Une présence internationale pour répondre au postulat des OSC honduriennes

À l’occasion du processus d’apprentissage commun de Peace Watch Switzerland (PWS), de l’Entraide Protestante Suisse (EPER) et de KOFF lancé en 2016, les organisations de la société civile honduriennes ont clairement formulé leurs attentes : il faut donner davantage de poids aux actions de la société civile locale par le biais d’une présence et d’une prise de position internationale explicite sur les violations des droits humains commises par le gouvernement. Il s’agit là de l’un des rares leviers permettant de se faire entendre sur le « développement » imposé au pays : la participation des personnes impliquées à un modèle de développement qui consiste à exploiter des ressources naturelles par le biais d’investissements maximisant les profits, ce modèle étant imposé par une élite corrompue et liée au crime organisé, par des mesures d’intimidation, de criminalisation et de répression.

Début 2018, PWS a lancé le programme d’observation et d’accompagnement international des droits humains au Honduras. Il s’agit là de la réponse de PWS au postulat de l’OSC hondurienne.

PWS est physiquement présente dans les communautés rurales qui luttent contre les projets d’investissement affectant leur espace de vie. L’organisation accompagne les membres de ces communautés au quotidien, dans leurs démarches administratives, dans la formulation de leurs revendications ou dans leurs actions en justice. Elle crée ainsi un certain climat de confiance au sein des communautés. La proportion d’accompagnements judiciaires a plus que doublé au cours des dernières années. Les parties au procès, les juges et les avocat·e·s confirment que la présence physique de PWS au tribunal facilite le travail de la justice, favorisant ainsi une plus grande transparence juridique.

PWS documente ses observations et constitue une banque de données empiriques. A l’aide de différents cas concrets – PWS accompagne actuellement neuf communautés – l’organisation établit un état des mécanismes courants de violations du droit et des droits de l’homme contre une population civile rurale qui revendique la cogestion de son espace de vie. La présence physique et la documentation sur le long terme permettent à PWS d’être étroitement liée aux différents processus et de les rapporter avec précision.

En fin de compte, PWS fait partie d’un réseau d’ act·eur·rice·s qui, à différents niveaux, renforcent l’action de la société civile par un accompagnement international. Dans les cas critiques, l’organisation s’adresse aux acteur·rice·s stratégiques afin qu’iels puissent intervenir sur la base de leur documentation. Ainsi, en octobre 2020, PWS a rapporté que des leader·e·s d’une communauté qu’elle accompagne ont été victimes d’une série d’agressions et de menaces violentes, a informé la plateforme des OING et la DDC. La DDC a transmis ces informations, de sorte que PWS et les victimes puissent être invitées à une audition lors de la prochaine réunion en présence des représentations gouvernementales internationales et du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) au Honduras. Le soutien de tel·le·s acteur·rice·s disposant d’une latitude bien supérieure à celle de PWS renforce son action protectrice à la fois pour celle et ceux qu’elle accompagne et pour elle-même en tant qu’institution exposée.

Par l’encadrement consulaire de ses intervenant·e·s suisses, la DDC est un partenaire stratégique important pour PWS. Cette coopération étroite permet un échange permanent entre la DDC et PWC. A de nombreuses reprises, la DDC a pu accorder à PWS un accès décisif à la plate-forme des représentations gouvernementales internationales et au Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme au Honduras. La fin de ce partenariat après 2024 constituera une perte importante pour nous et nos partenaires.

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*Processus d’apprentissage commun de 2016 sur les droits de l’homme et l’espace de la société civile

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