Quelques brèves concernant l’Amazonie et les Indigènes du BrésilAYA Info – No 69 – Genève, le 28 février 2012

AYA souffle ses cinq bougies / Euronews diffuse le portrait de trois femmes d’Amazonie / Les graves carences du Service santé indigène de la Vallée du Javari / Le leader Yanomami Davi Kopenawa prochainement à Genève.

« AYA Info » est en ligne sur les sites Internet :
http://www.humanitaire.ws > Rubriques > AYA…
AYA souffle ses cinq bougies
Début 2007, Silvio Cavuscens, coordinateur de l’association « Service et Coopération avec le peuple Yanomami – SECOYA (Manaus) était en Suisse pour quelques semaines. C’était l’occasion de réunir amis et connaissances et de faire connaître son engagement. Le 10 janvier, Silvio est interviewé par Alain Maillard, pour l’émission de radio « Recto Verso« . Le 13 janvier, le quotidien genevois « Le Courrier » publie une interview de Silvio et annonce une rencontre d’information ouverte au public. Celle-ci a eu lieu le 15 janvier, à Genève, sur le thème « Sans-Terre et indigènes au Brésil : bilan et perspectives au début du second mandat de Lula ». Lors de cette soirée, Pascal Angst a témoigné de son engagement en tant que volontaire E-Changer auprès du Mouvement des Sans Terre. Le 25 janvier, la rencontre trouve un écho polémique inattendu dans un quotidien brésilien. AYA se donne des statuts et un comité le 20 avril. Voilà pour la naissance de l’association. Ces premières années ont été bien occupées. AYA a soutenu plusieurs projets de la SECOYA. Deux centres de santé ont été construits en Terre Yanomami avec l’appui de la commune d’Onex. En 2010, la commune de Meyrin a accepté de soutenir la réalisation d’un programme de formation, maintenant conduit à terme, de consolidation des compétences et du processus organisationnel des leaders indigènes. En septembre 2011, la Ville de Genève a approuvé un projet de formation de leaders et d’agents indigènes de santé au service des communautés du rio Marauiá. La formation est un élément nécessaire pour permettre à ces communautés d’avoir plus de pouvoir sur leur propre destin. Sur ses fonds propres, AYA a subventionné de nombreuses activités de son partenaire. L’association s’est également engagée à diffuser de l’information sur le vécu des indigènes de l’Amazonie et du Brésil, le présent bulletin témoigne de cette volonté d’informer. L’association adresse un très vif remerciement à toutes les personnes qui ont apporté leur contribution à son action et à celle de la SECOYA.
Pour en savoir plus (en portugais) sur la SECOYA : http://www.secoya.org.br/
Euronews diffuse le portrait de trois femmes d’Amazonie
Au début février, la chaîne Euronews a diffusé le portrait de trois femmes qui luttent pour la défense des peuples indigènes d’Amazonie. Sônia Guajajara est vice – coordinatrice de la COIAB (Coordination des Organisations Indigènes de l’Amazonie Brésilienne). Sônia a toujours plaisir à retourner dans sa communauté du Maranhão dont le mode de vie et les droits sont de plus en plus menacés. « Tous sont confrontés au grand problème de l’exploitation des richesses naturelles. Que ce soit le bois ou les animaux, à travers la chasse ou la pêche. Aujourd’hui notre forêt est presque entièrement dévastée ! » On la voit aussi à Brasilia où elle a rendez-vous au ministère de l’environnement pour faire entendre la voix des indigènes dans les sphères gouvernementales. Sheyla Juruna appartient à un peuple de la région du rio Xingu sur lequel se construit le barrage de Belo Monte. On la voit manifester, en mars 2011, devant le siège londonien de la très brésilienne Banque Nationale pour le Développement Economique et Social – BNDES. « Nous sommes ici pour réclamer la transparence et faire connaître le rôle que joue cette banque quand elle parle de développement durable et qu’en réalité, elle finance les grandes entreprises qui, en Amazonie, détruisent les populations sans respecter leurs droits ! Le fleuve Xingu est notre maison. S’il meurt, notre culture et notre peuple mourront avec lui ! » Antônia Melo est coordinatrice du « Mouvement Xingu Vivo Para Sempre – MXVPS qui rassemble les riverains du Xingu, indigènes, pêcheurs et petits agriculteurs qui luttent contre la construction du barrage. « Je reçois des messages d’intimidation, comme « tu vas mourir » si tu te mêles de nos affaires, si tu nous déranges »… « Ce sont des messages qui me sont envoyés par des hommes de main ». Des petits agriculteurs sont aussi l’objet de séduction des promoteurs. Une agricultrice témoigne : « Leur combine est la suivante : ils me paient bien, mais ça ne signifie pas que le voisin sera payé. Dans la pratique, ils paient deux ou trois lots, et le reste, rien du tout ! » Antônia conduit les reporters chez un agriculteur qui doit abandonner sa terre parce qu’elle va être inondée… Le reportage montre bien la puissance des intérêts auxquels ces femmes sont confrontées. Sônia, Sheyla et Antônia sont des battantes. Il est à espérer que l’histoire retiendra leur leçon de courage.
