La corruption, moteur principal des projets hydroélectriques dans l’État malais du Sarawak
MIRI, SARAWAK / MALAISIE. Le Bruno Manser Fonds vient de lancer une nouvelle campagne de sauvegarde des forêts tropicales humides dans l’État malais du Sarawak, sur l’île de Bornéo. Il souhaite ainsi empêcher la construction de plusieurs gigantesques barrages, qui provoqueraient l’inondation de centaines de kilomètres carrés de forêt pluviale. Le gouvernement malais est exhorté à stopper immédiatement les projets hydroélectriques planifiés, lesquels entraîneraient en outre le déplacement de dizaines de milliers d’habitants autochtones. De plus, l’État du Sarawak devrait pour ce faire s’endetter gravement pour des décennies.
Suite à la récente mise en service du barrage hydroélectrique de Bakun, qui affiche une puissance installée de 2400 Mégawatts – le plus grand barrage d’Asie hors de Chine – le Sarawak produit davantage d’électricité que ce que demande la consommation locale. Un câble sous-marin prévu à l’origine pour l’exportation du courant vers la Malaisie occidentale n’a pas vu le jour. Même les efforts du gouvernement du Sarawak pour attirer une industrie lourde et gourmande en énergie ont échoué. En dépit de quatre années de négociations avec le groupe de matières premières anglo-australien Rio Tinto Alcan, aucun accord n’a été trouvé sur la construction d’une fonderie d’aluminium au Sarawak. Le principal motif de la construction des nouveaux barrages hydro! électriques est la corruption, car la famille du chef du Sarawak Abdul Taib Mahmud dispose d’un monopole sur le ciment et profiterait ainsi massivement de ces travaux.
Le lancement de la campagne internationale a lieu simultanément aux premières protestations locales contre les projets de barrages. La semaine dernière, environ 150 représentants autochtones venus de tout le Sarawak se sont rencontrés pour une conférence à Miri (Sarawak), afin d’échanger des informations et de lancer leur campagne. Ils exigent un arrêt immédiat des projets hydroélectriques et le respect des standards internationaux en matière de transparence et de droits humains. En effet, les expériences réalisées dans le cadre des précédentes constructions de barrages en Malaisie, comme celui de Bakun, ont montré que le gouvernement cache à la population des informations essentielles et lui refuse tout droit d’intervention. Les participants et participantes à la conférence exigent maintenant la c! onsultation qui leur revient et un référendum sur les douze nouveaux barrages hydroélectriques prévus dans la forêt pluviale.
Une carte publiée par le Bruno Manser Fonds pour le lancement de la campagne montre qu’un barrage de 1000 Mégawatts prévu sur le fleuve Baram inonderait 26 villages penans, kayans et kenyahs. 412 kilomètres carrés se verraient ainsi noyés et 20’000 habitants autochtones seraient contraints de se déplacer. Le gouvernement laisse les communes concernées dans l’incertitude quant à leur avenir et leur refuse tout accès aux études et cartes officielles concernant le projet. La carte élaborée par le Bruno Manser Fonds permet désormais de chiffrer l’ampleur de la destruction à venir.
Une pétition en ligne contre les barrages hydroélectriques et de plus amples informations sont mises à jour régulièrement sur notre site Internet de campagne en anglais www.stop-corruption-dams.org.
La publication du Bruno Manser Fonds Tong Tana, éditée à l’intention de ses membres, contient des récits complets sur le sujet et peut être téléchargée sur le site de l’association: www.bmf.ch.
Pour de plus amples informations:
Annina Aeberli, responsable des campagnes au Bruno Manser Fonds, tél. 061 261 94 74