Marielle Franco, assassinée il y a tout juste un an, n’est pas oubliée. A Genève et à Berne, hier, plus d’une centaine de manifestants ont rendu hommage à la jeune activiste brésilienne victime d’un attentat dans sa ville natale, Rio de Janeiro. Des cérémonies voulues comme le point de départ d’une mobilisation durable des ONG suisses pour exiger le respect des droits des minorités au Brésil.
Marielle Franco était l’une des porte-parole des femmes noires pauvres – elle-même originaire de la favela de Maré. Militante sociale et défenseure des droits humains, féministe, lesbienne, elle était depuis 2016 conseillère municipale du Partido Socialismo e Liberdade (PSOL).
Depuis sa mort, le Brésil a vu accéder à la présidence le politicien d’extrême droite Jair Bolsonaro. «On présume qu’il y a un rapport entre la famille du président et les responsables du crime» (lire ci-dessous), explique Judith Reuser, représentante de la Voz do Cerrado, l’une des organisations ayant convoqué la manifestation.
Contre la violence machiste
Les politiques antisociales de M. Bolsonaro, ajoute-t-elle, constituent une menace majeure pour les mouvements sociaux, les défenseurs des droits humains et l’opposition politique. Plus particulièrement, «les indigènes, les sans-terre, la population noire, les habitants des favelas et la communauté LGBTIQ courent les plus grands dangers».
Et Judith Reusser de préciser que, trois mois avant la mobilisation nationale du 14 juin, «cette manifestation est un signal de solidarité internationale contre la violence machiste, le racisme et l’homophobie». Le meilleur hommage que l’on puisse rendre à la militante brésilienne assassinée, c’est «d’approfondir la solidarité avec les acteurs sociaux pour lesquels elle luttait».
L’appel à la manifestation bernoise, signé par vingt-six associations, syndicats et partis, préfigure une nouvelle étape de la solidarité avec les mouvements sociaux et populaires du Brésil. Une plate-forme commune est en voie d’adoption, avec des exigences envers la «Suisse officielle» contre l’exportation d’armes vers le Brésil et pour un conditionnement des échanges commerciaux au respect des droits humains fondamentaux. «Il est particulièrement important d’examiner si les entreprises tirent profit des violations des droits humains ou de la destruction de l’environnement», relève le document de base.
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EX-POLICIERS ARRÊTÉS
L’enquête sur l’assassinat de Marielle Franco a débouché mardi à Rio de Janeiro sur l’arrestation de deux anciens policiers. Les autorités de l’Etat carioca pensent tenir là les deux auteurs matériels de l’attentat qui avait également coûté la vie à Anderson Gomes, assistant de la conseillère municipale. R. L., un sergent à la retraite – ayant la particularité d’habiter le même condominium que le président Jair Bolsonaro! –, serait l’auteur des tirs. Son chauffeur présumé, E. V. Q., avait été expulsé de la police militaire pour ses liens avec une milice parapolicière. Selon la police, le crime a été longuement préparé et ses motifs politiques seraient incontestables. BPZ
Traduction: Hans-Peter Renk
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