Précarisation de la solidarité genevoise

Le monde associatif de la solidarité genevoise retient son souffle depuis quelques semaines déjà. Il attend un signal fort de ses politiciens : le maintien des budgets alloués à la solidarité internationale et notamment de la coopération décentralisée.

« L’Etat soutient la vocation internationale de Genève en tant que centre de dialogue, de décision et de coopération internationale, fondé sur la tradition humanitaire et le droit, ainsi que sur les valeurs de paix et de solidarité. », dixit l’article 146 de la nouvelle constitution de l’Etat de Genève. N’en déplaise à certains politiciens qui se sont mis en tête que Genève n’a plus à dépenser son pleutre 0,2% à travers ses propres services ou encore en mandatant un prestataire de qualité tel que la FGC. Faut-il encore rappeler que pour répondre aux critères des objectifs du millénaire, chaque Etat devrait reverser 0,7% de son PIB à la solidarité ou encore que le peuple a approuvé la loi sur le financement international du 4 octobre 2001 contraignant nos fonctionnaires à allouer au minimum ledit 0,7% ?

Economie oblige, l’Etat tergiverse, refait ses comptes, prévisions et budgets alors que le PLR (N.d.l.r Parti Libéral Radical) préfèrerait déjà remettre une enveloppe « solidaire » à la Confédération. Non content du démantèlement du Service de la Solidarité de l’Etat de Genève (SSI) qui met en difficulté quelques 300 associations, la non reconduction rapide du budget alloué à la FGC met aujourd’hui quelques 63 associations dans des situations difficiles, voire précaires.

Au-delà du tissu associatif genevois, ce blocage, voire ces coupes budgétaires, représentent un coup d’arrêt pour des nombreux projets au Sud. Partenaires et populations bénéficiaires de l’action menée par les nombreuses associations genevoises sont gentiment priés d’être patients ou tout simplement d’aller voir ailleurs. Autant dire que de nombreuses expectatives sur le terrain sont de fait revu à la baisse par le PLR de Maudet et cie qui souhaite restructurer notre solidarité en pensant naïvement que la Confédération peut se substituer au travail effectué avec sérieux au niveau cantonal.

Il n’y aurait plus qu’un pas à franchir pour nous faire avaler que la Solidarité Internationale genevoise relève de « l’initiative privée et de la responsabilité individuelle »…De quoi ternir l’image d’une Genève volontairement internationale, proclamée capitale de l’humanitaire.

Olivier Grobet

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