Bilan de 5 ans d’activités auprès de l’UMP-BA

Au mois de décembre 2011, nous avons entamé notre processus d’évaluation de notre partenariat de pair avec la coordination du programme Brésil d’E-Changer et les acteurs du mouvement local. Nous nous proposons dans ce dernier article d’en faire un écho succinct.
 
Le contexte :
 
Notre insertion s’est déroulée dans un contexte politique relativement propice dans la mesure où le Gouvernement Fédéral de Lula a mis en place plusieurs politiques publiques d’intérêt social, notamment au niveau des logements sociaux. De plus, le Gouvernement de l’Etat de la Bahia a été remporté par le PT, ce qui a rendu possible un bon nombre de synergies entre les différents niveaux des Gouvernements.
 
La réforme urbaine a profité d’une conjoncture où les intérêts des grandes entreprises de construction civile se sont conciliés avec la démultiplication de construction de logements sociaux. Les puristes diront bien évidemment que les derniers programmes du Gouvernement Fédéral tel que « Minha Casa, minha vida » n’ont pas tant servi la réforme urbaine, mais ont plutôt constitué un moyen de combattre la crise en soutenant le marché interne. Néanmoins, l’objectif de construire un million de logements a été atteint et la rénovation du programme en prévoit aujourd’hui le double. Le 10% de cet objectif a été confié aux mouvements sociaux laissant entrevoir un énorme défi. Au contraire, le FNHIS (Fonds National pour l’Habitat d’Intérêt Social) n’a pas beaucoup évolué, malgré le fait qu’il représente la plus grande victoire des mouvements sociaux des dernières décennies. Aujourd’hui, le Gouvernement de Dilma imprime une continuité à la politique mise en place par Lula. Le « Minha Casa, minha vida II » illustre parfaitement ce prolongement dans lequel les mouvements ont réussi à vaincre une partie des entraves bureaucratiques en simplifiant les procédures, normes et critères d’adhésion à ces programmes, même s’il reste encore beaucoup à faire pour améliorer leur efficience.
 
L’UMP-BA s’est placée en pionnière dans le cadre de développement de projets de construction à l’instar de ces deux premiers projets de Paripe et Estrada Velha do Aeroporto financés par le programme du « Crédit Solidaire ». L’expérience faite au niveau de ces deux projets a permis d’ouvrir la voie à de nombreux autres. Aujourd’hui l’UMP-BA planifie plus de 8 de construction de quartiers dans la Bahia et 2 projets d’urbanisation en partenariat avec le Gouvernement de l’Etat de la Bahia.
 
De plus, le rapprochement entre le Gouvernement pétiste et les mouvements sociaux a créé un contexte de dialogue où la société civile a investi des espaces de participation populaire dans la mise en place de nouvelles politiques publiques, espaces tel que la Conférence des cités, le Conseil des cités et l’application de nouvelles  « technologies sociales » qui rendent possible une démocratie directe à travers les Plans Locaux de Développement Communautaire. Toutefois, malgré une description qui semble très favorable, nous soulignons le fait que ces espaces méritent d’avoir un impact plus grand dans le développement de politiques publiques, car, s’il existe un dialogue, le Gouvernement n’intègre pas forcément ces méthodes de démocraties directs dans le cadre de ses décisions. Cela engendre à terme un certain discrédit auprès de la société civile et déstimule de nouvelles personnes à participer à ces nouveaux mécanismes de participation populaire.  
 
L’UMP-BA à notre arrivée :
 
En 2006, les statuts de l’UNIÃO por Moradia Popular existaient depuis deux ans et les différentes communautés et leadership affiliés s’articulaient depuis 1999. Ils avaient commencé à se rencontrer à partir des revendications de quartiers populaires qui se plaignaient de la Gouvernance liée au projet « Viver Melhor », ancien nom pour l’actuel programme d’urbanisation « Dias Melhores ».  L’UNIÃO avaient ensuite fomenté 4 projets de construction de quartiers (Paripe, Estrada Velha do Aeroporto, Lauro de Freitas et Feira de Santana) et un partenariat de taille auprès de Centre de Coopération Suédois qui finançait bon nombres de leurs activités. La coordination étaient composée de 17 membres et le siège administratif comptait sur 5 employés.

