Quelques brèves concernant l’Amazonie et les Indigènes du BrésilAYA Info – No 43 Genève, le 29 octobre 2009

Onex a permis la construction de deux postes de santé; Davi Kopenawa rencontre le ministre de la santé; Le Guarani Sepé Tiaraju déclaré Héros de la Patrie; Les Amérindiens de Guyane française; Commerce de la viande : quatre « frigorifiques » signent un accord avec Greenpeace

« AYA Info » peut être consulté sur les sites Internet :
et
Onex a permis la construction de deux postes de santé
La municipalité d’Onex/Genève* a accordé le financement pour la construction de deux postes de santé dans la Terre Indigène Yanomami. Pour tenir compte de réalités locales les postes n’ont pas été construits dans les villages initialement prévus. Ils l’ont été dans les communautés de Aracá et de Bicho-Açú dans l’État d’Amazonas. C’est le partenaire amazonien de AYA, le Service de Coopération avec le peuple Yanomami (SECOYA) qui a réalisé ce projet. Les deux postes de santé sont maintenant en fonction. Les agents de santé s’y relayent tous les trente jours pour dispenser les soins à la population. Par mois, ils accordent entre 140 et 180 consultations au poste de Aracá, et entre 260 à 300 consultations dans celui de Bicho-Açu. Les photos de la construction du poste de Bicho-Açú peuvent être visionnées sur le site Internet de la SECOYA (voir lien ci-dessous). L’association AYA exprime sa reconnaissance à la commune d’Onex pour son geste de solidarité.
* Voir AYA Info No 22
Davi Kopenawa rencontre le ministre de la santé
Le 7 octobre dernier, Davi Kopenawa, le leader Yanomami, a rencontré José Gomes Temporão, le ministre de la santé pour lui demander la création d’urgence d’un Secrétariat spécial pour la Santé indigène duquel devrait dépendre les Districts Sanitaires Spéciaux Indigènes. Il a rappelé la situation précaire dans laquelle se trouve actuellement le service de santé dans l’aire Yanomami. Le ministre a rappelé que le projet de création du Secrétariat spécial est en cours d’examen au ministère de la planification. Ensuite, il devra être envoyé au Congrès pour approbation. Davi a sollicité une entrevue à Paulo Bernardo Silva, le ministre de la Planification à qui il veut répéter l’urgence de la création de ce Secrétariat en raison de la dégradation sanitaire dans les Terres Indigènes du pays. Il n’avait pas encore reçu de réponse quand il est rentré en Amazonie. En septembre, Davi a rendu visite à la « Mission Kaiowá » dans la Mato Grossso do Sul. Cette institution est susceptible de signer une convention avec la Fondation Nationale de la Santé (FUNASA) pour assurer le service de santé dans l’aire Yanomami.
Pour en savoir plus (en portugais) : http://www.socioambiental.org/nsa/detalhe?id=2970
Le Guarani Sepé Tiaraju déclaré Héros de la Patrie
Il y a un peu plus de 250 ans, le 7 février 1756, Sepé Tiaraju a été tué dans un combat qui opposait les indigènes Guarani aux troupes espagnoles et portugaises. Le Traité de Madrid de 1750 imposait alors aux jésuites de sept réductions* de se déplacer sur la rive droite du rio Uruguay en territoire espagnol. Sepé avait pris la tête de la résistance à ce Traité qui obligeait les indigènes à quitter leur terre. Le 22 septembre dernier, par une décision du Président de la République, le nom de Sepé Tiaraju a été inscrit au Livre des Héros de la Patrie qui se trouve au Panthéon de la Patrie et de la Liberté à Brasilia. Sepé avait déjà été honoré en novembre 2005 par l’État du Rio Grande do Sul qui l’a déclaré « Héros Guarani Missionnaire ». Cette distinction présidentielle a été donnée au moment où les Guarani du Mato Grosso do Sul vivent une période difficile**. Le film réalisé par Marco Bechis « Birdwatchers / La Terre des hommes rouges » qui évoque la situation des Guarani Kaiowá sera présenté, à Genève, le 6 novembre, en ouverture du festival « Filmar en America Latina ». Une projection est également prévue à Lausanne et à Bienne.
* Au temps de la colonisation, une « réduction » est un village indien voulu par la monarchie espagnole pour faciliter l’évangélisation et la sédentarisation des indigènes. Les plus célèbres réductions ont été celles créées par les jésuites aux XVIIe et XVIIIe siècles.
