre 1982 et 1983. Aujourd’hui, le monde sait qu’il y a eu un génocide et des violences sexuelles et que le racisme fut le moteur du génocide. Au cours de ce périple pour obtenir justice, qui est un droit fondamental, cinq témoins sont décédés. Toutefois, leur parole et leur vérité voleront comme des graines qui tombent sur un terrain fertile ». Edgar Pérez et Santiago Choc du Cabinet d’avocats pour les droits humains BDH, accompagnés par PBI depuis 2010, représentent également la partie plaignante dans le procès.

Un procès qui a fait resurgir les douleurs de la guerre civile

Le Guatemala, petit pays d’Amérique centrale, a été le théâtre d’une guerre civile sanglante pendant trente-six ans et qui a atteint des proportions insoupçonnées sous la direction du général Ríos Montt en 1982 et 1983Au cours la politique dénommée de « la terre brûlée », il fut le responsable de au moins onze génocides à l’encontre des Maya Ixil qui ont a coûté la vie à 1’771 personnes et entraîné au moins 1’400 viols. Le 10 mai 2013, Rìos Montt a été jugé coupable de génocide et crimes contre l’humanité et a été condamné à huitante ans de prison.

Cependant, la Cour constitutionnelle guatémaltèque a annulé le verdict dix jours plus tard, en invoquant des irrégularités survenues au cours du procès et a décidé de le reporter au 19 avril 2013. Le procès n’a repris qu’en octobre 2017.

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