La géopolitique mondiale est en constante évolution, marquée par une série de crises interconnectées, souvent qualifiées de polycrises. Cette situation a entraîné une augmentation des conflits, notamment internes ou entre grands blocs économiques, et a poussé de nombreux pays à se replier sur eux-mêmes pour assurer leur sécurité nationale, notamment en augmentant le budget attribué à l’armée. Dans ce contexte, les ressources allouées à la solidarité internationale sont remises en question alors qu’ils n’ont jamais fait autant sens pour apporter un tant soit peu d’espoir dans un monde implosant.
Priorisation géographique de la Suisse
La Suisse, comme beaucoup d’autres nations, a dû revoir ses priorités en matière de coopération internationale. Face à des ressources limitées, elle a choisi de concentrer ses efforts sur certaines zones géographiques, au détriment d’autres. L’Amérique latine, malgré ses besoins criants, en est un exemple frappant. De fait, cette région est confrontée à de profondes inégalités, avec des populations historiquement marginalisées, des classes populaires vivant en dessous du seuil de pauvreté, des communautés autochtones et afrodescendantes nécessitant un soutien afin de se maintenir dans une société excluante. De plus, la biodiversité de la région est en péril et nécessite des actions de préservation, notamment grâce aux savoirs des communautés indigènes.
L’aide d’urgence comme seule constante de la Suisse en Amérique latine
En dépit de ces besoins, la Suisse a décidé de se retirer progressivement de l’Amérique latine, ne maintenant que son aide d’urgence en cas de crises de conflits armés ou de désastres naturels. Cette décision va à l’encontre du principe du nexus, qui prône une approche intégrée entre l’urgence et le développement. En conséquence, la Suisse n’est plus en mesure de développer des projets à long terme dans cette région, se limitant à des périodes de travail de quatre ans au maximum tout en ayant comme porte d’entrée la guerre ou un désastre naturel.
Le rôle crucial des ONG suisses
Face à cette situation, une alternative se dessine : permettre aux ONG suisses partenaires de la Confédération Helvétique de poursuivre leurs activités de coopération au développement sur place. Par délégation, ces ONG peuvent coordonner leurs actions avec la Suisse pour promouvoir une approche favorisant le nexus, la localisation et la durabilité de l’aide. Il est essentiel que ces ONG continuent à disposer de leur liberté afin d’utiliser les fonds reçus du gouvernement suisse selon leurs besoins, garantissant ainsi une certaine autonomie et efficacité dans leurs interventions, tout en pouvant se coordonner avec l’aide d’urgence prodiguée par la Suisse.
Nexus et résilience
Sans aucun doute, la coopération internationale suisse doit s’adapter aux défis géopolitiques actuels en renforçant le rôle des ONG et en assurant une utilisation flexible et stratégique des ressources disponibles. Cela permettra de maintenir une aide précieuse et durable, même dans un contexte où les ressources sont malheureusement nivelées vers le bas.
Est-il nécessaire de rappeler que le nexus trouve tout son sens dans la construction d’une résilience, d’une capacité de transition vers un mieux ? Après la guerre, après le désastre naturel, après la pandémie, après les troubles socio-politiques, après le dérèglement climatique, …après la polycrise, le nexus nous permet d’entrevoir un autre monde construit, certes, sur les décombres d’un monde passé. Ou comment faire de la crise une opportunité. La localisation, la durabilité, les nouvelles formes de gouvernance et l’autodétermination agissant de concert à la coopération internationale se doit d’ouvrir une nouvelle ère de Paix.
Olivier Grobet
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