Avec d’autres organisations sociales et syndicales du monde, Via Campesina a organisé un réseau d’alliances sociales pour des missions d’observation des élections. A l’occasion des élections nicaraguayennes, ses observateurs étaient présents dans 11 départements du pays, pour vérifier le fonctionnement de plus de 300 des 12.960 bureaux électoraux.
« Ce fut un privilège et une grande opportunité de participer à cette délégation et de connaître le déroulement des élections dans ce pays », a déclaré le coopérant suisse de E-CHANGER, Josua Schädelin, qui réside depuis 2 ans à Diriamba (Département de Carazo), localité située à 45 km au sud de la capitale, Managua
« Le climat de tranquillité que j’ai pu constater en visitant plusieurs bureaux électoraux dans les localités de mon département m’a surpris », affirme le travailleur social qui collabore dans le secteur de l’éducation avec l’Association des travailleurs de la campagne (ATC), membre de Via Campesina.
Alors que de nombreux médias et plusieurs dirigeants de partis politiques « présentaient un scénario de polarisation, d’affrontement, à la base, en tout cas dans la zone que j’ai visité durant le scrutin, régnait un climat de grand respect, de tranquillité et de tolérance ».
De plus, explique Josua Schädelin, « au Nicaragua, les élections sont beaucoup plus importantes et plus fréquentées que dans des pays comme la Suisse. Ici le taux de participation était très élevée alors qu’en Suisse, pas plus de 40 % des électeurs inscrits ne participent au scrutin ».
« Il est très significatif que, dans chaque bureau électoral, on expliquait tranquillement, avec beaucoup de patience, aux votants la manière de voter valablement. Dans l’un des locaux, il fut même permis à une petite vieille qui se trouvait un peu perdue à l’intérieur du local d’être accompagnée d’une personne de confiance… »
« Seules trois personnes pouvaient entrer en même temps. Il n’avait ni agitation ni troubles à l’intérieur des locaux. Tout cela m’a surpris positivement en voyant pour la première fois des votations se dérouler en dehors de la Suisse », relève Josua Schädelin.
En voyant le fonctionnement des bureaux électoraux, les registres avec photos, la présence de scrutateurs de tous les partis, est-il possible – lui avons-nous demandé – d’imaginer des fraudes. Dans ce cadre, avec les mécanismes de contrôle et avec la présence de plusieurs personnes dans chaque local, « il ne serait pas facile de commettre une fraude. Je crois même qu’il n’y eut aucune volonté, ni intention de le faire. Avant même le vote, la victoire sandiniste était déjà prévue comme un fait incontestable ».
Question en suspens, néanmoins pour le coopérant suisse, la décision de la Cour suprême de justice du Nicaragua d’accepter la réélection de l’actuel président Ortega. « Je ne suis pas juriste. Je ne peux donc pas porter de jugement sur cette décision. Toutefois, je constate que des organisations nationales ont considéré cette décision comme illégale ».
Des juristes sandinistes ont argumenté que cette résolution avait pris en compte, du point de vue de la jurisprudence, les décisions d’organes similaires au Costa Rica – rendant possible la réélection du président en fonction, Oscar Arias – et en Colombie, autorisant à l’époque l’ex-président Alvaro Uribe à briguer un nouveau mandat.
Sergio Ferrari , depuis Diriamba, Nicaragua,
Collaboration de presse de E-CHANGER
Traduit de l’espagnol par Hans-Peter Renk