Par Sergio Ferrari, de La Paz, BolivieLa sociologue genevoise Marina Decarro, une des responsables de la Marche Mondiale des Femmes en Suisse, et le Dr Eric Burnier ancien délégué du CICR et Professeur à l’IUED étaient aussi du voyage.
Le principal objectif du voyage, tel que défini au départ, était de connaître le travail des volontaires sur place et aussi de rencontrer les partenaires locaux d’E-CH.
Aujourd’hui, une trentaine de coopérants suisses de différentes ONG – notamment Interteam, Interagire et E-CH – travaillent en Bolivie. Ces ONG font partie de la plateforme UNITE, avec une coordination unique (COVOSU) pour tout le pays. La Coopération technique de la Confédération (DDC) finance partiellement les volontaires.
10 coopérants sont encadrés par E-CHANGER. Ils travaillent dans des activités comme la formation, les droits humains, la prévention du SIDA, mais aussi dans la consolidation des organisations de bases de la société civile bolivienne.
Un programme intense
La délégation a visité Cochabamba- et la zone tropicale voisine du Chapare-, Tarija et la Paz, où les coopér-acteurs d’E-CH travaillent.
C’est ainsi que les participants ont pu rencontrer des dirigeants du Mouvement de Femmes « Bartoline Sisa »; du centre indigène Kawsay; de l’Institut de thérapie et d’investigation en faveur des victimes de tortures ou de la violence d’Etat (ITEI); et des centres scolaires Creciendo (Tarija) et CERECO (Cochabamba).
La délégation a aussi eu un échange avec 4 des députés nationaux élus de Tarija ainsi que la déléguée de la présidence pour le département de Tarija tout comme des autorités municipales de Villa Tunari dans le Chapare.
A la Paz, elle a été reçue au siège de la vice-présidence, par Gonzalo Gonzalvez, responsable de l’unité de Participation citoyenne ainsi que des fonctionnaires du Ministère des Affaires Extérieures.
Un moment particulièrement marquant a eu lieu dans l’Altiplano. La municipalité d’Achacachi, proche de La Paz, a déclaré “hôtes d’honneur” les 22 participants de la délégation.
Un processus de changement est en marche
Dans les diverses rencontres, “j’ai pu constater l’immense espoir d’importants secteurs de la population- les plus pauvres- dans ce processus de changement” a relevé Anne-Catherine Ménétrey-Savary, ex–conseillère nationale verte.
En même temps ajoute-t-elle “j’ai senti une tension politique; une certaine tendance à caricaturer tout en bien ou mal, tant de la part de l’opposition que de quelques membres du pouvoir. Au stade de ma vie politique, je suis très sensible à la complexité. Et cela me coûte, dans une discussion, quand on tombe dans des simplifications ou même du simplisme politique, comme au sujet du difficile thème de l’autonomie”.
Elle souligne par là la situation difficile liée à la discussion sur la nouvelle Constitution et les nouveaux statuts d’autonomie des départements de Pando, Beni, Santa Cruz et Tarija. Ils seront soumis par référendum au peuple bolivien et ils auront une incidence importante sur la stabilité politique du pays.
Anne-Catherine Ménétrey-Savary reconnaît “la grande importance, à ses yeux, d’une telle délégation pour permettre une meilleure sensibilisation de la société civile suisse aux problèmes que traversent les pays du Sud, et des solutions possibles que le peuple bolivien essaie de mettre en pratique. »
Bernard Borel partage cette dernière vision : “C’est important de comprendre le travail des organisations comme E-CH, qui ne sont pas seulement présentes dans les pays du Sud, mais aussi permettent de mieux comprendre ces réalités dans nos pays du Nord, où se trouvent les vrais centres de pouvoir et de décision. »
La coopération doit être en accord avec la réalité du pays
En ce qui concerne les coopérants visités, le député au Grand Conseil vaudois constate “leur solide implantation dans la réalité bolivienne et leur apport actif dans le soutien des partenaires qui travaillent avec les populations les plus pauvres, qui sont souvent –comme par exemple les femmes sans terre – les plus organisées”.
“Le défi de la coopération par l’envoi de volontaires, c’est de soutenir la consolidation de l’Etat ou des organisations de la société civile qui sont les promoteurs d’une logique de distribution des richesses différentes, stimulent la participation citoyenne et rendent leur dignité à des groupes qui ont été historiquement marginalisés, comme ici les communautés indigènes”.
Dans un processus de changement, comme en Bolivie, “ces défis doivent être régulièrement adaptés, de manière à ce que la coopération destinée aux acteurs sociaux principaux soit la plus efficace possible”.
“Dans plusieurs pays d’Amérique Latine, entre autres en Bolivie, nos propres utopies deviennent des réalités, en particulier dans le recherche d’une société plus juste, ou l’équité sociale prend le pas sur la marchandisation des forces de travail”, conclut Bernard Borel.
De Cochabamba, Bolivie, Sergio Ferrari
Mars 2008
Service de presse E-CHANGER