Vers un Secrétariat Spécial pour la Santé Indigène / La Terre Indigène Raposa Serra do Sol est en fête / « Nous, indigènes du Xingu nous ne voulons pas Belo Monte » / La maladie de Chagas est en voie de mondialisation. Elle est rapportée aussi à Genève.
« AYA Info » peut être consulté sur les sites Internet :
http://www.terrabrasilis.ch > Aya Info
et
Vers un Secrétariat Spécial pour la Santé Indigène
Le Service de santé indigène, jusque-là assuré par la Fondation Nationale de la Santé (FUNASA), relèvera à l’avenir d’un Secrétariat Spécial de la Santé Indigène (SESAI), rattaché directement au Ministère de la Santé. Cette réforme a été rendue publique à Brasilia le 24 mars par le président Lula. Elle s’inscrit dans une série de mesures de réorganisation de la Présidence de la République et de plusieurs Ministères. Elle est contenue dans une « Mesure Provisoire » signée par le président ce jour-là, et publiée au Journal Officiel de l’Union le 25 mars. Elle doit encore être soumise au Congrès fédéral. Selon le Ministère de la santé, un décret à paraître dans les 90 jours doit préciser les nombreuses modalités d’application de la décision présidentielle. En attendant, la FUNASA continuera d’assurer le service de santé auprès des communautés indigènes. En juin 2009, un décret présidentiel* avait déjà donné une certaine autonomie aux Districts Sanitaires Spéciaux Indigènes (DSEI), alors que de nombreuses organisations et leaders indigènes souhaitaient la création de ce Secrétariat. Depuis longtemps, elles veulent un service de santé efficace.
*Voir AYA Info No 40.
Pour en savoir plus (en portugais) :
http://www.presidencia.gov.br/legislacao/ >Medidas Provisórias > Clique par visualizar todas Medidas Provisórias > 483, de 24.3.2010,
La Terre Indigène Raposa Serra do Sol est en fête.
Au Brésil, le 19 avril est la « Journée nationale de l’Indien ». C’est la date retenue par les dirigeants du Conseil Indigène de Roraima (CIR) pour célébrer le 5e anniversaire de l’homologation de la Terre Indigène Raposa Serra do Sol par le Président de la République*. Lula était présent la fête organisée à Maturuca, une communauté indigène de la municipalité de Uiramutã (État de Roraima). Dans son discours, il a rendu hommage à Jacir de Souza qui a lutté pendant plus de trente ans pour la démarcation de cette Terre indigène. Il a rappelé les 21 leaders assassinés et l’esprit de lutte des peuples de Raposa Serra do Sol. Il a souligné comment, « … dans l’histoire, à aucun moment une nation indigène n’a envahi la terre d’un autre peuple. Au contraire, ce qui arrive normalement, ce sont les autres qui envahissent les terres indigènes pour se les approprier ». Il a rappelé ses récentes décisions pour créer un Secrétariat de la Santé Indigène et restructurer la Fondation Nationale de l’Indien (FUNAI)**. Parlant des indiens : « Ils sont beaucoup plus finauds qu’on ne le pense : d’une main, ils me remettent un document pour me remercier et de l’autre ils me donnent vingt documents de revendications ». Il s’est engagé à revenir en septembre prochain pour constater si les promesses faites lors de cette fête ont été tenues. Selon les observateurs, cinq mille personnes ont participé à l’événement. Les Yanomami sont membres du CIR, ils étaient présents à Maturuca.
Voir AYA Info *No 37, **Nos 48 et 46
Pour en savoir plus (en portugais) : http://www.socioambiental.org/nsa/detalhe?id=3070
et le discours de Lula :
http://www.imprensa.planalto.gov.br/ > Discursos e Entrevistas > Discursos > 19/04/2010
« Nous, indigènes du Xingu nous ne voulons pas Belo Monte »
La presse internationale a largement fait état du choix des autorités brésiliennes de confier au consortium Norte Energia, la construction, sur le Rio Xingu, du barrage Belo Monte et les ouvrages qui lui sont associés. La décision a été prise le 20 avril, au lendemain de la « Journée de l’Indien ». Depuis une trentaine d’années, les peuples indigènes de cette région s’opposent à cet ouvrage*. Deux caciques Kayapó l’ont répété le 20 avril dans une note intitulée « Nous, indigènes du Xingu, nous ne voulons pas Belo Monte ». « Nous nous battons ici pour notre peuple, pour nos terres, mais aussi pour le futur du monde ». Ce texte est un appel à ceux qui, au Brésil et à l’étranger, veulent soutenir leur lutte. Les deux caciques reprennent à leur compte une phrase d’un indigène des USA : « C’est seulement quand l’homme blanc aura détruit la forêt, tué tous les poissons et les animaux, détruit toutes les rivières, qu’il s’apercevra que personne ne mange l’argent ». Depuis plusieurs jours, les indigènes n’assurent plus le service de bac sur le Rio Xingu pour les véhicules qui empruntent la route BR-080 (anciennement MT-322) reliant São José do Xingu à Peixoto de Azevedo, puis vers Matupá et Colider, dans l’État du Mato Grosso. Ils ne laissent passer que les services d’urgence. Le 26 avril, le dirigeant indigène Megaron Txukarramãe a diffusé un communiqué exprimant son hostilité à la construction du barrage et désignant le Président de la République comme ennemi numéro un des indiens. « … nous les indiens, nous sommes les premiers habitants de ce pays, nous sommes oubliés par le gouvernement de Lula qui veut notre destruction. C’est la conclusion à laquelle nous arrivons ». Dans l’émission de radio « Le café avec le Président », diffusée également le 26 avril, Lula a justifié la construction du barrage.
