Kasra Mofarah: « La crise humanitaire est très loin d’être terminée. »

Kasra Mofarah est parti au Pakistan avec l’équipe d’urgence de SOLIDARITES INTERNATIONAL dès les premiers jours suivant les inondations dramatiques de cet été. Chef de mission pour cette intervention d’urgence, il témoigne de ce qu’il a vu. Entretien.
Qu’as-tu trouvé en arrivant là bas ?
Les inondations au Pakistan constituent une des plus grandes catastrophes humanitaires de l’histoire : une surface plus grande que l’Italie a été touchée, avec plus de 20 millions de personnes affectées, dont 6 à 8 millions très affectées et extrêmement vulnérables ; le fleuve Indus a tellement grossi qu’il est devenu aussi large que la Manche !
Parmi cette population on estime à 3,5 millions le nombre d’enfants (Unicef, Aout 2010) en danger de mort, à cause de la faim, et surtout à cause des nombreuses maladies hydriques et contagieuses telles que le cholera, les diarrhées aigues, les gastro-entérites. Enfin, les eaux stagnantes sont aussi propices au développement de la malaria.
La crise humanitaire est donc très loin d’être terminée, et le nombre de décès risque d’être beaucoup plus important dans les mois à venir: le pire reste à venir, et je ne suis pas sûre que la communauté internationale le réalise.
Quelle est l’action de SOLIDARITES INTERNATIONAL là bas?
Nous intervenons dans la région du Sindh, au sud du Pakistan, une des régions les plus touchées par les inondations : en effet, si dans le nord les très fortes précipitations ont tout dévasté sur leur passage, l’eau s’est maintenant retirée, et le travail de réhabilitation peut donc commencer ; alors que dans le centre du pays, au Punjab et dans le sud, dans le Sindh, où nous intervenons, les eaux commencent à peine à redescendre, de vastes étendues restent encore englouties à ce jour, les excréments se mêlent à l’eau stagnante que les habitants boivent…
Nous sommes donc en phase de prévention de catastrophe et de sauvetage ave une réponse d’urgence qui se met en place peu à peu. Nous apportons de l’eau potable aux populations affectées, qui en manquent cruellement, ainsi que des moyens sanitaire afin de prévenir les épidémies qui peuvent s’avérer dramatiques : distribution d’eau potable ainsi que des purifiants, des barres de savon, des jerricans.
Tu viens de rentrer du Pakistan ; as-tu un message à faire passer aux internautes ?
Ce qui m’a frappé, c’est le peu d’argent envoyé par la communauté internationale et les donateurs privés pour ce qui est pourtant une des plus grandes catastrophes humanitaires, bien « pire » (si l’on peut s’exprimer ainsi…) par exemple que le tsunami de 2004 !
Pourtant, personne ne peut dire que les 3,5 millions d’enfants en danger de mort mentionnés ci-dessus sont des terroristes !
J’ai été terriblement touché par ce que j’ai vu : des enfants baignant dans leurs diarrhées, presque inconscients, à même le sol et recouverts de milliers de mouches : c’est notre devoir de leur porter secours.
http://www.solidarites.org/missions/Pakistan/temoignage-kasra.shtml
 

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