Le chaman Davi Kopenawa : « La chute du ciel » menace ! / Spécial élections / 1 : On parle peu des peuples indigènes dans les programmes électoraux / Spécial élections / 2 : Le premier tour des élections présidentielles en Amazonie / Spécial élections / 3 : Le deuxième tour le 31 octobre.
http://www.terrabrasilis.ch > Aya Info
et
Le chaman Davi Kopenawa : « La chute du ciel » menace !
« Même si les Blancs sont persuadés qu’il s’agit de mensonges, les xapiri* et l’image d’Omama** le leur répètent aussi : « Si vous détruisez la forêt, le ciel se brisera à nouveau et il tombera sur la terre ! » C’est le cri d’alarme – en forme de message prophétique – lancé par le chaman Yanomami dans un livre publié le 30 septembre, dans la collection « Terre Humaine », aux éditions Plon (Paris). L’anthropologue Bruce Albert, ami de Davi. est cosignataire de l’ouvrage. Il a traduit sur des « peaux de papier« , avec de nombreuses explications à l’appui, le message que veut transmettre le chaman aux Blancs. Davi retrace sa vie, son contact avec les Blancs; sa fonction de chaman et son combat en faveur de son peuple et de la forêt amazonienne en bute à l’action prédatrice du « Peuple de la marchandise« . Ce livre est une très riche ouverture sur une culture en danger incarnée et racontée par Davi lui-même. L’ouvrage est divisé en trois parties de huit chapitres chacune. Il est complété par des cartes, dessins (de Davi), deux glossaires, deux index et une bibliographie. Un livre qui fera date.
* Les esprits chamaniques / ** Le créateur / Les références : « La chute du Ciel – Paroles d’un chaman yanomami ». Auteurs : Davi Kopenawa et Bruce Albert. Collection « Terre Humaine » éditions Plon (Paris). 825 p. – 28 Euros – ISBN Plon : 978-2-259-21068-3 – ISSN : 0492-7915 / Une interview de Davi par Raymond Depardon dans le quotidien français « Libération » : http://voyages.liberation.fr/grandes-destinations/depardon-face-aux-yanomami
Spécial élections / 1 : On parle peu des peuples indigènes dans les programmes électoraux
Le 3 octobre dernier, les 135 millions d’électeurs brésiliens devaient choisir une nouvelle présidence de la République, les membres de la Chambre des Députés et une partie des membres du Sénat, les membres des Assemblées Législatives et les Gouverneurs des vingt-six États de l’Union et du District Fédéral. À l’extérieur du Brésil, c’est surtout l’élection présidentielle qui a retenu l’attention.
Les indigènes sont minoritaires dans le pays : entre 0,25 et 0,37% de la population. La Fondation Nationale de l’Indien – FUNAI, estime à environ 200’000 le nombre d’indiens susceptibles de se rendre aux urnes. Leur poids électoral est très faible. Ainsi, le thème « Peuples indigènes » n’a pas occupé une grande place dans les programmes électoraux. Le résultat de la recherche, à l’aide des mots-clefs « indígenas », « índios », « demarcação » ou « comunidades tradicionais », dans les « Propositions de gouvernement » des quatre principaux candidats, traduit leur sensibilité à l’égard de cette minorité. Dans le programme de José Serra, du Parti de la Social-Démocratie Brésilienne – PSDB, ces termes n’apparaissent pas. Dans celui de Dilma Rousseff, candidate de Lula et membre du Parti des Travailleurs – PT, le terme « indígenas » apparaît deux fois. La première dans le point 19. q), où il est question de développer les politiques de promotion de l’égalité raciale et au point 48. d) à propos du développement de politiques relatives aux droits de base : travail, habitat, alimentation, santé, éducation et accès à la justice et à la citoyenneté. Marina Silva, du Parti Vert – PV, aborde plusieurs fois la question indigène et des communautés traditionnelles. Au point 3.2.6 d., à propos de la valorisation de la diversité socioculturelle et environnementale, elle affirme vouloir garantir les processus de démarcation et d’homologation des terres indigènes et les possibilités de développement autonome de ces peuples. Plínio Sampaio, candidat du Parti « Socialisme et Liberté » (PSOL), affirme son opposition à la construction de l’usine électrique de Belo Monte et à la transposition du rio São Francisco (points 4 et 5 de ses propositions). Au point 13, il donne son appui à la démarcation, l’homologation des territoires indigènes et « quilombolas », (les territoires des communautés noires d’anciens esclaves marrons). Seule une enquête spécifique permettrait de déterminer dans quelle mesure la question indigène est susceptible d’influencer le choix des électeurs.
Pour en savoir plus (en portugais), il est possible de consulter les programmes des candidats sur le site du Tribunal Supérieur Electoral (TSE) : http://www.tse.gov.br/internet/index.html > Candidatos – Eleições 2010 > 2 – Pressione… ou (Clique Aqui) > BR > Presidente 9 > choisir le nom du/de la candidat(e) > Visualizar Proposta de governo
Spécial élections / 2 : Le premier tour des élections présidentielles en Amazonie
Les medias ont largement rendu compte de ce premier tour des élections brésiliennes au niveau national : L’arrivée en tête de Dilma Rousseff, avec 46,9% des voix. Elle est suivie de José Serra, avec 32,6% des suffrages. Marina Silva a été créditée de 19,33 % des votes, un score non pronostiqué par les sondages. Plínio Sampaio a obtenu de 0,87 % des suffrages. La demi – surprise a été la nécessité d’un deuxième tour, le 31 octobre prochain, pour départager les deux candidats arrivés en tête.
