Monde: les engagements du Grand Bargain du sommet humanitaire peinent à se concrétiser

En 2016, le premier sommet mondial de l’humanitaire à Istanbul avait vu l’avènement du « grand bargain » engrangeant un certain enthousiasme de la part de la plupart des acteurs qui œuvrent pour que le fameux nexus soit opérationnel. Le lien entre urgence et développement a évidemment été débattu dans ce cadre. 32 engagements et 10 points ont été déterminés par les bailleurs de fonds et ONG humanitaires. Un Grand Bargain qui se résumait par:

  1. Transparence accrue
  2. Davantage de soutien et d’outils de financement pour les organismes locaux et nationaux d’intervention d’urgence
  3. Renforcement de l’utilisation et de la coordination des programmes de transferts monétaires
  4. Réduction des redondances et des frais de gestion grâce à des examens fonctionnels périodiques
  5. Améliorer les évaluations des besoins conjointes et impartiales
  6. Révolution participative : intégrer les personnes qui reçoivent l’aide aux prises de décisions qui affectent leurs vies
  7. Recours accru aux financements et à la programmation pluriannuels de l’action humanitaire s’appuyant sur des mécanismes collaboratifs
  8. Réduction de l’affectation (earmarking) des contributions des donateurs
  9. Harmonisation et simplification des exigences de rapportage
  10. Engagement accru entre les acteurs humanitaires et de développement

Parmi ces 10 points, la transparence accrue, plus de moyens pour les locaux, plus de participation des « bénéficiaires » sur les décisions qui les concernent auraient dû amener tout naturellement un engagement accru entres les acteurs de l’urgence et ceux du développement. La diversité des acteurs en présence était même prometteuse. L’un des défis était de mettre toutes les parties prenantes dans une même vision, y compris les agences multilatérales. Le PNUD avait dès lors cherché à :

-mieux utiliser les ressources et les capacités existantes pour réduire les besoins humanitaires à long terme et dans le but de contribuer aux Objectifs du Développement Durable et accroître la prévention, l’atténuation et la préparation à des mesures précoces afin d’anticiper et d’obtenir des ressources pour le relèvement ;

-investir dans des solutions durables pour les réfugiés, les déplacés internes, dans un soutien durable aux migrants, aux rapatriés et aux communautés d’accueil, ainsi que pour toutes autres situations de vulnérabilités récurrentes ;

-accroître les programmes de protection sociale, renforcer les systèmes nationaux et locaux ainsi que les mécanismes d’adaptation afin de développer la résilience dans les contextes fragiles ;

-effectuer une analyse conjointe des risques et de la vulnérabilité, ainsi qu’une planification pluriannuelle lorsque cela est possible et pertinent, avec une coordination nationale, régionale et locale afin de réaliser une vision commune des résultats ;

-encourager de nouveaux partenariats qui apportent des capacités et des ressources supplémentaires aux États touchés par la crise par l’intermédiaire des banques multilatérales de développement dans le cadre de leur mandat et encourager des partenariats novateurs avec le secteur privé.

Ces 5 piliers permettant de penser le développement dans une optique de réduction des impacts d’aléas dans des contextes fragiles ne se sont pas concrétisés. Force est de constater que malheureusement, peu d’acteurs ont réellement mis en pratique les engagements du Grand Bargain. A tel point que le PNUD et le Danemark se sont tout simplement désengagés du groupe de suivi sur l’opérationnalisation dudit nexus. Si le débat commence à dater, si le lien est évident, le cloisonnement entre ces deux pôles de la solidarité perdure à l’instar de bailleurs différenciant totalement les finalités de ces deux pôles. Il s’agit ici de trouver une certaine flexibilité sans pour autant perdre le focus de ce qui est possible et pertinent de faire en situation d’urgence ou encore de développement.

Olivier Grobet

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