 
Nos résultats directs en 5 ans :
 
Les premiers pas au sein de l’UMP-BA ont été largement inspirés par notre cahier des charges initial, soit renforcer institutionnellement l’UMP-BA avec, entre autres, la mise en place la communication du mouvement. Communiqués de presse, plaquettes, présentations powerpoint, journal interne, site internet, banque de photos, radio communautaire de Paripe, cadre blanc de planification interne et de monitoring, ainsi que liste de diffusion ont été produits dans un premier temps. Puis, une équipe de communication a été créée et formée pour prendre la relève.
 
La confiance engendrée par les premiers résultats ont permis d’investir d’autres espaces de travail. Nous avons contribué à l’empouvoirement des différentes équipes de travail, notamment celle qui a organisé les ateliers de sensibilisation auprès des familles dans les projets de construction, ainsi que celle qui s’est attelée à travailler sur les projets d’urbanisation et d’intégration sociale. Nous avons aussi largement contribué à renforcer les commissions de gestion des projets, tout particulièrement celles d’Estrada Velha do Aeroporto et de Paripe. L’UMP-BA a du reste intégré l’idée de former toutes ses nouvelles commissions à partir des expériences déjà vécues.
 
Nous avons aussi investi pendant 5 ans le siège de l’UMP-BA où nous avons fait notre possible pour améliorer l’organisation interne du mouvement. A souligner, il ressort de notre évaluation finale que nous avons, à travers nos attitudes, privilégié et valorisé les décisions collectives et contribuer à la mise en place une dynamique de gestion participative.
 
Enfin nous avons contribué au travail en réseau du mouvement.  Nous avons renforcé les associations affiliées au mouvement (Santa Rosa de Lima, Associação 20 de Novembro, AMAR, Cooperativa Raiz do Povo de Israel), travaillé directement avec les autres mouvements MSTS, Frente de luta MSTB, CMP, Movimento 2 de julho, principalement lorsqu’il s’agissait d’organiser des manifestations en commun. De plus, nous avons travaillé avec les différents réseaux d’entités de la région de Pau da lima/Sussuarana, du Subúrbio et de la Péninsule de Itapagipe dans l’optique de définir des positions communes afin de défendre les intérêts de la société civil pour son développement durable et territorial dans le cadre de politiques publiques.

 
L’UMP-BA à notre départ :
 
En plus de 13 ans d’activités, l’UMP-BA a acquis une bonne crédibilité que ce soit au niveau des interlocuteurs du Gouvernement, d’autres institutions ou encore de la base des sans-toit. Le mouvement se différencie des autres par le fait qu’il a toujours choisi d’entreprendre des projets et qu’il travaille dans toute la Bahia. Toutefois l’UMP-BA s’articule avec les autres mouvements dans le cadre de manifestations et parviennent à mobiliser plus de 2000 personnes le cas échéant. Sur 1565, en 2012, ce ne sont pas moins de 700 familles qui devraient recevoir leurs clés. A notre départ, l’UMP-BA compte 5 chantiers de quartier, 3 projets approuvés,  2 zones d’intégration sociale et d’urbanisation et quelques projets complémentaires. Sa coordination est composée de 20 membres et son corps technique s’articule en 6 équipes. Ce ne sont pas moins d’une bonne quinzaine d’employés sur lesquels l’UMP-BA peut s’appuyer regroupant différents pôles de compétences : ingénieurerie, architecture, urbanisme, administration, psychologie, pédagogie, sociologie et travail social. Si l’UMP-BA a réussi son pari de devenir un mouvement capable de construire, il a aussi réussi à s’habiliter pour travailler la question d’urbanisation et d’intégration sociale conjointement au Gouvernement. Dans le futur, l’UNIÃO entend travailler cette même question d’urbanisation, de construction et de requalification des logements en conservant son principe d’autogestion. Une nouvelle perspective qui pourrait bien apporter une possibilité de plus dans l’optique de transformer les favelas brésiliennes en quartiers dignes. Un doux rêve.
 
Finalement, l’UMP-BA a beaucoup grandi, mais reste néanmoins un mouvement fragile, financièrement surtout. 2012 constitue sans aucun doute un moment clé pour le futur du mouvement. Toutefois certains projets complémentaires permettent de penser que l’UMP-BA aura les moyens en 2012 de se maintenir et de gagner encore en force pour les années à venir. Dans cette optique, Olivier est devenu responsable du projet UrbaBahia qui finance un noyau technique (Architecte, ingénieur, administrateur et sociologue) au sein de l’UMP-BA grâce aux fonds de la Ville de Genève et l’ONG UrbaMonde. Ce nouveau projet de 3 ans permettra de prolonger le lien avec l’UMP-BA et d’assurer en quelque sorte que le mouvement et ses activités se pérennisent.

COT

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