Le coronavirus et le chômage

Si l’impact de la pandémie actuelle sur la santé mondiale est déjà spectaculaire, le COVID-19 pourrait provoquer une augmentation du chômage mondial de près de 25 millions de personnes, dépassant ainsi l’effet de la crise financière de 2008-2009.

Cela toucherait de manière disproportionnée certains groupes plus vulnérables et aggraverait les niveaux d’inégalité. Parmi ceux qui souffriraient le plus de l’impact, on trouve les personnes qui occupent des emplois moins protégés et moins bien rétribués, en particulier les jeunes et les travailleurs âgés. Seraient concernés également les migrants – très vulnérables en raison du manque de protection et de droits sociaux – et les femmes qui occupent en majorité des emplois peu rémunérés.

Dans une étude/rapport que l’Organisation internationale du travail (OIT) a présenté le 18 mars dernier à son siège à Genève, la réflexion sur l’effet de la pandémie va du point de vue « prudent », avec une augmentation de 5,3 millions de chômeurs, à l' »extrême », qui estime à 24,7 millions le nombre de chômeurs, en raison de la situation sanitaire actuelle.

Hausse du chômage, baisse des revenus

Le rapport de l’OIT « Le COVID-19 et le monde du travail : conséquences et réponses » rappelle que la crise de 2008-2009 a entraîné une augmentation de 22 millions de chômeurs. Ce rapport prévoit une augmentation exponentielle du sous-emploi, car les conséquences économiques de cette crise de la santé impliqueront des réductions des heures de travail et des salaires. Il prévoit également d’énormes pertes de revenus pour les travailleurs.

Selon le principal organisme international du travail, ces pertes pourraient se situer entre 860 et 3’400 milliards de dollars américains, d’ici la fin de cette année. Cela se traduirait par une baisse de la consommation de biens et de services, affectant la production, les entreprises et les économies nationales.

Cet impact de la pandémie « aura un effet dévastateur sur les travailleurs déjà proches ou en dessous du seuil de pauvreté ». Le rapport de l’OIT estime qu’entre 8,8 et 35 millions de personnes en plus sombreront dans la pauvreté.

Selon l’OIT, il est tout à fait possible que, dans les pays en développement, les restrictions à la circulation des personnes (par exemple les prestataires de services) et des biens sapent directement l’effet d’amortissement que le travail indépendant a souvent sur ces personnes.

Réponses politiques nécessaires

L’OIT prévoit que, malgré la gravité de la situation, « une réponse coordonnée au niveau international » pourrait faire en sorte que l’impact sur le chômage mondial soit nettement moindre.

Pour réduire cet effet négatif, l’agence des Nations unies appelle à une action urgente, coordonnée et à grande échelle, qui devrait reposer sur trois piliers : la protection des travailleurs sur le lieu de travail, la stimulation de l’économie et de l’emploi ainsi que le maintien des emplois et des revenus.

Commentant le rapport, Guy Ryder, directeur général de l’OIT, souligne que, dans la crise actuelle, deux outils essentiels peuvent aider à atténuer les dégâts et à rétablir la confiance politique : le dialogue entre les travailleurs, les employeurs et leurs représentants, ainsi que le respect des normes internationales du travail, qui ont fourni une base « éprouvée » pour des réponses qui conduiraient à une reprise durable et équitable.

Sergio Ferrari, Le Courrier, 23.03.2020

Traduction Rosemarie Fournier

 

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