Cette année, la Suisse définit l’orientation de sa coopération internationale (CI) jusqu’en 2028. Celle-ci doit tenir compte des besoins locaux, en solidarité avec les pays partenaires. Inscrite dans le cadre de référence global de l’Agenda 2030, l’orientation s’est élargie au-delà de la lutte contre la pauvreté : la transformation sociale et écologique de l’économie et de la société doit faire partie de la CI à long terme. La note d’information d’Alliance Sud montre comment la Suisse manque à ses promesses internationales depuis 50 ans, comment elle augmente même artificiellement sa contribution et comment elle démantèle actuellement la CI. Il y aurait pourtant de bonnes raisons de la développer plutôt que de la démanteler. (lire la note d’orientation d’Alliance Sud)
La Suisse laisse tomber les plus pauvres
Alors que la faim et la pauvreté augmentent, les coupes prévues touchent les plus pauvres. Les fonds sont supprimés là où ils sont le plus nécessaires.
La coopération au développement a obtenu des succès probants au fil des dernières décennies : dans le monde entier, le nombre d’enfants qui meurent au cours de leurs premières années de vie est nettement inférieur à celui d’il y a 25 ans. Mais la crise climatique et les guerres au Soudan, à Gaza et en Ukraine menacent désormais la vie de nombreuses personnes. Les conséquences de la pandémie et l’inflation record creusent également les inégalités sociales sur la planète, pour la première fois depuis longtemps. De même, les progrès en matière de réduction de la faim s’essoufflent partout dans le monde. Jamais depuis la Seconde Guerre mondiale, autant d’enfants n’ont eu besoin d’aide qu’aujourd’hui. Nous ne devons pas les laisser tomber. Il est irresponsable que la Suisse veuille justement économiser maintenant sur le dos des plus pauvres et réduire massivement la coopération au développement.
Des partenariats efficaces sont démantelés
La coopération au développement aide les populations du Sud global et favorise la sécurité et la stabilité. Les projets réussis sont menacés.
Conjuguée à l’engagement local, la coopération suisse au développement améliore les perspectives des populations sur place : elle garantit à long terme l’approvisionnement en eau potable et en aliments sains. Elle favorise une meilleure formation et ouvre des perspectives économiques. Et elle renforce la société civile et la paix. Grâce à une coopération de plusieurs années, des effets mesurables et durables sont obtenus dans les pays les plus pauvres de la planète. Une coupe drastique dans la coopération au développement démantèle des projets réussis et compromet le succès de partenariats à long terme.
Ne pas opposer les souffrances les unes aux autres
L’aide indispensable à l’Ukraine ne doit pas être financée au détriment de la coopération au développement.
La Suisse doit économiser dans la coopération au développement ordinaire ce qu’elle dépense pour l’aide à l’Ukraine — telle est la volonté du Conseil fédéral. Ce n’est pas juste pour les habitants des pays les plus pauvres, qui sont ainsi laissés pour compte. La Suisse devrait plutôt allouer des fonds supplémentaires à l’indispensable aide à l’Ukraine sans réduire la coopération au développement établie. C’est non seulement une voie envisageable, mais elle est même prévue dans la Constitution pour les situations exceptionnelles, comme en cas de guerre en Europe.
La tradition humanitaire est en jeu
Une coupe drastique suscite une grande incompréhension au niveau international et entraîne une perte de confiance envers la Suisse. Alors que la Suisse fournit déjà moins d’aide que d’autres pays.
Or, c’est précisément la Suisse prospère qui entend réduire radicalement sa coopération au développement. Ni nos organisations partenaires sur place, ni les pays alliés au nôtre dans la lutte contre la pauvreté mondiale ne le comprennent. Avec la Suisse, ces derniers ont défini voilà des décennies l’objectif de consacrer 0,7% de leur capacité économique à la coopération au développement, à l’aide humanitaire et à la promotion de la paix. En revanche, la Suisse ne consacrerait à l’avenir que 0,36% de sa performance économique à l’aide à l’étranger – une valeur honteuse en comparaison avec d’autres pays européens.
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