Le Forum Social Mondial a-t-il encore un sens?

Luc Recordon, conseiller aux États du Canton de Vaud, prêt a partir pour Tunis, éclate : « Participant assidu à tous les FSM depuis celui de Mumbai en 2004 (soit encore en 2005, 2007, 2009, 2011, 2013 et bientôt 2015), autrement dit depuis que je suis membre du Parlement fédéral, je n’en ai pas vécu un seul lors duquel on ne m’ait demandé, souvent à maintes reprises, si je ne trouvais pas les FSM peu efficaces, sans effets directs.
Cette question témoigne d’une méconnaissance profonde de ce que constituent de telles rencontres. Comme la répétition est la mère du savoir (et bien qu’elle soit la grand-mère de la lassitude), il importe de redire que les Forums sociaux – mondiaux, régionaux, parfois nationaux – ne constituent nullement une organisation politique, encore moins un parti, mais bien des… forums, terme assez clair ce me semble, pour désigner un lieu où l’on échange des idées, des projets et des résultats, en confrontant les points de vue. C’est au politicien ce que le congrès scientifique est au médecin, à l’ingénieur, au juriste ; cela s’apparente aussi à ce que les partis appellent une université d’été, sans le côté partisan.
Tunis 2015 sera donc pour moi, j’ai toutes les raisons de l’espérer, l’occasion de faire de nouveau le plein d’expériences qui nourriront mon activité de membre des commission de politique extérieure et de sécurité, ainsi que de membre de l’APCE (Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe), en premier lieu sur la coopération Nord-Sud, la lutte pour les droits humains et la gouvernance mondiale, sujets brûlants ».
« Mille fois oui, j’irai au Forum Social Mondial de Tunis ! ». Josée Martin, secrétaire générale d’E-CHANGER / COMUNDO, lui fait écho, convaincue : « En tant que mouvement, nous cherchons à oeuvrer pour soutenir les projets émancipateurs des mouvements sociaux du Sud. Nous pouvons ainsi contribuer à porter ici les messages des plus exploités et tenter de susciter une forme de solidarité avec leurs objectifs de lutte. Témoigner, dans nos organisations de coopération au développement et auprès de nos publics, des espoirs et des forces à l’œuvre ailleurs sur la planète, c’est aussi contribuer, ici en Suisse, à faire connaître et à rendre plus proche la mobilisation citoyenne de toutes celles et ceux qui s’engagent pour un monde respectueux de nos partenaires du Sud, de la nature et des humains ».
Pierre Meyer, journaliste de Radio Fribourg, suivra l’événement pour la première fois. « L’enjeu est de cerner des réalités parfois moins spectaculaires, moins « sexy » pour les médias ; les luttes de longue haleine, les injustices, les souffrances, et surtout les réponses qui sont apportées. Le FSM constitue un moment central ; faire un bilan et amener de nouvelles impulsions pour cet autre monde jugé possible, loin d’un ordre néolibéral. Que ce soit en 2001, à Porto Alegre, ou en 2015 à Tunis, cet espace d’échange est précieux. Lutter pour l’égalité est atemporel. Et s’intéresser aux idées qui émergent, c’est un devoir de journaliste. Celui d’être curieux ».

Giovanni Valerio
Inter-Agire / COMUNDO

 

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