Mi-contrat en Suisse: le point sur notre travail de sensibilisation au Nord

Doux mélange de retrouvailles avec nos proches et travail de sensibilisation au Nord, les deux mois passés en Suisse n’ont pas été au final des vacances de tout repos. A peine arrivés, nous avons eu la chance d’être plongés dans la première édition du Festival des 4 vents (http://www.4-vents.ch ).

Organisé par des amis, avec une touche spéciale Brésil, nous avons eu l’occasion de tenir un stand d’informations et de sensibilisation auprès du grand public genevois. Projet de longue date, dans un lieu magnifique situé vers Puplinge, Yvan Baumgartner, Manuel Perrenoud, Diana Nemeth, Céline de Wurstenberger, Laurent de Wurstenberger, Benoît Saillet, ainsi que la troupe des amis bénévoles (Dan, Edouard, Philippe, Nicolas, Natacha, Brigitte, Vladimir, etc.) ont su réaliser un vieux rêve et défi: celui de transformer une ferme, et plus particulièrement une énorme grange, en espace festivalier agrémenté de concerts pendant 2 jours. A l’entrée du festival, nous nous sommes placés dans la continuité des panneaux parlant du développement durable de l’Etat de Genève, juste avant le stand de l’association l’affaire Tourne-Rêve (http://www.tournereve.ch ). Echange d’idées, présentation de nos partenaires, feedbacks sur notre vécu, distribution de flyers et rapports annuels E-CHANGER, vente de t-shirts UNIÃO et de livres « Gosse de rue, tu es aimé » de l’association AMAR ont rythmé notre présence dans ce lieu bucolique. Ce fut aussi l’occasion de faire la fête avec nos proches. Plutôt sympa de retrouver nos amis sur un air de samba de roda ou une MPB brésilienne – atterrissage en douceur donc sur le sol suisse, sans grand choc culturel…bien que nous n’ayons rien contre le Yodel.

Deuxième sensibilisation, plus ciblée, auprès de l’association « Pourquoi pas ToiT ? », un pique-nique sous le signe des retrouvailles a été organisé au boulodrome de Carouge. Cette fois-ci, nous avons délibérément décidé d’immerger notre groupe de soutien dans les pratiques brésiliennes de dynamiques de groupe en début de rencontre. Après un barbecue fourni, l’ensemble des personnes a été appelé à se réunir en cercle pour commencer l’échange, tout cela en Brésilien – histoire de leur faire vivre un petit peu ce que nous avons ressenti à nos débuts. Quelque peu décontenancés, les nôtres ont été quitte à prendre chacun la parole en public, en français cette fois-ci. Ouf de soulagement pour beaucoup d’entre eux à l’heure de nous laisser la parole. Les langues déliées, un dialogue s’est ensuite instauré sur notre travail au Brésil. Présentation de nos activités, questionnements, conseils et encouragements ont ponctué une rencontre conviviale. C’était aussi l’occasion de répondre à quelques personnes vis-à-vis de notre attente envers le groupe de soutien – rappelant que nous attachons beaucoup d’importance à ce que chacun puisse se sentir libre dans ses initiatives par rapport à « Pourquoi pas ToiT ? ». Nous sommes d’ailleurs très touchés et honorés de partager cette expérience avec la plupart des membres et de constater leur motivation et engagement.

Notre travail au Nord s’est ensuite intensifié avec la venue de Sérgio Bulcão, coordinateur de l’UMP-BA, sur sol suisse. Venu dans l’idée de renforcer le concept d’échange Sud-Nord promu par E-CHANGER, nous avons eu la chance de pouvoir participer en tant qu’intervenants à la formation des futurs volontaires de cette même association. Pendant 2 jours, notre partenariat et nos expériences ont été passés au crible du regard d’une quinzaine de personnes intéressées à prendre leur envol. Présentation du contexte brésilien, des mouvements sociaux, de l’UMP-BA, du partenariat et de nos activités en tant que coopérants suisses à Salvador de Bahia, ainsi qu’analyse en petits groupe de notre vécu personnel, tout cela sous le regard attentif de Marie-Laure Vonlanthen représentant l’entité Mission Bethléem Immensee, autre association suisse d’envoi de volontaires au Sud, venue évaluer la formation afin d’engranger un éventuel partenariat.

