Quelques brèves concernant l’Amazonie et les Indigènes du BrésilAYA Info – No 59 – Genève, le 30 mars 2011

La SECOYA reçoit une distinction à Rio de Janeiro / Belo Monte : Les travaux de terrassement ont commencé / Rio Madeira : Graves incidents sur le chantier du barrage de Jirau / Conseil Indigène de Roraima : Plus de 40 ans de luttes !

« AYA Info » peut être consulté sur les sites Internet :

http://www.terrabrasilis.ch > Aya Info,

http://www.humanitaire.ws > Rubriques > AYA

http://www.okamag.fr/ > Nouvelles de nos frères d’ailleurs

http://mci.fgc.ch/mci/ > actualités

La SECOYA reçoit une distinction

Le 7 février dernier, au Théâtre municipal de Rio de Janeiro, en présence de personnalités du monde politique et de la vie culturelle brésilienne, la Centrale Unique des Favelas – CUFA, a décerné ses récompenses pour l’année 2010. Le partenaire de AYA, l’association « Service et Coopération avec le peuple Yanomami » – SECOYA de Manaus, a reçu le « Prix ANU » pour l’État d’Amazonas – il y a un prix par État – en raison de son action dans le domaine de l’éducation dans les villages et communautés Yanomami. Le prix a été remis à Silvio Cavuscens par le Ministre de la santé, Alexandre Padilha. Pour la SECOYA, ce prix est la reconnaissance d’années de travail pour une éducation bilingue yanomami/portugais dans les écoles indigènes des municipalités de Barcelos et de Santa Isabel du Rio Negro. Une école yanomami pour les Yanomami. Le programme « Éducation » de la SECOYA est soutenu par Terre des Hommes Genève/Suisse. L’Anu-Preto est un oiseau au plumage et au bec noirs. Il est répandu dans tout le Brésil. Une vieille croyance populaire le considère comme oiseau de mauvaise augure. « Anu-Preto » était aussi le nom, utilisé comme insulte par les colons portugais et espagnols, pour désigner les esclaves et les personnes à la peau très noire. Le nom du prix a été choisi par la CUFA pour lutter contre les préjugés et montrer que l’action des noirs, indiens, favelados et autres exclus, est de bonne augure pour la cohésion sociale du pays. Le lieu choisi pour la cérémonie, le Théâtre municipal de Rio de Janeiro, est également un symbole fort voulu par la CUFA. Pour elle, des actions de terrain, conduites par de modestes habitants, méritent une place dans les hauts lieux de la culture brésilienne.

Pour en savoir plus (en portugais) :

– La vidéo de 2’18 » préparée par la SECOYA pour présenter sa candidature : http://www.youtube.com/watch?v=MZLPq6Qd2Dc

– Le site de la SECOYA : http://www.secoya.org.br > Secoya vencedora…

– Le site de la CUFA : http://www.cufa.org.br/

– Le site du Prix ANU : http://www.premioanu.com.br/in.php?id=evento

Belo Monte : Les travaux de terrassement ont commencé

« Lâcheté, irresponsabilité, comportement dictatorial ». Le mouvement « Xingu Vivo para Sempre » ne mâche pas ses mots pour qualifier la décision, prise le 3 mars, par le président du Tribunal Régional Fédéral 1 (TRF1), Olindo Menezes, de donner une suite favorable à un recours formé par l’Avocat Général de l’Union – AGU. Ce dernier avait demandé (et donc obtenu), l’annulation de la décision du 25 février de la justice fédérale de Belém, suspendant « l’autorisation partielle », délivrée le 26 janvier, par l’Institut Brésilien du Milieu Ambiant – IBAMA. Cette décision permet l’installation du chantier nécessaire à la construction du complexe hydroélectrique de Belo Monte sur le rio Xingu. Contrairement au tribunal de Belém, Olindo Menezes est d’avis qu’il n’est pas nécessaire que toutes les mesures préalables, listées par l’IBAMA lui-même, soient réalisées avant l’ouverture du chantier. Le mouvement reproche au président du TRF1 d’avoir utilisé un instrument juridique datant de la dictature militaire pour justifier sa décision. Il reproche à une partie du gouvernement d’aller à l’encontre des personnes qui, en février dernier, lors d’une audience à la Présidence de la république, avaient promis le dialogue avec les représentants des peuples indigènes et riverains du rio Xingu. Les travaux de terrassement ont commencé lundi 7 mars, la veille du Carnaval. La construction de cet ouvrage – le troisième plus grand barrage du monde après celui des Trois Gorges en Chine, et celui d’Itaipu, sur le Paraná, à la frontière entre le Brésil et le Paraguay – continue de susciter des réactions. Le 11 mars, la Commission Interaméricaine des Droits Humains de l’Organisation des Etats Américains – OEA, a interpellé le gouvernement brésilien sur l’absence de consultation des peuples indigènes affectés par l’ouvrage. Les pêcheurs du rio Xingu ont organisé une grande « pescaria », une immense partie de pêche, qui s’est terminée le 14 mars par une manifestation de protestation devant l’immeuble d’Eletronorte sur les quais d’Altamira, la principale localité de la région. Le 23 mars, le cinéaste James Cameron et l’ex-gouverneur de Californie, Arnold Schwarzenegger étaient à Altamira pour s’informer des travaux. En 2010, le cinéaste avait déjà apporté son soutien aux mouvements sociaux qui s’opposent à l’ouvrage. Le 25 mars, Dom Erwin Kräutler, évêque du Xingu et président du Conseil Indigéniste Missionnaire – CIMI, l’organe de la Conférence Nationale des évêques du Brésil – CNBB, chargé des questions indigènes, a publié une lettre ouverte qu’il a remise à la Vice-procureure Générale de la République, Déborah Duprat, dans laquelle il dénonce les irrégularités qui entachent le processus de décision de construction de l’ouvrage. Le gouvernement veut construire Belo Monte. Gilberto Carvalho, principal interlocuteur de la présidence de la république avec les mouvements sociaux, l’a affirmé le 16 mars, durant la réunion du Forum sur les « Changements climatiques et justice sociale », organisé sous les auspices de la CNBB. Cet ouvrage n’a pas fini de faire parler de lui !

