La multiplication des attaques dans la zone du Djebel Moon pousse à la fuite plusieurs milliers de civils, sans qu’aucune assistance ne puisse leur être apportée.
Khartoum/Genève. Le 16 novembre 2006. Depuis plusieurs mois la situation au Darfour ne cesse de se détériorer, sur fond d’un accord de paix qui a résulté en un accroissement des affrontements. Le constat est plus qu’inquiétant : multiplication des violences contre les civils par l’ensemble des groupes armés, déplacements massifs de population, situation d’emprisonnement dans les zones de regroupements, et augmentation des violences graves perpétrées contre les acteurs de l’aide.
Aujourd’hui la zone du Djebel Moon, située au Nord de El Geneina, est en proie à une violence de même nature, même si d’une ampleur moindre, que celle perpétrée en 2003 contre les populations civiles.
Début novembre, une équipe MSF s’est rendue à Seleah pour préparer la mise en place d’une intervention d’urgence. Les volontaires ont trouvé une ville en état de siège, en effet, le 29 octobre, vingt et un villages de la région de Seleah, dont le camp de Haijelijah (population estimée à 9,934 personnes source ICRC Distribution Générale Alimentaire – 1er semestre 2006
) ont été attaqués et entièrement vidés de leur population. Il n’y a, aujourd’hui, aucune information concrète quant à l’endroit où, ni dans quel état, se trouve cette population. Les quelques familles qui ont pu rejoindre Seleah font état de plusieurs dizaines de morts, hommes, femmes et enfants confondus. Les 51 blessés qui ont pu atteindre le centre de santé de Seleah ont dû attendre plusieurs jours, alors que tous les accès à la ville étaient bloqués, avant d’être transportés vers l’Hôpital de El Geneina seule structure pouvant réaliser des actes de chirurgie, et soutenue par MSF. Quatre étaient déjà morts en l’absence de soins appropriés. Des voitures transportant des blessés ont été attaquées en route, certaines à plusieurs reprises, augmentant ainsi le nombre de morts et blessés. Aujourd’hui Seleah est une ville en état de siège et l’équipe MSF n’a pu y retourner pour la mise en place d’activités médicales d’urgence. Deux blessés graves attendent encore leur évacuation.
Samedi dernier, le 11 novembre, la ville de Sirba, située à 40 kilomètres à peine de la capitale régionale a, elle aussi, été attaquée. La ville est totalement inaccessible. Neuf blessés par balles sont arrivés à l’hôpital de El Geneina, structure appuyée par MSF. Des informations concernant d’autres victimes et blessés ont été rapportées, mais l’insécurité croissante empêche l’acheminement des secours.
Sans aucun accès aux populations qui ont fui l’attaque de leurs villages, nos équipes sont dans l’incapacité d’évaluer sur place les besoins et dans l’impuissance d’aider les populations directement touchées par la violence.
L’espace de travail humanitaire est extrêmement réduit au Darfour.
Aujourd’hui, il est impératif que les équipes de MSF puissent accéder aux populations les plus touchées. MSF demande instamment au Gouvernement du Soudan, ainsi qu’aux autres parties au conflit, de respecter le libre accès aux populations des travailleurs humanitaires indépendants.
Médecins Sans Frontières est présente au Darfour depuis 2003 et compte aujourd’hui plus de 2 000 personnes travaillant sur 17 sites.
Pour plus d’informations veuillez contacter Aurélie Grémaud +41(0) 22 84 98 449 ou +41(0) 78 842 37 93