Au Nicaragua, le Front Sandiniste a gagné haut la main les élections municipales

Plus de 80% de votants ont soutenu le parti à Managua, la capitale de plus de 2 millions d’habitants, pour une moyenne nationale de 70% dans le reste du pays. 
Lazaro Cardenas, chef de la mission de l’Organisation des Etats américains (OEA), a relevé bon déroulement de ces élections, qui se sont passées dans le calme et sans évidence de fraude. L’Institut pour le développement et la démocratie, une ONG locale, a abondé dans le même sens. Ces deux organisations n’ont formulé que des recommandations techniques pour améliorer encore le bon déroulement des élections. Cette fois-ci, l’opposition n’a pu réellement que s’accrocher à la participation au vote qui n’a atteint que 56% des inscrits (ce qui serait probablement un record dans notre chère démocratie helvétique!) pour parler de «l’échec» de Daniel Ortega, dirigeant historique du FSLN et à nouveau président du Nicaragua depuis 2006. Il y a 5 ans, elle avait crié à la fraude, contestant en particulier les résultats de la mairie de Managua. 
C’est la victoire d’un vrai projet politique qui a été encore plébiscité ce 4 novembre. Elle renforce la gauche latino-américaine et le processus de l’Alliance bolivarienne pour les peuples, (ALBA) lancée par le président Hugo Chavez du Venezuela et qui coordonne les relations sociales et économiques solidaires entre le Venezuela, l’Equateur, la Bolivie, Cuba et le Nicaragua.
 
Le peuple nicaraguayen a donc implicitement reconnu, que depuis 2006, sous la gestion du FSLN, son quotidien a radicalement changé, avec un accès à la santé et l’éducation, redevenu gratuit et réel, après 17 ans d’abandon sous les gouvernements néolibéraux successifs. La population a également bénéficié d’une relance de la production agricole, avec des programmes comme “Faim Zéro” inspiré du Brésil de Lula ou de micro crédits, tendant à améliorer concrètement la souveraineté alimentaire, ce qui a, entre autres, drastiquement diminué les indices d’extrême pauvreté selon des données onusiennes. On pourrait parler aussi des terres redistribuées et des programmes d’aide à l’auto construction de maison. Les opposants ont souvent accusé le FSLN de clientélisme, mais si les “clients” sont la majorité de la population votante, qui peut s’en insurger!
 
Par ailleurs, ces mêmes opposants n’ont eu de cesse de répéter que toutes ces améliorations sociales ne tenaient que grâce au soutien du président Chavez et que donc le Nicaragua était un pays assisté par l’ALBA, et en particulier par le pétrole vénézuelien.
 
Or, il est intéressant de savoir que le Nicaragua dépendait encore à 80% du pétrole comme source d’énergie électrique en 2006. La population vivait alors des coupures électriques incessantes. Ce qui nuisait, de plus, à la production puisque les entreprises travaillaient au ralenti. Le gouvernement de Daniel Ortega a repris en main la distribution d’énergie (qui était gérée par une entreprise espagnole la Fenosa, dont le seul intérêt était financier). Il a réussi à réduire la dépendance du pétrole à 45%, alors même que la couverture nationale électrique passait de 54 à 72%. De nombreux projets d’énergie renouvelable, tant géothermiques qu’hydrauliques, éoliens ou solaires ont été développés. Cela montre bien que dans ce domaine aussi le Nicaragua de Daniel Ortega cherche à augmenter sa souveraineté, malgré la possibilité d’acheter du pétrole vénézuélien en dessous du prix du marché! Il est même prévu que d’ici 5 ans, la couverture nationale d’électricité soit de 86% avec des projets d’énergie verte, ce qui devrait permettre de diminuer la facture du pétrole de 500 millions de dollars!
 
Six ans après son retour au pouvoir, le FSLN, si souvent décrié en Europe, démontre sa capacité de mener une politique volontariste favorable à l’immense majorité de la population. Le parti vise une perspective d’indépendance économique et énergétique, qui devrait faire réfléchir les décideurs politiques en Europe, qui se montrent incapables de maintenir une certaine justice sociale obtenue de haute lutte au 20ème siècle, laissant même une partie importante du peuple de Grèce, du Portugal, d’Espagne atteindre des niveaux de pauvreté tels que elle souffre d’insécurité alimentaire! 
 
Bernard Borel, ex-volontaire de GVOM au Nicaragua et actuel membre du comité d’E-CHANGER
En collaboration avec Gauchebdo
 

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