32ème édition, 120 concerts, 225’000 spectateurs, 3’700 bénévoles, plus de 100 stands de nourriture, un budget de 19,1 millions pour l’édition 2007… Ces chiffres feraient perdre la tête à plus d’un, ce d’autant plus que pour beaucoup, le Paléo Festival, est devenu une machine commerciale à figure inhumaine.
C’est pourtant un tout autre visage que nous offre le festival en coulisses, comme l’a montré son fondateur et protecteur, Daniel Rossellat, lors de la conférence de presse. De nature plutôt décontractée, celui-ci a répondu aux questions parfois agressives des journalistes qui semblaient surtout s’intéresser au budget et aux cachets des artistes programmés.
Peu d’intérêt sur l’organisation, pourtant colossale, d’un tel évènement, et encore moins sur les questions liées au respect de l’environnement. Pourtant les chiffres parlent d’eux-mêmes : 237 tonnes de déchets recyclés en 2006 contre 246 en 2005 – les chiffres 2007 seront disponibles fin août – soit 32% du total des déchets. CHF 300’000.- sont alloués au budget Nettoyages et Environnement, montant auquel il faut ajouter un investissement de CHF 250’000.- par année pour les transports en commun. L’objectif : atteindre les 40% de recyclage de déchets d’ici à trois ans.
Ce travail est rendu possible, notamment, grâce au travail des 300 aspirators bénévoles présents sur le site qui veillent, pendant que d’autres déambulent au rythme de la musique, au tri direct des déchets jonchant le site. (note 1).
Conscient de ses responsabilités en matière du respect de l’environnement et du développement durable, le Paléo Festival Nyon a, dès 2005, concentré ses interventions et préoccupations autour de la politique des transports, avec la publication d’une première brochure explicative, du tri des déchets, avec la mise en place des gobelets recyclables uniques, et de la rationalisation des chaînes de froid dans tous les stands privés.
Avec le nombre croissant de festivaliers et des problèmes inhérents à une politique environnementale cohérente, les responsables du Festival Paléo ont rapidement décidé de collaborer étroitement avec des spécialistes de l’environnement et des organismes de recyclage et de sensibilisation à l’environnement, en évaluant et en choisissant des solutions ayant le moins d’impact sur ce dernier. Le but : garder un regard externe et objectif sur un sujet nécessitant des compétences très pointues, et dont les responsables ont eu le bon sens de déléguer leur réalisation pratique.
« La politique de développement durable n’est pas fondée que sur la bonne conscience ; il s’agit avant tout de la mise en place d’une politique cohérente, responsable et réaliste. Les objectifs que nous nous sommes fixés sont ambitieux mais réalistes. » Propos de Daniel Rossellat, recueillis lors de la conférence de presse de l’édition 2007.
Grâce à la mise en place d’un réseau de transports desservant les principales localités de la Suisse romande, en collaboration avec les CFF et le TCS, 27% d’usagers ont emprunté, en 2005, un transport en commun, contre 34% en 2006. D’ici 2008, le Festival s’est également fixé comme objectif un pourcentage de 40%.
En plus du tri des déchets et de la politique de transport aujourd’hui bien rôdée, le Festival collabore depuis 2005 avec Romandie Energie en utilisant, depuis 2006, une énergie 100% verte fourni par cette dernière, en collaboration les Services Industriels de la Ville de Nyon et soutenue par Pro Natura et WWF Suisse. En garantissant une production respectant l’environnement, elle représente un engagement pour le développement des énergies renouvelables et apporte également un soutien financier au développement du courant écologique.
Cette année, Romandie Energie a innové avec la mise en place de son projet Planéterre, suscitant ainsi la réflexion des spectateurs sur le rapport entre l’idéal global et l’action locale dans la question du développement durable. Avec l’installation d’un cylindre de cinq mètres de diamètres, les festivaliers ont eu la possibilité d’admirer des projections d’images satellite de la terre et des vues aériennes du terrain de l’Asse.
Depuis 2005 également, le WWF Suisse collabore avec Paléo, en offrant la possibilité aux festivaliers de tester leur empreinte écologique et de se rendre compte ainsi de l’impact de leurs gestes quotidiens sur la planète. Des enquêtes ont également été réalisées auprès du public afin d’améliorer l’engagement écologique du Paléo pour les éditions à venir. Une des responsables du stand s’est dite agréablement surprise d’un tel engouement de la part du public, puisqu’en plus des concours qui attirent plus facilement les festivaliers, beaucoup d’entre eux sont repartis brochures en mains.
