Réduire de moitié la pauvreté dans le monde : défi 2015

Pour 2015, les 191 Etats membres de l’ONU se sont engagés à réaliser huit objectifs majeurs : réduire l’extrême pauvreté et la faim, assurer l’éducation primaire pour tous, promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, réduire la mortalité infantile, améliorer la santé maternelle, combattre le VIH/sida, le paludisme et d’autres maladies, assurer un environnement durable et mettre en place un partenariat mondial pour le développement.  En 2000, l’Assemblée Générale des Nations Unies réunies à New York (ré) adoptait une déclaration : celle du millénaire. Faut-il encore y croire ?

« Nous, chefs d’État et de gouvernement, nous sommes rassemblés au Siège de l’Organisation des Nations Unies à New York, du 6 au 8 septembre 2000, à l’aube d’un nouveau millénaire, pour réaffirmer notre foi dans l’Organisation et dans sa Charte, fondements indispensables d’un monde plus pacifique, plus prospère et plus juste », peut-on lire sur cette résolution (http://www.un.org/french/millenaire/ares552f.htm).

Mais si on s’affaire à réduire l’écart entre les riches et les pauvres, le constat n’en est pas mois alarmant. Les  moyens mis en œuvre pour définir un « monde équitable » ne portent pas leurs fruits. Le 20 septembre dernier, une première réunion à la veille de l’ouverture de la 59e session plénière de l’Assemblée générale des Nations Unies devait inciter les 191 États Membres des Nations Unies à aborder pour la première fois le thème de la Mondialisation équitable: mise en œuvre de la Déclaration du Millénaire. Dans ce cadre, « La réunion vise aussi à souligner qu’avec l’aggravation de la pauvreté, l’intensification des conflits sociaux et la montée de l’insécurité partout dans le monde, les efforts déployés au niveau mondial pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement en 2015 échoueront si de nouveaux moyens pour créer des opportunités de travail et des emplois décents ne sont pas mis en place. » (cf. http://www.un.org/News/fr-press/docs/2004/Note_No_5888.doc.htm)

Un bilan intermédiaire peu reluisant étant tiré, les grandes institutions mondiales s’organisent afin de rendre efficient cette réduction. Enfin, c’est ce qu’on n’ose vraiment espérer. Et pourtant. Même le FMI a su adopter un langage, de prime abord, axé sur l’humain. « Le FMI et la Banque mondiale ont engagé l’initiative PPTE (Ndlr. : Allégements de dette au titre de l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés) en 1996 afin d’assurer qu’aucun pays ne soit confronté à une charge d’endettement intolérable », peut-on lire sur leur site (http://www.imf.org/external/np/exr/facts/fre/hipcf.htm). Si huit ans après la donne mondiale n’a pas beaucoup changé, voire empiré, nul besoin de s’étonner. Dans le fond, alléger une dette sachant que le ratio de la dette extérieure aux exportations est un critère fondamental de l’indice de pauvreté de ces pays signifie que plus nous rendons ces mêmes nations affranchies d’un point de vue financier, plus nous les rendons concurrentiels. Etre concurrentiel donne les moyens d’exporter. Leur ratio changeant, ces pays n’aurait plus le droit aux allégements du FMI, les ramenant inévitablement à leur dette extérieure. Bref, maintenir les pauvres à leur place, juste au-dessus d’un seuil de pauvreté intolérable, tel pourrait être la devise d’une mondialisation centrée sur les gains des Etats puissants. Quelle alternative ? La bonne gouvernance ? C’est peut-être ce qu’on tente de nous faire croire. Quand on sait que 60 millions de pauvres se trouvent actuellement en Europe, on ne peut que légitimement se demander quelles personnes nos gouvernements vont privilégier. Quant aux Etats-Unis, on est fixé. L’Américain moyen a voté pour des valeurs morales, celles qui poussent leur Président W. à favoriser les plus riches pour relancer l’économie. Faut-il y voir les prémices d’une politique économique globale vouée au libéralisme ?

Nul doute, la complexité de la question relève d’une multitude de paramètres. S’il est certain que la panacée à la pauvreté dans le monde ne viendra pas du jour au lendemain, il n’est pas improbable que la société civile ait un rôle à jouer. Dans cette optique, la « Déclaration de Berne » (ONG suisse) propose à l’occasion des 60 ans du FMI une journée de réflexion sur le sujet « combattre la pauvreté avec le FMI »( le mercredi 17 novembre 2004, de 9h30 à 17h00, à Berne, Hallerstrasse 10. Programme et inscriptions sur http://www.ladb.ch/ ou au Tél. 021 620 03. 03). Illustrant parfaitement la volonté de quelques personnes à comprendre la conjoncture actuelle, il n’en est pas moins que la majorité aurait intérêt à prendre ses responsabilités, celles d’une civilité planétaire où nous avons pleinement conscience de nos interactions. Quelle place voulons-nous donner au Tiers-monde ? Quelles incidences y aurait-il sur notre confort matériel ? A nous de voir.

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Olivier Grobet

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