*Voir AYA Info Nos 47 et 44.
Pour en savoir plus (en portugais) : http://www.coiab.com.br/coiab.php?dest=show&back=index&id=468&tipo=E
La maladie de Chagas est en voie de mondialisation. Elle est rapportée aussi à Genève.
De nombreux cas de maladie de Chagas (du nom du médecin brésilien l’a décrite en 1909), ont été observés dans les municipalités de Santa Isabel do Rio Negro et de Barcelos (État d’Amazonas). Selon un spécialiste, le docteur Pedro Albajar Viñas, l’infection touche environ 5% de la population, mais ce taux passe à 15, voire 19%, chez les « piaçabeiros », les hommes – parmi eux des indiens Yanomami – qui travaillent et exploitent les feuilles, mais surtout les fibres, d’une variété de palmier, la piaçaba (ou piaçava). Les fibres sont utilisées pour la fabrication de nombreux objets : sacs, balais, cordes, etc.. Et les feuilles pour la couverture des habitations. La maladie, appelée également trypanosomiase américaine, est transmise par une punaise hématophage, la triatomine, dont l’un des habitats est précisément ce palmier. Cette punaise est l’agent transmetteur de la maladie quand ses intestins sont infectés par un parasite pathogène le trypanosoma cruzi. La maladie a plusieurs modes de transmission. Le plus fréquent est vectoriel : par piqûre de l’insecte. Elle se transmet également par voie orale (par l’absorption de boissons ou d’aliments infectés), transfusionnelle et congénitale (de la mère à l’enfant). Accompagnée de fièvre dans sa phase aiguë, la maladie peut provoquer une sorte de furoncles appelés « chagomes », mais aussi des œdèmes sur les paupières si le sujet s’est frotté l’œil avec des mains contaminées. Dans sa phase chronique, de durée variable, elle est surtout à l’origine d’atteintes cardiaques, mais aussi digestives ou neurologiques pouvant être fatales. Les mesures de prévention, de dépistage et de traitement sont donc capitales. En 2007, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a lancé un programme international pour l’élimination de la transmission et le traitement de cette affection qui ne concerne pas seulement l’Amazonie et le Brésil, mais aussi d’autres pays d’Amérique latine, où d’autres espèces de punaises sont également des agents transmetteurs. Avec les voyages et les migrations de populations, la maladie, jusque-là négligée, tend à se répandre dans le monde. Le premier cas de maladie de Chagas rapporté en Suisse a été diagnostiqué en 1996, aux Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG). Depuis 2008, avec le soutien et la collaboration de l’OMS, les HUG ont mis en place un service de recherche, de dépistage et de traitement de cette maladie. Dans son rapport annuel 2008, le Service de médecine internationale et humanitaire (SMIH) des HUG indique avoir diagnostiqué 123 cas. En Suisse, la maladie de Chagas n’est pas sur la liste des affections faisant l’objet d’une déclaration obligatoire aux services de santé. Il n’y a donc pas de statistiques à son sujet dans notre pays.
Pour en savoir plus (en français) : http://revue.medhyg.ch/print.php3?sid=33165,
http://www.medecine.unige.ch/coopinter/rvm2009.php > Collaborations pour des interventions de terrain > Partenariat OMS-HUG sur la maladie de Chagas, une parasitose tropicale négligée émergente en Europe
http://medecine-internationale.hug-ge.ch/recherche_publications/all_pub.html > Rapport annuel 2008
Le Centre Hospitalier Andrée Rosemont de Cayenne (Guyane française) a mis en ligne une documentation au sujet de cette maladie :
Bernard Comoli
(avec l’aide de Denise da Veiga Alves, Pedro Albajar Viñas, Silvio Cavuscens et Angelina de Oliveira)
AYA – Appui aux indiens Yanomami d’Amazonie
15 Chemin de la Vie-Longe – CH – 1213 Onex /Genève – CCP 17-5506-2