Quelques brèves concernant l’Amazonie et les Indigènes du BrésilAYA Info – No 35 Genève, le 23 janvier 2009

Chico Mendes, vingt ans déjà ! Nicolas Sarkozy au Brésil, Arrestation d’un meurtrier présumé de Dorothy Stang, Moins d’indigènes assassinés en 2008, Le Forum Social Mondial à Belém.

« AYA Info » peut être consulté sur les sites Internet :
Chico Mendes, vingt ans déjà !
Le 22 décembre 1988, Francisco Mendes Alves Filho, dit Chico Mendes, était assassiné à la porte de sa maison à Xapuri, une localité de l’État d’Acre au Nord Ouest du Brésil. Il était âgé de 44 ans, marié et père de deux enfants. Il a été assassiné pour avoir mené une lutte intense, en faveur des peuples de la forêt, contre les intérêts des fazendeiros de sa région. Militant politique et syndical, il a proposé l’union des peuples de la forêt dont la première réunion a eu lieu en 1989*, peu de temps après sa mort. En 1985, il a été l’un des fondateurs du Conseil National des Seringueiros (CNS), ces récolteurs du latex des hévéas. Il s’est encore engagé pour la création de réserves « extrativistes » (RESEX) qui sont des zones destinées à l’usage des populations vivant de la récolte des fruits et autres produits de la forêt, dont la récolte du latex. Pour ces peuples, « l’extrativisme » signifie vivre en harmonie avec la nature, faire usage des ressources de manière soutenable, enlever sans abattre, extraire sans causer de dommages. C’est un usage non prédateur de la forêt toujours défendu par le CNS. Il y a actuellement plus d’une cinquantaine de RESEX au Brésil. Une des premières à avoir été créée en 1990, porte le nom de Chico Mendes. Elle a une superficie de 9’700 km2. Elle est située dans l’État d’Acre. L’anniversaire de la mort de ce leader a été marqué par plusieurs manifestations. Ainsi, le Ministère de l’environnement et l’État d’Acre ont chacun créé un prix « Chico Mendes » qui est remis à des personnalités ou institutions agissant pour la protection de l’environnement. Depuis 2007, l’administration brésilienne chargée de la gestion des différentes Unités de Conservation (UCs) est l’Institut Chico Mendes de Conservation de la Biodiversité (ICMBio). Une ONG, créée en 2006 dans l’Etat du Paraná, porte également son nom. Chico Mendes a laissé une trace dans l’histoire récente du Brésil.
* Voir AYA no 16
Nicolas Sarkozy au Brésil
Les 22 et 23 décembre 2008, le président français, Nicolas Sarkozy et à ce moment-là, pour quelques jours encore, président de l’Union Européenne, était en visite au Brésil. La presse a fait largement écho aux contrats signés entre la France et le Brésil dans le domaine de l’armement. Le volet « amazonien » des accords entre les deux pays a reçu moins de publicité. Selon le site « amazonia », plusieurs accords ont été signés en relation avec l’Amazonie, notamment la mise en place d’un réseau d’études sur la biodiversité qui, selon « Le Monde », a fait l’objet d’une année de négociations. Un autre accord concerne la lutte contre l’orpaillage illégal en Guyane française*. Au cours de sa visite, le président français a également lancé « França.br 2009 », l’année de la France au Brésil.
*Voir « AYA Info » Nos 24 et 25
Pour en savoir plus (en portugais) : http://www.amazonia.org.br/noticias/noticia.cfm?id=296153,
« Le Monde » des 20, 23 et 24/12/08
Arrestation d’un meurtrier présumé de Dorothy Stang
Il y a quatre ans, le 12 février 2005, Dorothy Stang, une religieuse d’origine américaine naturalisée brésilienne était assassinée par des « pistoleiros » sur un chemin de campagne, dans les environs d’Anapu, une localité de l’État du Pará. Elle était âgée de 73 ans. En raison de son engagement en faveur des petits paysans et contre la déforestation, elle était menacée par des fazendeiros. L’un d’entre eux, Regivaldo Pereira Galvão, a été arrêté le 26 décembre pour escroquerie et « grilagem » (élaboration de faux titres de propriété). Il est également soupçonné d’avoir été l’un de ceux qui ont commandité l’assassinat de la religieuse. Cette arrestation est l’occasion pour les autorités brésiliennes de rouvrir le dossier « Dorothy Stang ». Pour les organisations de défense des Droits de l’homme, la manière dont a fonctionné la justice pour une partie des personnes impliquées dans cet assassinat, est un exemple de l’impunité dont peuvent jouir certains criminels. Pour Henri Burin des Roziers, avocat et dominicain qui s’est exprimé sur les ondes de radio Vatican, cette arrestation est un signe d’espoir. Le 10 décembre 2008, à l’occasion d’une séance plénière de l’Assemblée générale de l’ONU qui célébrait le soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, Dorothy Stang, à titre posthume, a reçu avec d’autres personnes et organisations, le Prix des Nations Unies pour la cause des droits de l’homme.
Pour en savoir plus (en portugais et en français) :
Moins d’indigènes assassinés en 2008
Selon un relevé préliminaire publié le 13 janvier par le Conseil Indigéniste Missionnaire (CIMI), 53 indigènes ont été assassinés dans neuf États du Brésil en 2008. Il y en avait eu 92 en 2007*. Le CIMI attire l’attention sur la grave situation du peuple Guarani Kaiowa dans l’État du Mato Grosso do Sul où, pour une population de quarante mille personnes, il a relevé 74 cas de suicides et d’assassinats, quasiment autant qu’en 2007 (75 cas). Le CIMI annonce qu’il publiera, en mai prochain, un rapport sur les violations des droits des indigènes dans le pays.
*Voir AYA Info No 28
Le Forum Social Mondial à Belém
La neuvième édition du Forum Social Mondial (FSM) se déroulera du 27 janvier au 1er février 2009 à Belém, la capitale de l’État du Pará, sur les rives de l’Amazone. Les assemblées, ateliers, séminaires, cérémonies et activités culturelles auront lieu sur le campus de l’Université Fédérale du Pará (UFPA) et sur celui de l’Université Fédérale Rurale de l’Amazonie (UFRA). Selon une information diffusée le 18 janvier sur le site des Amis de la Terre (Brésil), les organisateurs avaient reçu quatre-vingt-deux mille inscriptions à la mi-janvier. Le 28 janvier sera un jour particulièrement consacré à l’Amazonie. La SECOYA (Service et Coopération avec le peuple Yanomami), le partenaire de AYA, participera au FSM. Sa délégation sera majoritairement composée d’indiens Yanomami. Cette rencontre mondiale est importante pour les indigènes brésiliens qui vivent une période difficile de leur histoire. La Coordination des Organisations Indigènes de l’Amazonie Brésilienne (COIAB) a déjà annoncé l’embarquement, le 20 janvier, à Manaus pour Belém, d’une forte délégation indigène. Elle a publié le programme de plusieurs manifestations et rencontres qui auront lieu au cours du Forum. La délégation suisse, coordonnée par « Alliance Sud » et « E-Changer », sera composée d’une cinquantaine de personnes. Du 3 au 10 février, il est prévu qu’elle se rende dans des communautés Yanomami du rio Marauiá, dans l’État d’Amazonas.
Pour en savoir plus (en français et en portugais) : http://www.fsm2009amazonia.org.br/,
Bernard Comoli (avec l’aide de Silvio Cavuscens)

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