Avec SOLIDARITÉS INTERNATIONAL en Ukraine

En Ukraine, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL vient en aide aux populations affectées dans les zones de conflit mais aussi dans les régions où nombre de personnes ont trouvé refuge. Ce reportage illustre le soutien apporté par l’organisation aux Ukrainiens et Ukrainiennes confrontés quotidiennement à la faim, au froid, ainsi qu’au manque d’eau potable et d’hygiène.

A Shehyni, à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne, Luda attend avec ses deux filles pour sortir du pays, une valise à roulettes à la main et deux petits sacs sur les épaules des filles. “Nous sommes de Polohî”, dit-elle dans la foulée en se dirigeant vers le poste frontière, “un petit village à côté de Zaporizha”,  ville à 150 km de Marioupol d’où partent les trains d’évacuation. A côté, un mini-van arrive et Sasha*, une dame de 70 ans, descend avec son chien dans les bras. “J’ai passé toute ma vie à Marioupol” dit-elle, “pour les plus jeunes, ça doit être plus simple, mais pour nous… comment peut-on reconstruire une vie à notre âge ? On va passer en Pologne sans savoir ce qu’il va se passer, ni où aller…” .

C’est l’histoire d’un Ukrainien sur quatre.

Depuis le début du conflit, 5,3 millions de personnes ont quitté l’Ukraine, et 7,7 millions sont actuellement déplacées à l’intérieur du pays (source: OCHA). Dans les premiers jours du conflit , Philippe Bonnet, chef de mission de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL en Ukraine, a passé la frontière “dans des conditions impressionnantes, avec des milliers de réfugiés et une queue de 20 km pour accéder à la frontière” se souvient-il. Un mois et demi après, le flux de personnes qui passent la frontière a fortement diminué. “Ceux qui voulaient sortir sont déjà sortis du pays, les autres sont maintenant des déplacés internes”, rebondit-il devant le stand de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL de distribution de repas et de boissons chaudes à la gare de Lviv, à 80 km de la frontière polonaise. 

Lviv est désormais connue au niveau international en raison du nombre de personnes qui y transitent et/ou s’y réfugient depuis fin février : on estime qu’y ont été accueillies plus de 400 000 personnes déplacées internes. Dans la gare, les haut-parleurs annoncent les trains d’évacuation. Les gens descendent silencieusement. Trois femmes avec deux enfants, venant de Marioupol, n’arrivent pas à parler. Les yeux rouges, elles vont partir tout de suite vers la frontière polonaise. Une fille assise à côté a le visage transparent, le regard vide vers le sol, les épaules rabaissées. Elle arrive à peine à boire son thé chaud.

“Plein de trains arrivent dans la nuit” raconte Katia, bénévole au stand de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL à la gare. Elle est en charge de la gestion des bénévoles depuis plus d’un mois, “Nous, on est là 24h/24 et 7j/7 pour distribuer des repas et des boissons chaudes pour que les personnes puissent se réchauffer”. La nuit, les températures sont encore au-dessous du zéro. La suite, c’est un autre départ, cette fois-ci en dehors du pays ou vers un centre d’accueil, pour y rester une nuit, deux nuits, une semaine et parfois, pour un temps indéterminé.  

“Quand les explosions ont commencé dans notre quartier, le pont a été bombardé et nous ne vivions pas loin. On a décidé de partir, parce que ça faisait très peur ” raconte Nina, 70 ans, de Kiev, arrivée avec son fils et sa fille. Avec quelques affaires, elle a pris le premier train. “On est arrivés à Lviv la nuit. Ma fille a trouvé des volontaires et ils nous ont rapidement accompagnés à l’Administration d’Etat et on a bougé ici, dans ce lieu”.  

Le centre où Nina loge est proche d’un site militaire qui a été bombardé quelques jours plus tôt. Les fenêtres sont recouvertes par des sacs noirs en plastique, pour éviter qu’elles n’éclatent à cause des chocs. “En ce moment, nous accueillons environs 80 personnes” raconte Iryna, administratrice volontaire au centre collectif où SOLIDARITÉS INTERNATIONAL distribue des repas. “Plusieurs des personnes qui sont ici ne savent pas où aller, du coup, elles restent”, explique-t-elle.  

Natalia, ancienne manageuse d’un département de vente, actuellement à la retraite, a commencé en tant que bénévole dans ce centre depuis le deuxième jour du conflit. “Si tu regardes Sasha” dit-elle en la désignant en train de remuer une soupe dans une casserole pour 30 personnes, “elle vient de Kiev et c’est une déplacée interne, mais elle aide dans la cuisine, et les autres bénévoles viennent de toutes sortes de secteurs professionnels – une cosmétologue, une avocate, une enseignante” . Les bénévoles se sont rapidement mobilisés pour se coordonner et aider. La compagnie Walnut House Foundation, partenaire de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL, fournit au centre d’accueil des repas qui sont préparés dans les cuisines de l’Université catholique.

