Quelques brèves concernant l’Amazonie et les Indigènes du Brésil AYA Info – No 115 Genève, le 14 mars 2017

« AYA Info » est en ligne sur deux sites Internet : Humanitaire.ws et MCI

 

Dixième anniversaire de AYA

Ce prochain mois d’avril, AYA – Appui aux indiens Yanomami d’Amazonie, soufflera ses dix bougies. L’association a été créée quelques semaines après une rencontre ayant réuni, au début de 2007 à Onex/Genève, les amis de Silvio Cavuscens. Ceux-ci ont décidé de créer cette petite ONG pour soutenir l’entité animée par Silvio, le « Service et Coopération avec le peuple Yanomami – SECOYA » dont le siège est à Manaus. Á travers divers engagements, Silvio a maintenant une quarantaine d’années de coopération avec les indiens d’Amazonie. Une expérience bien utile pour éviter, aux bien intentionnées Helvètes que nous sommes, de commettre des erreurs dans une relation avec un Peuple d’une toute autre culture.

Les dons des membres, mais aussi l’appui de plusieurs municipalités genevoises, ont permis, par exemple, la construction de deux centres de santé, la formation d’agents indigènes de santé, l’achat et l’équipement d’une pirogue, l’installation d’un système de purification de l’eau dans trois villages, contribuant à réduire très sensiblement la dénutrition et la mortalité infantiles. Lors de la réunion de AYA, tenue à Onex le 16 février dernier, Sylvie Petter, l’infirmière en charge du programme « Santé » de la Secoya, a exprimé les remerciements de l’organisation pour laquelle elle travaille depuis six ans.

Une autre manière de célébrer ce dixième anniversaire a été de participer, les 24 et 25 février derniers à la manifestation organisée par la Commune de Plan-les-Ouates qui rendait compte à ses habitants de l’utilisation qui a été faite des crédits consacrés à la coopération internationale et à la solidarité locale.

AYA tient à remercier les habitants et les responsables des communes de Bernex, Lancy, Meyrin, Onex, Plan-les-Ouates, Vandœuvres et la Ville de Genève, mais aussi la Communauté d’Écogia qui ont permis d’apporter une aide diversifiée aux activités de la Secoya et, par elle, aux Yanomami de l’État d’Amazonas.

 

Succès de l’expo du MEG consacrée à l’Amazonie

« Amazonie. Le Chamane et la pensée de la forêt« , l’exposition organisée par le Musée d’Ethnographie de Genève – MEG entre le 20 mai 2016 et le 8 janvier 2017 a connu un franc succès : près de 83’000 visites sur la durée totale de la manifestation. Le public a pu participer à de nombreux événements liés au thème de l’exposition, tels des rencontres avec des leaders indigènes, la projection de films, dont plusieurs en partenariat avec le Festival Filmar en América Latina.

Le 22 septembre, l’exposition a reçu la visite de Sônia Bone Guajajara, la coordinatrice de l’Articulation des Peuples Indigènes du Brésil – APIB. Sônia est l’une des femmes qui, depuis quelques années, animent le mouvement indigène brésilien. Elle était à Genève à l’occasion de la présentation, devant le Conseil des droits de l’homme, du rapport rédigé par Mme Victoria Tauli-Corpuz, la rapporteuse spéciale de l’ONU sur les droits des peuples indigènes. Un document consacré à la situation vécue par ces peuples au Brésil*.

Dans le cadre d’un « Grand Bazar », le 6 novembre 2016, lors d’un « Rallye des familles », une activité participative, les associations genevoises Aquaverde et le Mouvement pour la Coopération Internationale – MCI, ont eu l’opportunité de présenter leur activité en Amazonie. Une occasion de sensibiliser le public aux préoccupations actuelles des Amérindiens. C’était aussi le moment de rappeler que plusieurs collectivités publiques, dont la Ville de Genève, apportent leur appui à des organisations indigènes et indigénistes de l’Amazonie. Cela par l’intermédiaire de plusieurs ONG de coopération : Terre des Hommes Genève, Le MCI et l’Association d’appui aux Yanomami d’Amazonie – AYA.

L’exposition du Musée d’Ethnographie sera présentée au Musée de Pointe-à-Caillère de Montréal (Canada) du 17 avril au 22 octobre 2017.

 

Un nouveau ministre de tutelle de la FUNAI

Le 6 mars, Michel Temer, le président de la République a nommé Osmar José Serraglio nouveau Ministre de la Justice et de la Sécurité publique en remplacement d’Alexandre de Moraes désigné, lui, pour occuper un poste de juge au Tribunal Suprême Fédéral. Le Ministère de la Justice chapeaute la Fondation Nationale de l’Indien – FUNAI (celle-ci vient de changer de président).* Le nouveau ministre était député fédéral du Paraná, membre du Parti du Mouvement Démocratique Brésilien – PMDB. À la Chambre des Députés, il a présidé la Commission Constitution, Justice et Citoyenneté. Il a été rapporteur favorable à la Proposition d’Amendement Constitutionnel – PEC 215/2000 qui veut transférer la décision finale de démarcation des Terres Indigènes du Gouvernement au parlement. Il était également membre du Front parlementaire mixte de l’agriculture et de l’élevage dont les positions anti-indigènes sont connues.