En Amazonie légale*, les candidats sont arrivés dans le même ordre qu’au niveau national, mais avec des nuances de taille selon les États. D’après les chiffres diffusés par « Agência Brasil », il y a été dénombré près de 12 millions de bulletins valides, soit environ 12 % de ces bulletins de tout le pays. Dans cette partie du Brésil, Dilma Rousseff a récolté près de 54% des voix. Elle est arrivée en tête dans les États de l’Amapá, de l’Amazonas, du Pará et du Tocantins. Dans le Maranhão, elle obtient même son meilleur résultat national avec 71% des voix. Elle a fait son moins bon score national dans l’État d’Acre où elle n’a recueilli que 24% des suffrages. José Serra a obtenu un peu plus de 29% des voix. Il est arrivé en tête dans les États d’Acre (où il a fait son meilleur score national avec 52% des voix), du Mato Grosso, de Rondônia et du Tocantins. Il a fait son plus faible résultat national dans l’État d’Amazonas avec 8% des voix. Toujours en Amazonie légale, Marina Silva a obtenu 16% des suffrages. Elle a fait son meilleur résultat régional dans l’État d’Amapá avec 30% des voix. Son plus faible résultat régional a été dans l’État du Mato Grosso avec 12% des voix. Si le Brésil avait voté comme l’Amazonie légale, Dilma aurait été élue dès le premier tour !
Le 7 octobre, la Coordination des Organisations Indigènes de l’Amazonie Brésilienne – COIAB, a publié une lettre dans laquelle elle remercie Marina Silva pour l’attention qu’elle a portée à la question environnementale, sociale et indigène durant sa campagne. « Elle (la COIAB), attend maintenant des candidats au deuxième tour un programme qui vise à garantir les droits des indigènes, des autres peuples de la forêt et ceux d’une Amazonie soutenable« .
* L’Amazonie légale est composée de huit États : Acre, Amapá, Amazonas, Mato Grosso, Pará, Rondônia, Roraima et d’une partie du Maranhão. Elle a une superficie de 5,2 millions de km2, ce qui correspond à environ 61% du territoire brésilien. Elle est habitée par environ 12,5% de la population brésilienne. Dans la statistique électorale retenue ici, l’État du Maranhão a été pris dans sa globalité.
Pour en savoir plus sur les résultats (en portugais) : http://apuracao.ebc.com.br/
La lettre de la COIAB : http://www.coiab.com.br/coiab.php?dest=show&back=index&id=617&tipo=E
Spécial élections / 3 : Le deuxième tour le 31 octobre
L’importance du résultat obtenu au premier tour par Marina Silva (du Parti Vert), a montré la sensibilité d’une partie de l’électorat brésilien à l’égard des problèmes environnementaux. Dilma et Serra, les deux candidats restés en lice pour le deuxième tour (qui aura lieu le 31 octobre), vont chercher à récupérer une partie au moins des vingt millions de suffrages du Parti Vert. Ce dernier a demandé aux deux favoris de se positionner sur une plateforme, un « Agenda pour un Brésil Juste et soutenable ». Une des propositions de ce texte est « La conclusion de la démarcation et de l’homologation des terres indigènes et la création d’un fonds pour appuyer les projets indigènes et des autres populations traditionnelles ». La réponse des deux candidats a été publiée par le Parti Vert le 16 octobre. Ils ne se sont pas exprimés sur la proposition relative à la démarcation des terres indigènes. Le parti de Marina Silva a tenu une Convention le 17 octobre pour déterminer sa position pour le deuxième tour. Il a décidé par 88 voix contre 4, de rester « indépendant » et de ne pas soutenir particulièrement l’un ou l’autre candidat. Il laisse la liberté de vote à ses adhérents, mais ceux-ci ne peuvent soutenir Dilma ou Serra au nom de leur parti. La position des candidats sur l’Amazonie, les indigènes et l’écologie, ne sont pas – et de loin – les seuls critères qui vont déterminer le vote des Brésiliens. La polémique autour du droit à l’avortement en est un exemple. Pèse également la forte aspiration de nombreux Brésiliens de voir se poursuivre l’amélioration de leurs conditions de vie; amélioration apportée sous la présidence de Lula. Le dernier sondage publié avant la diffusion de ce bulletin, donne Dilma Rousseff en tête des intentions de vote.
Pour en savoir plus (en portugais) : L’Agenda pour un Brésil Juste et Soutenable et la réponse des candidats :
http://www2.pv.org.br/noticia.kmf?noticia=10818635&canal=252, / Le dernier sondage :
Bernard Comoli
AYA – Appui aux indiens Yanomami d’Amazonie
15 Chemin de la Vie-Longe – CH – 1213 Onex /Genève – CCP 17-5506-2