** Voir AYA Info No 42
Pour en savoir plus (en portugais) : http://blogapib.blogspot.com/2009/09/sepe-tiaraju-heroi-missioneiro.html, sur le festival « Filmar en Ameica Latina » (en français) : http://www.filmaramlat.ch/
Les Amérindiens de Guyane française
La Guyane est une Région et un Département français d’Outre-Mer depuis 1946. Elle a une superficie de 86’504 km2 et une frontière commune avec le Brésil sur 730 km. Si elle est surtout célèbre pour le bagne fermé en 1946 et pour le centre spatial de Kourou, elle est la terre d’origine de plusieurs peuples indigènes. Cette réalité est mal connue. Les peuples premiers de cette terre amazonienne s’efforcent, avec les faibles moyens dont ils disposent, de faire connaître leur présence, leur culture et leurs droits. Une équipe d’Amérindiennes et d’Amérindiens publie une revue bimestrielle « Oka.Mag ». Le sommaire peut être consulté sur le site Internet de l’association du même nom qui met en ligne des informations et des articles d’opinions. Depuis quelques mois « Oka.Mag » publie « AYA Info » sous la rubrique « Nouvelles de nos frères d’ailleurs ». Les organisations indigènes de la Guyane sont regroupées au sein d’une « Fédération des Organisations Autochtones de Guyane » – FOAG dont le siège est à Kourou. La fédération dispose également d’un site Internet.
Pour en savoir plus (en français) : http://www.okamag.fr/
Commerce de la viande : quatre « frigorifiques » signent un accord avec Greenpeace
En juin 2009, Greenpeace International a publié un rapport « Slaughtering the Amazon / Massacre de l’Amazonie » qui décrit la relation entre la destruction de la forêt et l’expansion de l’élevage bovin dans cette partie du Brésil. L’association écologiste a donné une suite concrète à cette étude en signant, le 5 octobre dernier à São Paulo, un accord avec quatre des plus grandes sociétés qui commercialisent la viande au Brésil et à l’étranger. Les « frigorifiques », Bertin, JBS-Friboi, Marfrig et Minerva s’engagent à s’approvisionner auprès d’éleveurs qui respectent plusieurs critères : déforestation zéro, non-recours au travail esclave, non-invasion de Terres indigènes et des aires protégées, non-usage de la violence et du « grilagem » (utilisation de faux titres de propriété) et application d’un système de traçabilité. Une commission sera constituée pour suivre l’application de l’accord. Sur son site Internet, JBS-Friboi indique exporter de la viande en Suisse. Les restrictions – pour des raisons sanitaires – décidées en 2008 par l’Union Européenne concernant l’importation de viande en provenance du Brésil* ont un impact en Suisse (qui applique les directives de Bruxelles en la matière) : Les importations de viande bovine d’origine brésilienne ont chuté d’environ 70% en 2008 par rapport à 2007; respectivement 2’145 tonnes contre 6’779 un an plus tôt. Pour les huit premiers mois de l’année 2009, l’Association Brésilienne des Industries Exportatrices de Viandes – ABIEC, annonce n’avoir exporté que 837 t de viande bovine « in natura » vers la Suisse, alors que le volume exporté pour la même période de 2008 était de 1’238 t. Soit une baisse de 32%. La liste des élevages qui approvisionnent les « frigorifiques » n’est pas publiée, ce qui serait une indication supplémentaire d’origine. Pour les consommateurs, l’accord signé le 5 octobre réduit un peu le risque de retrouver dans leur assiette une viande résultant de la déforestation. Depuis les problèmes sanitaires constatés en 2008, les importateurs suisses ont acheté davantage de viande bovine en provenance de l’Argentine et de l’Uruguay.
*Voir AYA Info Nos 26 et 27. Sources : Office vétérinaire fédéral et Administration fédérale des douanes (Berne) et Association Brésilienne des Industries Exportatrices de Viandes – ABIEC (São Paulo).
Pour en savoir plus (en français) : « Le Monde » du 8 octobre 2009 (deux articles de J.P. Langellier), et (en portugais) : http://www.amazonia.org.br/noticias/noticia.cfm?id=330437
Le rapport de Greenpeace (en anglais) :

Bernard Comoli avec l’aide de Silvio Cavuscens

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