Nous avons enchaîné ensuite avec le mouvement squat de Genève et avec l’Association des mal logés, réunis à l’écurie de l’îlot 13. L’occasion idéale pour reprendre le dialogue Nord-Sud avec des personnes connaissant le monde des occupations sur Suisse, leurs revendications politiques et le contexte actuel avec comme procureur Daniel Zapelli – ennemi juré des squatters genevois qui a réussi dans un temps records à vider Genève de la majorité des ses espaces de vie alternatifs. Il ne resterait aujourd’hui plus qu’une vingtaine de squats éparpillés contre environ 300 au début de son premier mandat. Les rescapés sont en phase de réorganisation afin de défendre un modèle de vie différent de ce que la société « rigide » et bien réglementée suisse propose à travers des contrats de bail locatif souvent disproportionnés pour des appartements ne répondant pas aux attentes de la population. Ils dénoncent aussi le déficit de logements servant idéalement la spéculation immobilière. Au final d’une table ronde, de la projection d’un film nommé : « a margem do concreto », film présentant le contexte des occupations sur São Paulo et de la répression policière, Sérgio Bulcão a essayé de convaincre le parterre de squatters de trouver une assise politique afin de faire passer leur message et de construire des alternatives de logements sur le sol genevois. Le mouvement squat a alors dénoncé le peu de soutien populaire qu’ils ont rencontré et encore moins de la part des politiciens de la place. Dans une certaine mesure, il semblait difficilement conciliable idéologiquement de lier des personnes rêvant d’autonomie, de lieux de vie culturels et de spontanéité au cadre stratégique de partis politiques tel que cela est actuellement vécu au Brésil. Espérons tout de même que la rencontre avec Sérgio a pu apporter quelques pistes de réflexion et un peu d’ alegria auprès de ce mouvement squat plein de bonnes volontés.

Le lendemain, nous avons pu profiter de la gentillesse de Bernard Comoli, militant de longue date, membre du MCI (Mouvement de la Coopération Internationale) et grand fidèle de plusieurs groupes de soutien d’E-Changer qui a bien voulu nous accueillir à la maison des Associations socio-politiques de Genève (www.lafea.org ). Cette visite avait pour but de présenter à Sérgio l’infrastructure et l’organisation d’une entité d’appui pour le monde associatif de Genève, afin qu’il puisse avoir un aperçu des préoccupations et des revendications des citoyens engagé de notre canton. Bernard Comoli a même réussi à organiser une rencontre bien à propos avec Vanessa Sykes travaillant à la Chambre de l’économie sociale et solidaire (www.apres-ge.ch ). Cette dernière a pu évoquer l’existence de coopératives de logements sur le sol genevois où les habitants se rendent maître de leur lieu de vie et prennent souvent part à la gestion de leur habitat commun. Même si ce genre d’expérience n’est pas très répandu, que certains protagonistes se considèrent toujours comme de simples locataires, les expériences actuelles semblent déjà porter des fruits intéressants. L’environnement social et écologique est souvent pris en compte. Ces coopératives prônent des projets novateurs en matière d’habitation.

Après un saut à la rencontre du groupe de soutien Terra Brasilis de Denise de Veiga et Pascal Angst (www.terrabrasilis.ch ), où nous avons pu rencontrer de nombreuses personnes déjà engagées dans le monde associatif dont une grande majorité d’ancien(ne)s volontaires E-CHANGER, nous avons eu le plaisir de répondre aux questions de Benito Perez, journaliste du journal le Courrier et responsable de la rubrique Solidarité. Orientées principalement sur le contexte du Brésil et le travail de l’UNIÃO por Moradia Popular, ses questions ont permis d’éclaircir et d’évaluer le mandat du gouvernement de Lula et son lien avec les mouvements sociaux, et tout particulièrement avec les actions des mouvements urbains tel que l’UNIÃO por Moradia Popular Bahia.

Finalement nous avons parachevé notre travail de sensibilisation avec une rencontre dédiée à notre groupe de soutien « Pourquoi pas ToiT ? » au restaurant la Maison Rouge, fief de prédilection pour notre comité. Entre l’émotion d’un retour éminent au Brésil, l’envie de profiter encore de quelques instants privilégiés avec nos proches, nous avons organisé une rencontre entre Sérgio et notre GS afin que l’échange Sud-Nord soit effectif. La présentation a permis d’éclaircir le contexte de notre travail et de présenter notre champ d’actions. Nuria et Stephan ont profité de l’assemblée pour présenter l’institutionnalisation du Groupe de Soutien en Association. Au bilan de l’année, une fête de soutien à la maison de quartier de Plainpalais, une brocante à Carouge, de nombreuses réunions du comité, un travail de sensibilisation sur Genève et un appui moral inconditionnel auprès de nous. De fait, nous nous ne remercierons jamais assez nos ami(e)s, familles et proches pour tout le soutien qu’ils nous offrent. A relever encore qu’au jour d’aujourd’hui l’aide financière apportée par les différents dons personnels ainsi que les fêtes organisées par Pourquoipas ToiT atteint presque la somme de 10’000frs. Enfin un grand merci aussi à Bernard Gachoud, membre du comité d’E-CHANGER, et à sa femme, Dominique, pour leur présence et pour leur petit mot au nom d’E-Changer lors de cette fête.

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