Cultures associées,
avec le soutien
d’Attac-Genève
Présentent
par la compagnie « Sens Ascensionnel »
LE RAPPORT LUGANO
D’après Susan George
adaptation et mise en scène :
Christophe Moyer
avec Jean-Maximilien Sobocinski
Au Théâtre d’Onex-Parc Réservations :
A ONEX (Genève) 079.812 58 89
Vous connaissez sans doute Susan George, vice présidente d’Attac entre autres choses, américaine de naissance, française de choix, politologue au parcours intellectuel voué à la lutte contre l’injustice et essais dénonçant depuis 30 ans les scandaleuses injustices de notre planète, l’exploitation du tiers monde et en général des plus faibles. Par les plus forts.
En 1999, elle publie un nouvel ouvrage, une fiction – si l’on peut dire:
Le rapport Lugano, qui conte comment les « décideurs » de ce monde, nationaux, européens, internationaux, mettent en oeuvre les politiques ultralibérales de la mondialisation, tout en prétendant, sur la place publique, s’attaquer aux conséquences catastrophiques de cette même mondialisation.
Elle raconte comment un groupe d’experts « de haut niveau » réuni dans la plus grande discrétion à Lugano, dont l’identité reste secrète comme celle de leurs commanditaires bien sûr, diagnostique, les obstacles à la mondialisation et à l’ultra capitalisme du 21ème siècle et les moyens de les contrer, sans état d’ âme, préconisant les solutions les plus efficaces, les plus extrêmes et les plus terrifiantes, quelques unes finales même pour certaines populations.
Parmi les solutions, la fragmentation communautaire, les guerres intestines ou internationales, la malnutrition, les famines, les épidémies, et autres fléaux « naturels ».
En fait, il s’agit tout simplement de mettre en oeuvre un « dégraissage de l’humanité inutile » sur cette terre déjà encombrée de millions d’individus en trop, ceux qui sont nés aux mauvais endroits, les pauvres, les vieux, les perdants. Au profit des gagnants, au sommet desquels règnent et gouvernent les discrets et puissants commanditaires du Rapport Lugano, les thuriféraires de la sainte loi des libres marchés. Démonstration magistrale, implacable et édifiante.
Une pièce de théâtre a été tirée du livre, celle de Christophe Moyer, directeur de la
Compagnie « Sens ascensionnel », à Lille. Elle a déjà été représentée à Lille d’abord, à Avignon et à Paris, et aussi en traduction italienne.
C’est le comédien Jean-Maximilien Sobocinski, Jean Max pour les amis, qui en est le personnage unique du jeune technocrate brillant, sympathique et sans conscience.
Trois représentations seulement ce mois de janvier 2006, les 20, 21 et 22 janvier à 20h30 au Théâtre d’Onex-Parc à Onex, à quelques kilomètres de Genève. Ne les manquez pas.
Réservations: Tél. 079.812 58 89.
J’espère que vous viendrez, seul ou, mieux encore, accompagnés.
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Témoignage :
Le rapport Lugano, par la Compagnie Sens ascentionnels
samedi 26 novembre 2005. (Dans la même rubrique : Autres brèves parues dans « Manière de voir » de Novembre 2005
Metteur en scène : Christophe Moyer Interprétation : Jean-Maximilien Sobocinski
J’ai vu cette pièce à Créteil lors des « Rencontres de la Villette hors les murs » et j’y suis allée avec un peu de réticence. Sachant que cette pièce est l’adaptation du roman « Le rapport Lugano », implacable plaidoyer anti-mondialisation de Susan George, co-fondatrice et vice-présidente de l’association ATTAC, je craignais qu’il s’agisse d’un spectacle ennuyeux, centré sur une argumentation, sans grand ressort théâtral.
En fait il s’agit d’une pièce éblouissante, qu’il ne faut absolument pas manquer si elle passe dans votre ville. Sur scène, un fonctionnaire très terne, dans un environnement grisâtre, seul en scène devant son bureau pour tout décor, expose les conclusions du rapport d’un groupe de travail à ses commanditaires (que l’on ne voit pas). Il nous annonce que ce rapport a pour objectif « d’analyser l’avenir de l’économie capitaliste mondiale, d’identifier les menaces qui pèsent sur ce système et de recommander des stratégies de changement ». Même si on est sensible au sujet, on peut avoir des craintes sur ce que l’on va voir ! Et pourtant on ne s’ennuie pas une minute : toute la pièce est une sorte de suspense où dans un huit clos angoissant défilent l’analyse des menaces qui pèsent sur le capitalisme et les solutions extrêmes préconisées pour tenter de le sauver. L’angoisse tient en grande partie au fait que les éléments analysés aussi bien que les solutions envisagées n’ont rien de fictif : il s’agit de pratiques actuelles ou qui, à quelques virgules près, pourraient l’être ; pour ne pas déflorer la dynamique de la pièce je n’en donnerai pas d’exemple.
Il y a eu incontestablement un remarquable travail d’adaptation du roman pour le transposer en un spectacle serré et passionnant. En effet, pour Susan George son roman « long exercice de logique (…) dans lequel n’apparaît aucun personnage (…) aucune parole n’est prononcée » était « résolument anti-théâtral ». Bravo donc à Christophe Moyer qui assure en outre la mise en scène. Le minimalisme des moyens, le recours à un seul acteur (mais quel acteur ! Jean-Maximilien Sobocinski, absolument parfait dans son rôle de rapporteur terne, mais convaincu) participent à l’atmosphère assez terrifiante qui se dégage de la pièce.
A partir d’une diffusion actuellement encore confidentielle, Le rapport Lugano devrait dans un premier temps être relayée par tous ceux qui s’intéressent à la fois à la thématique et à l’excellence de la qualité théâtrale.