Haïti: « Je vais avoir une maison bien à moi… Ma toute première ! »

1700 familles affectées par le séisme relogées dans des abris transitoires à Port-au-Prince
 
Plus d’un an déjà qu’Haïti a senti la terre trembler sous ses pieds et pourtant les camps de déplacés parsèment toujours le paysage urbain de Port-au-Prince. Malgré les efforts considérables de la communauté humanitaire depuis le 12 janvier 2010, le relogement des sinistrés se heurte à de nombreux obstacles, en particulier avec la problématique foncière complexe en Haïti. Malgré ces difficultés, ACTED mène actuellement un projet d’installation d’abris transitoires dans la capitale porto-princienne et ses environs avec le soutien de la Croix Rouge Américaine (ARC). Ce projet va permettre à 1700 familles affectées par le séisme de retrouver un toit tout en réduisant leur vulnérabilité face aux risques de futurs désastres.
Comme chaque jour, Denis Francy, Chef mobilisateur Abris d’ACTED, se rend sur le terrain. Aujourd’huLes habitants du camp de Lilavois 8 pourraienvt être expulsés.i, il va visiter la zone de Croix-des-Bouquets, banlieue proche de Port-au-Prince. Sa journée est chargée : visite d’un camp dont les habitants sont menacés d’expulsion et pour lesquels ACTED s’efforce de trouver une solution de relogement, puis d’un autre installé sur un terrain cédé par la mairie à ACTED pour y placer des abris transitoires.
Trois jours pour évacuer
En apparence, le camp de Lilavois 8 ressemble à tous les autres camps nés à la suite du séisme et s’élevant un peu partout à Port-au-Prince. Comme tant d’autres, il est composé de tentes et de fragiles abris faits de matériaux de récupération. La particularité de ce camp, cependant, est d’être installé sur un terrain privé dont le propriétaire veut retrouver la possession et qui, pour cela, fait peser depuis plusieurs semaines une menace d’expulsion sur les habitants du site. Sans terre sur laquelle retourner vivre et sans moyen de (re-) devenir locataires, la plupart des familles déjà très vulnérables (présence de nombreuses femmes enceintes, d’enfants en bas âge, de personnes âgées…) risquent de voir leur niveau de précarité s’accentuer fortement. La présidente du camp se désole : « La situation est difficile. Le propriétaire du terrain nous a donné trois jours pour évacuer l’espace ; il vient, accompagné de personnes armées, afin de détruire nos tentes et semer la panique. La plupart [des habitants du camp] ne savent pas ce qu’ils feront une fois partis… »
La longue et difficile recherche de terrains constructibles
L’Organisation Internationale des Migrations (OIM), en charge de la supervision et de la gestion des camps de déplacés à travers le pays, s’efforce de trouver, en lien avec ses partenaires (dont ACTED fait partie) des solutions négociées à ces risques d’expulsion et aux problèmes complexes de propriété qui entravent le processus de retour des déplacés en Haïti. Ces contraintes sont nombreuses : absence de certificats de propriété des terrains, difficulté à retrouver certains propriétaires, problématique de la mise à disposition des terres de l’État, etc. Afin de résoudre le problème de la disponibilité des terres dans une zone urbaine aussi densément peuplée que Port-au-Prince, ACTED négocie avec les mairies des zones d’intervention en vue d’obtenir de leur part des espaces publics où construire des abris transitionnels. À Croix-des-Bouquets, un premier succès a été obtenu avec le déblocage d’un terrain municipal et sa mise à disposition pour ACTED, pour y installer une soixantaine d’abris. ACTED devrait y reloger les habitants les plus vulnérables qui vivent sur place depuis plus d’un an, et les familles menacées d’expulsion de Lilavois 8 non propriétaires de terrains privés.
« Je vais avoir une maison bien à moi… Ma toute première ! »
Nadège Mervilus, jeune mère de trois enfants, devrait bientôt bénéficier de cette solution. Elle se confie, heureuse : « Nous vivions chez des inconnus auparavant et après le tremblement de terre qui m’a pris mon mari, ces personnes ne pouvaient plus nous garder chez elles. La tente n’est pas confortable. Nous sommes six à y vivre et quand il pleut, c’est l’inondation. La nouvelle me réjouit énormément car je vais avoir une maison bien à moi… Ma toute première ! ».

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