Quelques brèves concernant l’Amazonie et les Indigènes du BrésilAYA Info – No 45 – Genève, le 22 décembre 2009

Les garimpeiros sont plus nombreux dans l’aire indigène Yanomami; La sécheresse en Amazonie; Jacir José de Souza reçoit le prix Chico Mendes 2009; Confirmation de la condamnation de l’assassin de Dorothy Stang; La FUNAI et la protection des indigènes isolés.

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Garimpeiros plus nombreux dans l’aire indigène Yanomami
Alertés par les fréquents survols de leur territoire par des avions légers, habituellement utilisés pour le ravitaillement de garimpeiros (chercheurs d’or), les Yanomami de la communauté de Hoyamoú ont localisé ces derniers le 22 novembre, sur les rives du rio Mucajaí, dans la partie de la Terre indigène Yanomami qui se trouve dans l’État de Roraima. La présence des Yanomami a été décelée par un chien appartenant aux garimpeiros. Ceux-ci ont tiré des coups de feu en direction des indiens qui se sont enfuis sans avoir été atteints. Quelques jours plutôt, Hutukara Associação Yanomami – HAY qui rapporte ces faits, avait signalé la présence de garimpeiros installés à proximité de la communauté Maharau sur le rio Couto Magalhães, également dans l’État de Roraima. Le 27 novembre, les responsables de l’HAY ont adressé un courrier à la Fondation Nationale de l’Indien – FUNAI et à la Police fédérale pour alerter les organes fédéraux sur les risques des graves conflits entre indiens et garimpeiros. Ils demandent l’application de mesures efficaces susceptibles de mettre un terme à la pratique illégale de l’orpaillage dans la Terre Indigène Yanomami. L’organisation indigène estime que l’action « Escudo Dourado » (Bouclier doré), conduite quelques semaines plus tôt par l’armée et la police fédérale pour désactiver les chantiers d’orpaillage avait été un échec. L’orpaillage s’est amplifié avec la remontée des cours de l’or sur le marché international. Cette recherche de l’or a de graves répercussions sur la santé des indigènes et l’environnement. Dans le passé, elle a été à l’origine d’incidents violents dans la région. En 1993, un conflit entre garimpeiros et Yanomami avait provoqué le mort de 16 indigènes de la communauté de Haximu. La Police Fédérale affirme avoir survolé, les 30 novembre et 1er décembre derniers, la zone indiquée par les Yanomami sans avoir constaté la présence de garimpeiros, ni trouvé de traces de leur activité.
Pour en savoir plus (en portugais) : http://www.socioambiental.org/nsa/detalhe?id=3009 et
La sécheresse en Amazonie
Après une crue exceptionnelle du Rio Negro au mois de juin, la plus importante depuis 1902, c’est maintenant « El Niño », qui fait des ravages en Amazonie. La région connaît une sécheresse, également exceptionnelle. Celle-ci a de graves conséquences pour la population : ravitaillement difficile, pénurie d’eau potable, liaisons fluviales interrompues, hécatombes de poissons… L’accès aux localités de Santa Isabel do Rio Negro et São Gabriel da Cachoeira n’est possible que par avion. L’état d’urgence a été décrété dans une quinzaine de municipalités. Dans plusieurs régions, comme à Manaus, la fumée dégagée par les brûlis assombrit le ciel et incommode la population qui souffre d’irritation des yeux et des voies respiratoires. Selon l’Organisation Météorologique Mondiale – OMM, le phénomène pourrait persister jusqu’au début de 2010.
Jacir José de Souza reçoit le prix Chico Mendes 2009
