Le tourisme solidaire: quel différentiel pour les pays du Sud?

C’est avec une très forte motivation que l’association Tourism for Help participera cette année au Salon National de l’Humanitaire qui se tiendra à Paris du 18 au 20 mai prochain. La participation à ce type de rencontre constitue un des objectifs de l’association, à savoir la diffusion et le partage de nouvelles réflexions sur le tourisme solidaire et durable.
 
L’occasion est donc bonne pour faire le point sur les perspectives que cette nouvelle forme de voyage peut apporter aux pays du sud en général.
 
Le tourisme a été longtemps considéré comme une activité économique très prometteuse pour les pays d’accueil, notamment en ce qui concerne la création d’emplois, le développement d’autres activités économiques et le développement d’une infrastructure plus moderne.
 
Le lien entre tourisme et développement n’est cependant pas si évident comme le pronostique le voulait. Voici quelques considérations à prendre en compte :
 
La création d’emplois est, à priori, un avantage important. Mais les postes offerts sont, pour la plupart, peu qualifiés, mal rémunérés et instables en raison de la saisonnalité caractéristique du tourisme.
 
Le développement d’autres activités économiques peut être un résultat positif entraîné par le tourisme. Toutefois, les profits les plus importants sont faits par les pays du Nord par le biais des grandes compagnies aériennes, des multinationales de l’hôtellerie et des agences de voyage.
 
L’amélioration de l’infrastructure est également remarquable dans certains cas. Mais ces valorisations entraînaient souvent des processus de spéculation foncière ce qui oblige les populations locales à se déplacer vers d’autres espaces. Il faut tenir compte du fait que les nouvelles infrastructures serviront surtout aux touristes et non pas aux besoins locaux.
 
Comme nous pouvons le constater, les bénéfices supposés du tourisme sont souvent la cause d’impacts négatifs sur la population locale. D’autres problèmes ont également été négligés par les défenseurs du tourisme de masse. Les coûts environnementaux ne sont pas pris en compte, ce qui met en danger l’activité du tourisme proprement dite. Les beaux paysages qui sont souvent l’attrait majeur des touristes sont rudement mis à l’épreuve notamment par la surexploitation des ressources naturelles environnantes. La liste est longue : une gestion de déchets inadéquate ou inexistante, la contamination de l’eau ainsi que son gaspillage, la destruction des patrimoines naturels et culturels…
 
Cela dit, en opposition à cette dynamique destructrice, nous pouvons observer de plus en plus un intérêt marqué pour une nouvelle manière de voyager plus respectueuse des populations et de l’environnement que l’on visite. Plus que le respect, le tourisme solidaire pourrait apporter aux pays du Sud un développement pour les communautés locales basé sur des processus participatifs.
 
Beaucoup d’alternatives sont actuellement proposées d’où l’importance d’établir un ensemble de critères précis pour définir en quoi consiste le tourisme solidaire. En voici quelques propositions :
 

Les contacts respectueux entre touristes et populations locales.

 

La valorisation d’initiatives locales qui se basent sur les pratiques de l’économie solidaire, c’est-à-dire, la distribution équitable des revenus, les modes d’organisation autogestionnaires et démocratiques, les dynamiques en réseaux, le commerce équitable, l’échange de savoirs et d’expériences et la finalité centrée sur l’humain et non sur le profit.

 

La promotion de la culture, de la production et du savoir-faire locaux.

 

Les bénéfices résultant du tourisme devraient servir au financement d’autres activités productives de manière à diversifier les sources de revenus des communautés en les rendant ainsi moins dépendantes des aléas du tourisme. Pour ce faire, il est important de promouvoir la création de fonds solidaires gérés par les communautés.

 

Un nouveau modèle de gestion publique des ressources naturelles qui puisse trouver un équilibre entre bien-être des populations locales et touristes.

 

 La planification et la gestion de la dynamique de développement doivent se baser sur des processus démocratiques.

 

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