Projet d’Estrada Velha do Aeroporto à Salvador : changement de programme et création du centre de formation de l’UNIÃO por Moradia Popular Bahia

En juin 2009, le mot d’ordre était patience dans le cadre du projet “Condomínio das Mangueiras – Zulmira Barros” situé sur la vieille route de l’aéroport de Salvador. Aujourd’hui même si la majorité des entraves bureaucratiques empêchant le début du chantier ont été résolues, le projet de construction est toutefois resté au point mort. La commission de gestion de consort avec l’ingénieur doit encore faire approuver le plan des canalisations d’eau sur le terrain. L’organe compétent est, lui, pas très pressé de délivrer l’ultime sésame qui permettra au chantier de commencer.
 
Cette attente a des conséquences. Quatre personnes de la commission de gestion ont quitté le groupe pour diverses raisons laissant la place à d’autres. Bien évidemment, de leur côté,  les bénéficiaires trépignent d’impatience. Certains comptent déjà six ans au sein du projet et leurs mines oscillent entre la résignation et l’espérance de toucher enfin au bout de leur rêve.
 
Si la construction du quartier devait se faire sous la forme de l’aide mutuelle des futurs habitants, mutirão en portugais, aujourd’hui le débat est de fait réouvert. Le Département de Développement Urbain de l’Etat de la Bahia (SEDUR) et la Compagnie de Développement Urbain (CONDER) en charge du terrassement du terrain ont d’ores et déjà proposé un remaniement du projet. Le programme gouvernemental qui financerait la construction pourrait passer du “Crédit Solidaire” (Crédito Solidário) au nouveau “Ma maison, ma vie” (Minha casa, minha vida) promu par le Gouvernement Fédéral de Lula. Les avantages? Chaque bénéficiaire ne rembourserait plus leur maison sur vingt ans, mais sur dix. Au lieu de quatre-vingt reais par mois, ils débourseraient 10% de leur revenu déclaré, soit environ 60 reais en moyenne pour toutes ces familles de bas revenu. L’économie pour chacune d’entre elles se chiffrerait donc à  environ 13 000 reais (un peu moins de 10 000 francs suisses) au bout du compte. Un argument de poids pour une majorité de personnes luttant tous les jours pour se maintenir financièrement. De plus, le chantier serait a priori confié à une entreprise professionnelle de construction civile qui aurait comme consigne de  bâtir le quartier en 8 mois montre en main.  Les futurs habitants n’auraient dans ce cas pas l’obligation de participer au chantier. Seul désavantage dans la cas d’un transfert d’un programme de logements populaires vers un autre, la commission de gestion devrait dans un temps record mobiliser tous les titulaires des contrats pour en signer un nouveau et de suite les enregistrer dans les offices compétents.
 
Difficile dans ces conditions de défendre l’idée du mutirão comme alternative de construction par et pour les bénéficiaires. L’assemblée générale du projet a d’ores et déjà ratifié sa préférence envers ce transfert de programme à l’unanimité moins une abstention.  Cela dénature quelque peu les desseins de l’UNIÃO qui cherche à faire valoir ses principes d’autogestion et de mutirão, mais le raz-de-marée d’arguments en béton ont fait fi des dernières velléités des irréductibles de la construction grâce à l’aide mutuelle des futurs habitants. “Nous ne pouvions pas omettre ce choix à la communauté. Certains attendent leur maison depuis plus de six ans. Comment les convaincre de payer plus et de travailler sur le chantier? Ce serait égoïste de notre part”, explique Marli Carrara, coordinatrice de l’UNIÃO et membre de la commission de gestion.
Il n’en est pas moins que le travail social prévu auprès des 312 familles restent d’actualité. Il s’agit toujours de construire la cohésion sociale de cette communauté et de renforcer son organisation. Peut-être même que n’ayant plus trop à se préoccuper par le gros de l’oeuvre, les membres de la commission de gestion auront l’occasion placer toute leur énergie dans les activités communautaires. Toujours est-il que de nouvelles perspectives s’offrent aux futurs habitants. Outre le projet du biosystème (voir le précédent article http://www.humanitaire.ws/rubriques/plus_inforubrique.php?idnews=998 ), l’UNIÃO travaille dur pour implanter son centre de formation dans la grande bâtisse dont le terrain dispose déjà. De consort avec l’Institut Fédéral en éducation et technologies de la Bahia –IFBA (Comparable à une école polytechnique suisse ) proposant des formations d’enseignements moyens et supérieurs, l’UNIÃO souhaite qualifier ses intégrants dans le cadre des technologies de construction civile en prenant en compte les alternatives écologiques. De plus le mouvement souhaite former ses leaders et préparer les prochains mutirões. Dans cette optique, des cours d’économie solidaire (coopérativisme), d’associativisme, d’histoire des mouvements sociaux, d’autogestion et mutirão, de politiques sociales à propos des logements populaires et d’élaboration et gestion de projet de construction seront donnés à quelques 600 personnes dans les deux prochaines années. Pour ce faire, l’UNIÃO a adressé une demande de financement à la Petrobras (entreprise semi-publique d’énergie du Brésil). Si le projet est approuvé, les premiers cours auront lieu début 2011 et, en parallèle, le centre de formation sera construit comme pratique de formation par des professionnels avec l’aide des élèves .
 
Olivier Grobet
 

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