Le féminisme au Brésil – « Arrêter la politique de mort du gouvernement »

Au Brésil, le mouvement féministe – comme l’ensemble du secteur populaire – vit un moment de forte résistance. L’offensive néolibérale et conservatrice est intraitable et se répercute aussi directement sur les femmes. Cela signifie plus de violence, de précarité et de surcharge de travail, affirme Renata « Tica » Moreno, du portail Capire. Elle est une militante de la Marche mondiale des femmes, de la coordination nationale du Collectif des femmes communicatrices et aussi coopérante brésilienne de l’ONG suisse E-CHANGER.

Renata Moreno affirme que, face à cette situation très complexe, la tâche principale est de « stopper la politique de mort promue par le gouvernement de Jair Bolsonaro ». Elle rappelle aussi que, pour le mouvement féministe, les revendications essentielles sont l’autonomie, la terre, la lutte contre le racisme et contre toute forme de violence. En d’autres termes, le féminisme, dans ce pays d’Amérique du Sud, intègre la résistance quotidienne des femmes en tout lieu, ainsi que les pratiques visant à organiser la vie commune et à transformer l’économie, sans oublier la nécessaire mobilisation sociale.

Tragédie sanitaire

La pandémie oblige les organisations de femmes à donner la priorité à la défense de la vie. Le Brésil, avec presque 300’000 décès (à la fin mars) est le pays au monde, après les États-Unis, qui compte le plus de morts dus au virus.

La jeune dirigeante explique que la Marche mondiale des femmes du Brésil participe à la distribution d’aliments et de produits d’hygiène dans différentes régions. Elle promeut activement la formation et l’échange d’informations, notamment sur le coronavirus et les questions de santé.

La catastrophe sociale est déjà une réalité, selon Renata Moreno. Les conséquences de cette tragédie se multiplient : baisse de l’emploi, augmentation du prix des denrées alimentaires de base et du gaz pour cuisiner, risque de famine en augmentation, absence de soins médicaux et hospitaliers appropriés.

Tout cela se passe sous le regard indifférent du gouvernement, principal promoteur de cette politique de mort. « Bolsonaro fait montre d’une irresponsabilité totale envers le peuple. Il sous-estime la pandémie, il a réduit l’aide d’urgence, il fait l’apologie de la chloroquine, même si l’on sait que celle-ci n’a aucun effet positif. Et, dans cette dernière étape, il discrédite l’importance du vaccin.

En guise de bilan positif, la militante féministe souligne qu’il nous reste les gestes quotidiens de solidarité qui se multiplient, y compris dans le domaine de l’agroécologie et de l’économie féministe. Une grande partie des produits distribués et partagés provient de paysans et paysannes qui doivent également faire face à une situation très difficile dans les campagnes. La créativité ne manque pas pour maintenir et développer diverses formes de communication populaires. Tout cela pour défendre le peuple et sa survie, conclut Renata Moreno.

Sergio Ferrari, Le Courrier

Traduction Rosemarie Fournier

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