Trente personnes de neufs pays sont accusées d’avoir fourni des services au dirigeant malais Abdul Taib Mahmud. Le Prince Albert II de Monaco et le directeur de la Deutsche Bank sont les personnalités européennes les plus notoires sur la liste
Le Bruno Manser Fonds accuse nommément trente personnes de neuf pays d’avoir apporté des services financiers ou idéologiques au magnat malais Abdul Taib Mahmud («Taib»). Leurs noms sont publiés aujourd’hui sous la forme d’un avis de recherche «Liste noire» accompagnés des portraits correspondants. Le but de la publication est de rendre l’opinion publique attentive au fait que, dans un monde globalisé, les dirigeants criminels comme Taib dépendent d’un grand nombre de complices.
Les personnalités européennes les plus notoires sur la liste sont le Prince Albert II de Monaco et Joe Ackermann, directeur de la Deutsche Bank. Les défenseurs de l’environnement reprochent au Prince Albert II d’entretenir d’étroites relations avec la famille Taib et ainsi de lui fournir une notoriété internationale indue. En août 2010, lors d’un «défilé de mode islamique» organisé à Monaco et sponsorisé par Taib en présence de celui-ci, le Prince Albert II a reçu une donation de 100’000 euros pour sa fondation environnementale.
Quant au directeur de la Deutsche Bank Josef Ackermann, il serait responsable des relations financières étroites du plus grand institut financier allemand avec la famille Taib. La Deutsche Bank et l’entreprise familiale de Taib CMS entretiennent une joint venture de grande envergure en Malaisie. Au mois de septembre, le Ministère allemand des finances a communiqué que l’autorité allemande en matière de surveillance des marchés financiers (BaFin), compétente pour les questions de blanchiment d’argent, avait ouvert une enquête afin de déterminer si les relations d’affaires de la Deutsche Bank respectaient la législation allemande en vigueur.
La majorité des autres «complices de Taib» sont des partenaires commerciaux avec lesquels la famille Taib est en relation. Des transactions importantes ont parfois été réalisées. Les responsables du groupe canadien Sakto par exemple, une entreprise immobilière disposant de filiales en Angleterre et aux USA, sont accusés pour leur part de blanchiment des fonds illégaux de Taib. Le chef de Sakto, Sean Murray, a épousé Jamilah Taib, la fille de Taib.
Détail piquant, la police fédérale américaine (FBI) loue ses locaux dans un grand immeuble au centre de Seattle, lequel est propriété de la famille Taib. À ce jour, le FBI n’a pas trouvé bon de répondre à différentes interpellations d’ONG sur ce sujet. C’est la raison pour laquelle le chef du FBI Robert Mueller ainsi que la directrice responsable pour Seattle Laura M. Laughlin sont énumérés sur la liste noire.
Depuis 1981, Abdul Taib Mahmud cumule les casquettes de chef du gouvernement, ministre des finances et ministres des ressources naturelles du Sarawak, le plus grand État de Malaisie. Taib est considéré comme l’un des politiciens les plus riches et les plus corrompus du Sud-est asiatique.
Au cours des trois dernières décennies, la famille Taib a réussi à s’approprier non seulement la direction politique, mais aussi un contrôle économique important sur les grandes ressources de l’État situé sur l’île de Bornéo.
Ainsi, Onn Mahmud – le frère de Taib – contrôle le commerce de bois tropicaux du Sarawak via un monopole d’exportation. Par ailleurs, une interdiction d’importation du ciment garantit à l’entreprise familiale de Taib CMS que la construction des projets encouragés par l’État, comme le barrage controversé de Bakun, lui assure les bénéfices les plus juteux.
Dans le cadre d’une campagne courant depuis début 2011, le Bruno Manser Fonds exige que les capitaux de Taib provenant de la corruption soient identifiés et gelés dans le monde entier. Le Bruno Manser Fonds a écrit aux gouvernements de Malaisie, d’Australie, du Canada, des USA, de Grande-Bretagne, d’Allemagne et de Suisse les enjoignant d’agir.
À ce jour le ministre australien des affaires extérieures Kevin Rudd, le ministre des finances canadien James Flaherty, la Présidente de la Confédération Micheline Calmy-Rey ainsi que le Ministère allemand de l’économie ont pris position et communiqué que leurs gouvernements ou les autorités de surveillances compétentes suivaient l’affaire.
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