Marée humaine dans la capitale tunisienne lors de l’ouverture du « Forum de la dignité » » »

La manifestation a démarré à 5 heures de l’après-midi sur la place du 14 janvier (ainsi nommée en l’honneur du soulèvement contre la dictature du général Ben Ali), au carrefour des artères centrales Habib Bourguiba (premier président de la Tunisie indépendante) et Mohammed V (roi du Maroc). Elle a parcouru plus de 6 kilomètres jusqu’au stade Menzah, après un trajet de deux heures et demie, lieu où s’est tenue une fête populaire avec des discours et des concerts.
 
La marche était dirigée par diverses personnalités. A l’arrière-garde, se trouvaient des organisations de la gauche italienne. La distance entre le début et la fin de la manifestation était de plus d’un kilomètre et, selon certains organes de la presse internationale, on y dénombrait 30.000 personnes. Une mobilisation très impressionnante, aux dires du photographe d’une agence alternative locale, habitué à ce type d’événements.

« C’était important pour notre moral aussi bien que pour celui des forces démocratiques du Maghreb », indiquait pour sa part Vladimiro Lanello, militant associatif italien présent pour la première fois au Forum social mondial.
Moins musicale que les manifestations typiques des forums antérieurs en Afrique et en Amérique latine, bien qu’avec un aspect particulièrement festif, la marche de Tunis a exprimé aussi une forte politisation, avec la présence dominante de représentant-e-s du monde arabe (Maghreb et Machrek). On y trouvait des secteurs politiques locaux opposés et les forces de l’opposition égyptienne, ainsi qu’une participation nourrie de plusieurs organisations marocaines, sahraouies, syriennes et fondamentalement palestiniennes.La Palestine sera du reste un thème-clé de cette session et constituera l’axe d’appel à la marche de clôture du FSM, le samedi 30 mars.
 
La Marche mondiale des femmes (MMF), Via Campesina, divers réseaux mondiaux et régionaux, Amnesty International, ATTAC, le Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde (CADTM), les peuples noirs du Brésil et de nombreuses organisations de la région hôte arboraient pancartes et banderoles.
La présence de l’Association des Tunisiens victimes de la migration, dirigée par plusieurs femmes en vêtements de deuil – mères des émigrants disparus particulièrement en Italie – apporta une note d’émotion particulière au cortège. « Plus de 800 jeunes Tunisiens sont morts ou ont disparu en tentant de quitter clandestinement le pays durant ces deux dernières années », signale Ayani Hamida. Le frère de cette jeune femme, Ali, a donné pour la dernière fois signe de vie en arrivant au port italien de Lampedusa. Depuis lors, il n’y a plus aucune nouvelle de lui.

La marche pacifique a vécu quelques petits moments de tension, lors d’un affrontement au niveau des slogans entre un groupe minoritaire lié à Ennahda (Renaissance), le parti islamiste qui gouverne actuellement la Tunisie, et ses opposants de gauche (le Front populaire pour la réalisation des objectifs de la révolution, FPror).

Le Forum social mondial a commencé ses activités autogérées, ce mercredi 27 mars, à l’Université El Manar. Le 29 et le 30 mars, une cinquantaine d' »assemblées thématiques de convergence » se tiendront sur l’avenue centrale Habib Bourguiba, selon les informations de Kamal Lahbib, président du Forum des Alternatives (Maroc) et membre du Conseil international du FSM. Cette innovation permettra « d’enrichir ces événements avec la présence des habitants de la capitale », estime Lahbib.
Il a également confirmé que, jusqu’au matin de la journée d’ouverture, « 30.000 participant-e-s s’étaient inscrits », en provenance de plus de 130 pays. A la différence des sessions antérieures, « la carte délivrée par le FSM ne sera pas une condition de participation aux activités prévues dans le centre universitaire de la capitale tunisienne ».
Le marathon de la nouvelle session du FSM est en route. Les rues tunisiennes ont offert leur scénario.

Sergio Ferrari ,  collaboration  de presse, E-CHANGER,
Traduit de l’espagnol: Hans-Peter Renk
 

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