Problématique de la sécheresse dans la Corne de l’Afrique

Les communautés établissent un lien commercial vital pour les populations agro-pastorales en Ouganda.
ACTED est pionnière dans l’utilisation de Facilitateurs commerciaux communautaires comme mécanisme de lien local pour aider les populations nomades et agricoles souffrant de la sécheresse dans les régions de Karamoja (Ouganda) et de Pokot (Kenya) à acheminer leur bétail sur les marchés.
Alors que les populations agro-pastorales dans la région aride de Karamoja-Pokot à la frontière Ouganda-Kenya anticipent normalement une sécheresse importante chaque 3 à 5 ans, le dérèglement climatique global aggrave et accélère les sécheresses. Ces périodes de sécheresse réduisent les pâturages et peuvent entraver l’agriculture de subsistance saisonnière. La mort par maladie du bétail et le faible rendement des récoltes entrainent alors de graves pénuries, accentuant les souffrances des familles. ACTED propose ainsi une nouvelle forme d’intervention s’appuyant sur des membres des communautés locales qui jouent le rôle de Facilitateurs commerciaux communautaires (FCC), en acheminant le bétail sur les marchés.
Travailler avec la communauté
Le rôle et les activités des FCC varient selon les zones dans les régions de Karamoja ou de Pokot. Dans la division Kasei de l’ouest du Pokot, trois FCC ont commencé à aider les membres de l’Ecoles agricoles pastorales et rurales à acheminer leurs animaux sur les marchés. Chaque lundi, ils réunissent 25 chèvres, qu’ils emmènent ensuite à un petit marché local à 10 kilomètres de là. Dans d’autres régions, les FCC locaux réunissent chaque semaine jusqu’à 50 animaux, collaborant ici encore avec les Ecoles agricoles pastorales et rurales, dont chacune comprend environ 20 membres. Les Ecoles agricoles pastorales et rurales font partie d’un autre projet d’ACTED.
[Les communautés locales appuient avec enthousiasme les Facilitateurs commerciaux communautaires. ] Bien qu’ils aient été désignés par leur communauté, les FCC doivent encore gagner la confiance des membres des Ecoles pour vendre leurs animaux en leurs noms. Et même si certaines personnes demeurent réticentes, les communautés locales appuient généralement les Facilitateurs commerciaux communautaires. En effet, ce sont eux qui acheminent de manière efficace les animaux des communautés, souvent faibles voire agonisants, sur les marchés, contribuant à améliorer le partage de l’information et la coordination avec les éleveurs. Par ailleurs, les FCC renforcent également le pouvoir de négociation de la communauté vis-à-vis des vendeurs de bétail ; un aspect d’autant plus important puisque les commerçants ont habituellement le dernier mot, particulièrement en temps de sécheresse. Au final, les fermiers obtiennent un meilleur prix et vendent davantage d’animaux
Un nouveau mécanisme commercial
De manière générale, le développement du commerce communautaire coordonné s’est avéré populaire. Il permet aux 18 FCC de recevoir une petite rétribution complémentaire et pérenne. Les autorités du district ont, elles aussi, été ravies d’observer le potentiel de développement du commerce sur les marchés de bétail locaux, résultat du rôle de « catalyseur » des FCC, dont les bénéfices s’étendraient à toute l’économie locale.
Les autorités du district ont été tellement satisfaites du projet que dans certains cas, par exemple au nord Pokot, elles cherchent les moyens de maintenir les FCC après la fin du projet d’ACTED. Pour les soutenir, ils envisagent de mettre en place une forme d’incitation financière, financée par les retombées fiscales perçues sur les ventes de bétail. Bien que les Facilitateurs en soient encore à leurs débuts, ce mécanisme commercial a manifestement de beaux jours devant lui.

Une désignation communautaire, une formation poussée
Dans le cadre de ce projet pionnier initié par ACTED, 19 Facilitateurs commerciaux communautaires (FCC) – 11 au Kenya et 8 en Ouganda – ont été désignés par leurs propres communautés. La formation des FCC a duré 2 mois. Elle s’est faite sur la base d’un programme éducatif qu’ACTED a développé en partenariat avec les chefs communautaires, les membres des Ecoles agricoles pastorales et rurales d’ACTED et les autorités du district. Le programme comprend une formation en communication, à la coordination, aux procédures de production de qualité, aux politiques de commercialisation du bétail et de la viande, aux techniques commerciale, marketing et de négociation.
Système d’alerte préventive
Les communautés locales sont au cœur de la prévention et de la gestion de la sécheresse grâce à leur capacité à détecter très tôt les signes annonciateurs de périodes de sécheresse. ACTED soutient les communautés dans le partage de cette information à travers la région Karamoja en développant un système unique d’archivage et de diffusion des données à travers les cinq districts de Karamoja. L’objectif est de protéger et de responsabiliser les communautés en les mettant en lien avec d’autres acteurs au sein du processus de suivi ; tout comme les Facilitateurs de commerce communautaires mettent les communautés en relation.
Chaque mois, 194 sentinelles ainsi que des autorités du district sont chargées d’envoyer des données relatives à 36 indicateurs différents relevées sur le terrain, à leur référent de district respectif, qui analyse l’information et publie un rapport sur la sécheresse. Les comités de district jugent alors du besoin d’avertir les communautés et décident des actions à entreprendre.
Les autorités de district et les représentants du gouvernement national ont institutionnalisé cette chaine de communication au sein des structures gouvernementales, assurant ainsi la pérennité du projet.

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