Pour consulter les reportages (en français) : http://fr.euronews.net/2012/02/02/le-combat-de-trois-bresiliennes-pour-la-defense-des-peuples-indigenes-d-amazonie/ > Sur le même sujet > Antônia, > Sheyla. > Sônia
– L’entier du reportage (46 minutes), un film de Bernard Robert-Charrue, est consultable sur le site : http://www.dev.tv/index.php/productions/documentary/3_femmes_en_colere_1x46_francais/
Les graves carences du Service santé indigène de la Vallée du Javari
« En moins de dix ans, nous avons perdu un tiers de la population ». C’est ce qu’écrit fin janvier, Clóvis Marubo, dans un manifeste publié au nom des peuples indigènes de la Vallée du Javari : « Dans le contexte actuel, nous devons vivre avec un nombre significatif de notre population contaminée par la malaria, la tuberculose, la filariose, les divers types d’hépatite et de dénutrition qui viennent faucher la vie de nos enfants, de nos femmes, de nos jeunes, de nos vieux »… « Nous demandons au Ministère de la Santé de mettre en œuvre des mesures urgentes, suivies de plus permanentes, qui retournent de manière radicale l’actuelle situation qui peut être évitée par le biais de politiques participatives de santé indigène, intégrées et efficientes ». À la fin octobre 2011, le Centre de Travail Indigène – CTI et l’Institut Socio – environnemental – ISA ont publié un diagnostic sur la situation de la santé des peuples indigènes de cette région du Brésil. Ce rapport a été remis à Antônio Alves, le responsable du Secrétariat Spécial de Santé Indigène – SESAI créé par Lula en octobre 2010. De son côté, aussi en octobre 2011, le Conseil Indigéniste Missionnaire – CIMI a lancé une pétition à envoyer à la présidente de la république. Le rappel de Clóvis montre la difficulté du nouveau SESAI à répondre de manière adéquate aux situations dramatiques, comme celles vécues par les peuples de la Vallée du Javari.
Pour en savoir plus (en portugais) ;
– Le manifeste de Clóvis Marubo : http://www.socioambiental.org/nsa/detalhe?id=3496
– Le diagnostic du CTI et de ISA : http://www.socioambiental.org/nsa/detalhe?id=3441
Le leader Yanomami Davi Kopenawa prochainement à Genève
Le leader Yanomami, Davi Kopenawa, a été invité par les organisateurs du Festival du film et forum International sur les Droits Humains – FIFDH, qui se tiendra à Genève du 2 au 11 mars. Le 4 mars, après la projection, en première mondiale, du film de Daniel Schweizer « Indiens d’Amazonie en sursis », il est prévu qu’il participe à un débat intitulé « Les populations autochtones en sursis« . Les autres intervenants prévus sont : Santiago Canton, Secrétaire exécutif de la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme – CIDH de l’Organisation des États Américains – OEA et Jean Ziegler, Vice-président du Comité consultatif du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Davi a été réélu président de l’Hutukara Associação Yanomami – HAY, lors de la dernière Assemblée de l’organisation qui a eu lieu en novembre 2010. Il est également coauteur, avec l’ethnologue Bruce Albert, du livre « La chute du ciel » paru en septembre 2010 aux éditions Plon*, dans la collection « Terre humaine ». Davi profitera de son passage à Genève pour rencontrer les responsables des organisations internationales concernées par la défense des droits des peuples autochtones. Lors de l’édition 2010 du même festival, Daniel Schweizer avait reçu le prix de l’État de Genève pour son film « Dirty Paradise » consacré aux Wayana de Guyane française**.
*Aya Info no 56 / **AYA Info no 48 /
Pour en savoir plus (en français) : au cours de ces cinq dernières années « AYA Info » a publié plus d’une trentaine de « brèves » au sujet de Davi, ses préoccupations et celles l’Hutukara Associação Yanomami – HAY. Ces notes sont consultables sur le site : http://www.terrabrasilis.ch/
En (en portugais) le site de l’HAY : http://hutukara.org/
Bernard Comoli
PS : Ces brèves sont souvent reprises, détaillées et illustrées, dans un blog du quotidien « La Tribune de Genève » à l’adresse suivante : http://bcomoli.blog.tdg.ch
AYA – Appui aux indiens Yanomami d’Amazonie
15 Chemin de la Vi-Longe – CH – 1213 Onex / Genève – CCP 17-55066-2

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