La pénurie d’équipements de protection individuelle met en danger les professionnels de santé et les activités médicales

La pénurie mondiale d’équipements de protection individuelle (EPI), en particulier de masques médicaux et de blouses, affectera de manière disproportionnée des systèmes de santé déjà fragiles.

Cette pénurie expose les professionnels de santé en première ligne à un risque de contamination et de propagation des maladies. Cela entravera non seulement les efforts pour contenir la propagation du Covid-19, mais aussi la capacité à continuer de fournir d’autres services médicaux essentiels, comme les opérations chirurgicales ou le traitement de la rougeole, de la tuberculose et d’autres maladies infectieuses.

Ces pénuries auront également un impact sur les communautés où les mesures préventives telles que le confinement, la distanciation sociale et un fréquent lavage des mains ne sont tout simplement pas applicables. Les personnes vivant dans des camps de déplacés, des bidonvilles ou des zones de guerre sont plus susceptibles d’avoir besoin de masques, mais ont actuellement moins de chances de les obtenir : la distribution mondiale continue de suivre la logique du marché concurrentiel qui ne privilégie pas les pays à revenu moyen et faible. « MSF devrait manquer de masques médicaux dans environ 3 semaines. Nous nous demandons si ces derniers stocks doivent aller en République démocratique du Congo par exemple, où nous intervenons pour les blessés de guerre ou plutôt dans le camp surpeuplé de Dadaab, considéré comme à haut risque pour la propagation du Covid-19. C’est le genre de décisions que nous devons prendre » explique Kenneth Lavelle, directeur adjoint des opérations MSF à Genève.


Presque tous les professionnel de santé doivent être protégés, au risque de ne plus pouvoir garantir la continuité des activités médicales régulières.Kenneth Lavelle, directeur adjoint des opérations MSF à Genève

« Avant la pandémie, le personnel médical avait besoin de masques pour des activités spécifiques dans des endroits où les maladies infectieuses étaient courantes. Aujourd’hui, le Covid-19 représente une menace d’infection dans le monde entier. Cela signifie que presque tous les professionnel de santé doivent être protégés, au risque de ne plus pouvoir garantir la continuité des activités médicales régulières, sans parler d’être infectés par le Covid-19 et de le propager » poursuit le directeur adjoint des opérations.

« Nous sommes confrontés au dilemme suivant : soit nous acceptons de travailler avec des mesures de protection de moindre qualité – ce qui augmente le risque d’infection pour notre personnel – soit nous suspendons les activités, ce qui laisse ces communautés dans des situations encore plus précaires. Nous avons déjà dû arrêter certaines activités en raison de la pénurie d’approvisionnement. »

Favoriser la production et la distribution d’EPI

MSF estime qu’environ 26 millions de masques seraient nécessaires à ces opérations pour couvrir les six prochains mois. Cette demande est loin d’être irréaliste. Pour mettre les choses en perspective, la Suisse estime avoir besoin de 1,2 million de masques par jour, et la France, de 1,4 million par jour.

La production d’équipements de protection individuelle (EPI) doit augmenter de façon drastique.Kenneth Lavelle, directeur adjoint des opérations MSF à Genève

Mr Lavelle ajoute : « la production d’équipements de protection individuelle (EPI) doit augmenter de façon drastique. Nous encourageons la participation active des entreprises qui pourraient réorienter leurs lignes de production et nous sommes ouverts à travailler avec le secteur privé pour trouver des solutions appropriées à cette urgence. Les gouvernements doivent envisager des mesures d’incitation pour augmenter la production, réduire les taxes et les droits de douane, et localiser la production dans ou près des pays qui en ont le plus besoin. »

Parallèlement, la distribution des EPI continue à suivre un modèle de marché concurrentiel. La majeure partie du stock est aujourd’hui concentrée dans des pays où le confinement, la distanciation sociale et de bonnes conditions d’assainissement sont possibles comme mesures préventives. En revanche, les stocks ne sont pas disponibles dans des endroits comme les camps de réfugiés en Grèce où les masques sont une des seules options envisageables pour se protéger.

« La distribution des EPI doit se faire selon un mécanisme équitable tenant compte de la fragilité des systèmes de santé et de la possibilité de mettre en œuvre des mesures préventives », conclut Mr. Lavelle.

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