À l’Université catholique, 2 500 repas sont préparés tous les jours et les salles de classe sont actuellement devenues des dortoirs. Ici, Cristina coordonne l’équipe des cuisiniers. “Avant la guerre, j’étais la manageuse du service de traiteur de Walnut House; on effectuait des livraisons de repas, des mariages, des fêtes, toutes ces choses chouettes. Mais maintenant, nous sommes bénévoles et nous préparons des repas pour ceux qui sont dans le besoin“ raconte-t-elle. 

La ville entière s’est mobilisée pour gérer l’accueil d’un tel nombre de personnes dont les besoins principaux étaient de manger et de se loger. En revanche, le grand afflux de personnes a fait augmenter les prix des logements dans la toute la région de Lviv. “Il s’agit de la zone la plus sûre actuellement en Ukraine” spécifie Maud Rivoal, coordinatrice des programmes de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL en Ukraine. “A Lviv, il y avait des logements, et évidemment, il n’y en a plus assez au vu du nombre de personnes qui se déplacent. ” À la suite de ce constat, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL développe des projets de réhabilitation “plus pérennes pour les gens”, souligne Maud. “Ces bâtiments demandent un rafraîchissement surtout en ce qui concerne le chauffage, l’électricité, l’ameublement comme des lits par exemple et l’accès à l’eau, pour que les gens aient accès à l’hygiène.”

Deux mois après le début de la guerre de plus en plus de personnes restent plus proches de leur lieu de vie, ce qui fait que des villes de passage sont maintenant de nouveau habitées, comme Ouman, qui est un axe central qui relie le nord et le sud ainsi que l’est et l’ouest.  « Quand on est arrivés à Ouman, c’était le soir, la ville était complètement morte, en blackout complet, aucune lumière n’était autorisée afin d‘éviter les bombardements” raconte Philippe Bonnet. “Quand j’y suis retourné quatre semaines après, la vie avait repris, les gens étaient dans les rues et commençaient à s’adapter à cette nouvelle situation, aux sirènes par exemple, qui annoncent des potentielles attaques aériennes. Maintenant les gens sont habitués, ça fait partie du paysage, mais à l’époque les gens se précipitaient aux abris“. 

Cependant, la vague des déplacements est loin d’être terminée. Surtout à la suite du redémarrage des combats dans plusieurs zones du Donbass.  

“Il y a des zones qui ne sont pas du tout accessibles, où l’aide humanitaire n’arrive pas, comme Marioupol par exemple” ajoute Philippe. Pour l’instant, les convois humanitaires ne peuvent pas encore rentrer dans les villes encerclées. Lorsqu’il y aura des négociations, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL participera aux convois, “mais nous avons d’abord fait le choix de travailler avec des associations locales qui font régulièrement le trajet dans ces zones, et qui, à l’aller, dans leurs petits camions, arrivent à apporter quelques centaines de kilos de nourriture chaque jour, et qui, au retour, évacuent des gens des zones de combat” explique Philippe.    

Des actions ont été menées dans le métro de Kharkiv où des centaines de familles vivent désormais pour se protéger des bombardements. SOLIDARITÉS INTERNATIONAL a distribué des kits de nourriture, de l’eau potable, des kits d’hygiène, et même des jeux pour les enfants. Les équipes de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL ont aussi installé des filtres à eau dans le métro pour potabiliser l’eau.  

A Kramatorsk et à Pokrovsk, deux villes du Donbass qui risquent d’être encerclées très rapidement, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL a stocké dans les abris anti-aériens de l’eau potable et des kits de nourriture. 

Beaucoup de personnes âgées et des personnes à mobilité réduite qui ne peuvent pas partir de chez elles, risquent de manquer rapidement de tout.

SOLIDARITÉS INTERNATIONAL intervient également en Moldavie, où 110 000 personnes ont trouvé refuge, dont 35 % restent dans le pays en attendant de pouvoir retourner en Ukraine, si la situation change. Les opérations en Moldavie se concentrent sur un appui aux différentes organisations présentes sur place via des distributions alimentaires et de produits de première nécessité ainsi que des activités d’accès à l’eau, à l’assainissement, à l’hygiène et aux abris.

*prénom modifié

Ukraine

Contexte et action

  • 44 millions d’habitants
  • 37,8% de taux de pauvreté en 2019
  • 75ème sur 189 pays pour l’Indice de Développement Humain
  • 31 250 personnes secourues au 24 mars 2022

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