Grande nouveauté cette année : un audit énergétique a été demandé par le Festival au WWF Suisse, afin d’identifier les gros consommateurs et ainsi établir de nouvelles pistes en matière d’économie. Son but ? L’établissement de mesures visant à réduire fortement la consommation d’électricité et d’eau d’ici à trois ans. Les thèmes centraux de l’édition 2007 ont porté sur la sécurité de la chaîne de froid et l’analyse de consommation.
À proximité du stand WWF, installé à l’entrée du Village du Monde – cette année dédié à l’Afrique du Nord – se côtoyaient le propre stand d’information du Paléo dédié à l’environnement aux côtés de ceux de ses partenaires : Swiss Recycling, l’IGSU (communauté d’intérêts monde propre fondée en mai 2007) et Summit Foundation.
Les responsables du Festival souhaitent offrir une sensibilisation des festivaliers au respect de l’environnement par une communication incitative mais dénuée de moralisme. Les bénévoles présents sur le stand se sont dit satisfaits par la fréquentation du public et leur intérêt grandissant pour ces questions environnementales. Comme pour WWF, les concours offrent à leurs yeux la meilleure manière d’entrer en contact avec les festivaliers, en engageant ainsi la conversation.
Mais pourquoi avoir pris la décision d’éloigner ces stands de l’entrée principale, ou tout au moins de ne pas les avoir rapproché de ceux dédiés à l’Action humanitaire ? Lionel Israël – responsable environnement au service de presse Paléo – nous renseigne sur ce choix stratégique :
« L’emplacement de ces stands a été choisi, après quelques essais, de façon à se trouver dans une zone de grand passage (l’entrée du Village du Monde) où les gens sont plus disposés qu’ailleurs, dans les zones de restauration par exemple, à prendre le temps d’écouter et de discuter avec les responsables de stands. »
Ces emplacements, contrairement à ceux comme MSF ou Enfants du Monde, sont mis à disposition gratuitement aux partenaires environnementaux du Paléo. Leur consommation électrique est toutefois refacturée et ces derniers peuvent, s’ils le souhaitent, louer une tente et un plancher aux fournisseurs du Festival.
Dernier stand visité ? La Summit Foundation. Association travaillant tout au long de l’année avec les responsables du Festival, en tant que membre de la Commission Environnement de Paléo, elle participe à l’observation et l’évaluation des mesures en place, au bilan détaillé en fin de Festival, à l’élaboration de nouvelles propositions et mesures ainsi qu’au suivi de la mise en place de celles-ci.
Partenaire de choix et de la première heure, Summit Foundation renseigne volontiers les passants qui s’attardent principalement à la vue de sa structure peu commune, en repartant avec un cendrier de poche aux couleurs du Festival.
On ne pourrait terminer ce tour d’horizon des mesures prises par Paléo en matière environnementale, sans mentionner leur nomination au Prix Nice Futur en 2006 et leur labellisation Green’n’Clean, décernée cette année par l’organisation européenne des Festivals : Yourope, qui regroupe plus de 40 membres européens. (note 2)
Ainsi, même si le Paléo Festival Nyon demeure, pour tout un chacun, un espace dédié à la musique, à la fête et à la communion des sens, il est rassurant de savoir que ses têtes pensantes et agissantes se soucient de cet environnement idyllique, sans lequel la magie perdrait de ses droits. Espérons, et nous le croyons, que cette mission écologique, entamée il y a tout juste deux ans, sera à la hauteur, dans les éditions à venir, de la réputation de ce Festival.
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Diana Nemeth
note 1 : Le contrôle du tri des déchets est effectué par chacune des filières d’évacuation auxquelles les déchets sont destinés – par exemple : Retripa pour le papier/carton, Recycbois pour le bois, etc.
note 2 : Se référer au site Web du Paléo où vous trouverez de plus amples renseignements et où vous aurez l’accès au site de Yourope.
2 réflexions sur « Le Paléo s’engage dans le développement durable. Quand la bonne conscience ne suffit pas : vers la recherche de mesures réalistes. »