Voir AYA Info No 58.

Pour en savoir plus (en portugais) :

– Le site de la campagne Xingu vivo… : http://www.xinguvivo.org.br/

– La lettre de Dom Kräutler : http://www.cimi.org.br/?system=news&action=read&id=5401&eid=293 – La position de G. Carvalho : http://agenciabrasil.ebc.com.br/noticia/2011-03-16/apesar-da-resistencia-de-movimentos-sociais-belo-monte-sera-construida-diz-ministro

Rio Madeira : Graves incidents sur le chantier du barrage de Jirau

Selon les témoignages recueillis auprès d’ouvriers, c’est une dispute survenue le 15 mars, entre un travailleur et un chauffeur de bus qui est a l’origine de graves incidents qui ont entraîné la fermeture du chantier du barrage de Jirau, sur le rio Madeira, dans l’État de Rondônia. Le syndicat « Force Syndicale » parle de 70 logements, 43 autobus et 15 voitures incendiés. Des milliers de travailleurs sans abri ont quitté le chantier. Plus généralement, ce sont les mauvaises conditions de travail, déjà dénoncées, qui sont à l’origine de ces manifestations. GDF Suez est le principal actionnaire de l’ouvrage. Le mécontentement s’est également exprimé sur le chantier de construction du barrage de Santo Antônio situé plus en aval, aussi sur le rio Madeira. Le gouvernement va réunir les deux principaux syndicats de la branche, la Centrale Unique des Travailleurs – CUT, et Force Syndicale afin de trouver un accord sur les conditions de travail sur les chantiers des ouvrages du Programme d’Accélération de la Croissance – PAC. La CUT propose la création d’une commission tripartite composée de représentants des employeurs, des travailleurs et du gouvernement pour accompagner la réalisation des ouvrages prévus au PAC.

Pour en savoir plus (en portugais) :

– Le site Amazonia : http://www.amazonia.org.br/noticias/noticia.cfm?id=380175

– Force Syndicale : http://www.fsindical.org.br/portal/impressao.php?id_con=11795

– Centrale Unique des Travailleurs : http://www.cut.org.br/destaques/20494/acabar-com-os-gatos-no-pac-primeiro-resultado-da-reuniao-entre-cut-centrais-governo-e-empresas

Conseil Indigène de Roraima : Plus de 40 ans de luttes !

Le Conseil Indigène de Roraima – CIR, a tenu sa 40e Assemblée Générale du 11 au 15 mars dans la communauté du Barro, dans la région de Surumu, dans la Terre Indigène de Raposa Serra do Sol, dans l’État de Roraima au nord du Brésil. C’était en pleine période de la dictature militaire, en juillet 1970 que les indigènes de région se sont réunis pour la première fois. Les premières réunions étaient des « Conseils de village ». Puis il y a eu une première coopérative indigène. La première assemblée des peuples indigènes du Roraima a été organisée en 1971, avec les différentes ethnies de la région (Macuxi, Wapichana, Taurepang, etc.. Les premières campagnes conduites par les indigènes l’ont été pour lutter contre l’alcoolisme. Un fléau dont on sait la dépendance qu’il entraîne non seulement pour les individus, mais aussi pour les communautés. Pour contrer l’accaparement de leurs terres traditionnelles par des fazendeiros, les indigènes ont lancé un programme d’élevage de bétail : « Une vache pour un indien ». La lutte pour la démarcation de la Terre Indigène Raposa Serra do Sol a été longue et difficile, elle aussi. Avec beaucoup de violences. Un décret de Lula, signé en avril 2005, l’a enfin protégée. Cette Assemblée a été l’occasion de rappeler ces quarante années de mobilisation pour la défense des droits des peuples indigènes de la région. Une lutte qui a coûté la vie à 21 leaders. Cette réunion a aussi été l’occasion de désigner, pour un mandat de deux ans, les nouveaux responsables du Conseil. Le nouveau coordinateur du CIR est Mário Nicácio, de l’ethnie Wapichana. Il est jeune, mais il a déjà des années d’engagement dans la cause indigène. Le vice coordinateur est un Macuxi, Ivaldo André. Thelma Marques da Silva, de l’ethnie Taurepang, a été élue secrétaire du Mouvement des femmes. Les participants ont adressé une longue lettre aux autorités dans laquelle ils font l’inventaire de leurs revendications. Malheureusement le site Internet du CIR (http://www.cir.org.br/portal/) connaît quelques problèmes. Il devrait être mis à jour prochainement.

Bernard Comoli (avec l’aide de Fátima Cilene de Souza)

AYA – Appui aux indiens Yanomami d’Amazonie

15 Chemin de la Vie-Longe – CH – 1213 Onex /Genève – CCP 17-5506-2

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