Dans une interview publiée par la « Folha de São Paulo« , le ministre est d’avis qu’il faut arrêter avec la discussion sur les Terres [indigènes] : »Les Terres ne remplissent le ventre de personne« .

Cette déclaration a fait réagir l’Articulation des Peuples Indigènes du Brésil – APIB :

« Pour pacifier la crise sur le terrain, il suffit que ce monsieur ordonne de désarmer les milices et les fazendeiros de l’agrobusiness qui assassinent les leaders indigènes du Brésil et d’appliquer la Constitution qui a déterminé, il y a 29 ans, que l’Union devait démarquer les Terres Indigènes dans un délai de cinq ans. »

Le Secrétariat spécial de santé indigène – SESAI a également changé de titulaire. Le 21 février, le Ministre de la Santé a nommé Marco Antônio Toccolini en remplacement de Rodrigo Sérgio Garcia Rodrigues. Selon une note de l’Institut Socioambiental, reprise par le Conseil Indigéniste Missionnaire – CIMI, le nouveau responsable a été proposé par le PMDB.

* Voir « AYA Info » No 114 du 3 février 2017.

 

Un nouveau film de Daniel Schweizer : « Trading paradise »

On sait que la Suisse est l’une des principales places mondiales du commerce des matières premières. Une activité qui s’exerce généralement en toute discrétion. Le cinéaste Daniel Schweizer veut aller à contre-courant de cette discrétion. Son dernier film sur le sujet, « Trading Paradise« , sort sur les écrans de Suisse romande ce mois de mars. Il s’agit d’un documentaire par lequel le producteur veut poursuivre son travail portant sur la responsabilité de la Suisse dont certaines entreprises, parmi les plus puissantes au monde, ont des comportements à risque à l’étranger, en particulier au Pérou et au Brésil. Il a voulu combler un vide sur la problématique du commerce et des entreprises extractives.

Ce film, avec « Dirty Paradise  » de 2010* et « Dirty Gold War » de 2015**, clôt une forme de trilogie sur l’impact de l’exploitation minière sur les communautés, notamment autochtones, proches des sites. Par exemple, les Xikrin du Rio Cateté, voisins de la mine de nickel Onça Puma de Vale SA dans l’État brésilien du Pará.

Questionné sur la capacité des films documentaires à changer le monde, Daniel Schweizer est d’avis que :

« Des films qui défendent un parti pris fort, dévoilant des réalités peu connues et travaillant en immersion avec leurs protagonistes peuvent permettre de changer la perception de ce qui se joue dans le monde. En préparant sur de longues périodes des films documentaires, en filmant de l’intérieur et en empathie, en accompagnant ses personnages, recueillant leurs confidences, en étant proche d’eux, plutôt que d’adopter une posture de voyeur ou d’observateur indifférent, je suis persuadé que le cinéma documentaire a une force et une raison d’être. Le documentaire indépendant doit s’éloigner du reportage afin de poser un autre regard sur le monde et sa complexité. »

Interviewé dans le film sur la responsabilité de la Suisse, Dick Marty, l’ancien procureur et politicien est clair, il assimile ce qui se passe au sujet de ces multinationales avec les différentes affaires qui ont marqué la vie politique helvétique : les fonds en déshérence, le secret bancaire… Tôt ou tard la Suisse devra revoir son attitude.

Coïncidence, ce film arrive en appui au débat déjà suscité par l’initiative populaire « Entreprises responsables – pour protéger l’être humain et l’environnement » lancée en mai 2015 et déposée au Palais fédéral, à Berne le 10 octobre 2016. Munie des 120’000 signatures réglementaires, elle devra être soumise aux citoyens helvétiques.

À Genève, « Trading Paradise » a été présenté par l’ONG Swissaid dans le cadre du Festival du Film Vert – FFV, le 9 mars, à la Salle Communale des Délices du Grand-Saconnex et le sera encore le 16 mars en Ville de Genève, au cinéma Scala, en collaboration avec le Festival du Film et Forum International sur les Droits Humains – FIFDH 2017.

 

* Voir « AYA Info » No 48 du 28 mars 2010. ** Voir « AYA Info » No 101 du 30 mars 2015

Le dossier de presse du film peut être consulté à cette adresse :

https://www.swissaid.ch/sites/default/files/TP_Presskit_FR-3.pdf

 

Bernard Comoli

 

Important :

– L’activation des liens hypertextes (en brun orange) renvoie aux sources utilisées pour la rédaction de ce bulletin. Elles sont souvent en portugais, sauf quand il s’agit d’anciens « AYA Info ».

PS : Ces brèves sont souvent reprises, détaillées et parfois illustrées, dans un blog du quotidien « La Tribune de Genève » à l’adresse suivante : http://bcomoli.blog.tdg.ch

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