Le 8 décembre à Brasilia, Jacir José de Souza, a reçu le prix Chico Mendes de l’Environnement des mains de Carlos Minc, le ministre de l’environnement. Ce prix, créé en 2002, veut stimuler et valoriser les initiatives de préservation de l’environnement en Amazonie. Jacir, indien Macuxi de 62 ans, a été distingué dans la catégorie « Leader individuel ». Il a commencé à participer aux assemblées générales des Tuxauas (chefs de villages) quand il avait 20 ans. En 1977, il a été désigné Tuxaua de la communauté de Maturuca, le centre de la résistance indigène en faveur de la reconnaissance de la Terre Indigène Raposa Serra do Sol (État de Roraima). Dans les années 80, il a milité en faveur de la création du Conseil Indigène de Roraima – CIR. En 1989, il a participé activement à la création de la Coordination des Organisations Indigènes de l’Amazonie Brésilienne – COIAB, dont le siège est à Manaus. Il était l’un des onze leaders qui, à cette époque, en assuraient à tour de rôle le secrétariat. Il a été ainsi l’un des partenaires du Mouvement pour la Coopération Internationale – MCI, l’entité genevoise qui a soutenu la COIAB dès sa fondation jusqu’en 2004. Jacir est justement récompensé pour plus de 30 années d’un engagement fidèle consacré à sa propre communauté, aux peuples indigènes de l’État de Roraima et d’Amazonie. Le MCI et l’association « Appui aux indiens Yanomami d’Amazonie » – AYA tiennent à lui exprimer ses très vives félicitations. La communauté de Maturuca se prépare déjà à recevoir le Président Lula pour célébrer, en avril 2010, le cinquième anniversaire de la signature du décret d’homologation de Raposa Serra do Sol comme Terre Indigène.
Pour en savoir plus (en portugais) : http://www.cir.org.br/noticias.php?id=651 et
Confirmation de la condamnation de l’assassin de Dorothy Stang*
L’avocate de la défense de Rayfran das Neves Sales, reconnu coupable d’avoir assassiné, le 12 février 2005, la missionnaire américano-brésilienne Dorothy Stang, avait demandé un nouveau jugement de son client. Elle voulait obtenir une réduction de peine et, au-delà, une liberté conditionnelle. Récemment, le coupable a affirmé avoir agi seul et non pas pour le compte de deux fazendeiros comme il l’avait dit précédemment. Si cette argumentation avait été acceptée par la justice, cela aurait entraîné une peine plus légère pour le coupable, et elle aurait innocenté les fermiers accusés d’être les mandants de l’assassinat. Le 10 décembre, le Tribunal de justice de Belém (État du Pará) n’a pas accédé à la demande de la défense. Il n’est pas entré dans un nouveau jugement. La condamnation à 27 ans de prison prononcée en décembre 2005 à l’encontre du coupable est maintenue.
*Voir AYA Info Nos 35 et 38
Pour en savoir plus (en portugais) :
La FUNAI et la protection des indigènes isolés
La Fondation Nationale de l’Indien – FUNAI a organisé une expédition dans le nord–est de la Terre Indigène de la Vallée du Javari pour confirmer la présence de groupes d’indigènes isolés. L’expédition, composée d’une dizaine de spécialistes, doit durer deux mois. Elle est partie le 2 décembre de Tabatinga (État d’Amazonas). Elle doit cartographier une zone d’environ 5’000 km2 de la région du Rio Boia. Dans la Vallée du Javari, la Fondation estime qu’il y aurait 21 groupes isolés, dont 12 pour lesquels elle a des indices confirmés de présence. Sur l’ensemble de l’Amazonie légale, la FUNAI estime à 60 le nombre de groupes qui vivent sans contact avec la société environnante. La politique actuelle de la Fondation à leur égard n’est pas d’établir le contact, mais d’identifier leur existence, démarquer leurs terres et respecter leur isolement volontaire qui est la meilleure forme de protection. Le quotidien « O Estado de São Paulo » couvre l’expédition*. Dans l’édition du 20/12, il est annoncé que la FUNAI a l’intention de renforcer les six « Fronts de protection des peuples isolés » existants, et d’en créer cinq autres avant la fin de 2010. Cette décision trouve son origine dans l’augmentation de la pression des fronts économiques, asphaltage des routes, projets d’exploitation forestière et minière, construction d’usines hydroélectriques, ouvrages qui mettent en danger la survie des groupes isolés.
Pour en savoir plus (en portugais) : http://www.funai.gov.br/ >Expedição da FUNAI… et
« AYA Info » souhaite un Bon Noël et une Bonne Année 2010 à ses lectrices et lecteurs. « AYA Info » espère également que 2010 soit une année de progrès significatifs pour le respect des droits des Peuples indigènes du Brésil.

Bernard Comoli (avec l’aide de Silvio Cavuscens)

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