Dilma est au Planalto avec un gouvernement renouvelé / Le premier séjour de Sylvie dans l’aire Yanomami / Les déficiences du service de santé : Les indiens meurent dans la Vallée du Javari / La démarcation des terres indigènes sous la présidence de Lula.
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Dilma est au Planalto avec un gouvernement renouvelé
Le 1er janvier à Brasilia, Dilma Roussef, une économiste, est devenue la première femme, Présidente de l’histoire du Brésil. Elle occupe pour quatre ans le Planalto, le palais présidentiel. Ce jour-là, devant les membres du Congrès, elle a prononcé un discours dans lequel elle a formulé les grandes lignes de l’action qu’elle entend conduire à la tête du pays. À plusieurs reprises elle a parlé de la pauvreté : « La lutte la plus obstinée de mon gouvernement sera celle de l’éradication de l’extrême pauvreté… La misère existe encore et fait honte à notre pays… » Les services de la présidence ont déjà publié le programme du gouvernement qui se décline en treize lignes directrices : le renforcement de la démocratie, la croissance, le système unique de santé, l’éducation, la sécurité,etc. Peu avant Noël, avec le Vice-président Michel Temer, un spécialiste de droit constitutionnel, elle avait présenté le nouveau gouvernement, composé de trente-sept ministres, neuf femmes et vingt-huit hommes. Quatorze sont des « sortants » de l’équipe gouvernementale de Lula et vingt-trois sont des nouveaux. Toutes ces personnalités ne sont pas à la tête d’un Ministère, comme par exemple, le président de la Banque centrale, l’Avocat général de l’Union ou les responsables de divers Secrétariats. Le responsable de la « Maison civile » de la présidence est souvent considéré comme un Premier ministre, la tâche a été confiée àAntonio Palocci. Dix-sept membres du gouvernement appartiennent au Parti des Travailleurs (PT), le parti de Dilma; six au Parti du Mouvement Démocratique du Brésil (PMDB), le parti du Vice-président; deux sont du Parti Socialiste Brésilien (PSB); et trois autres partis de la coalition qui a soutenu la candidature de Dilma, ont chacun un ministre. Le chargé des Relations institutionnelles, Luiz Sérgio, est un ancien syndicaliste de la métallurgie, un dessinateur à l’ancien chantier naval Verolme d’Angra dos Reis, ville côtière de l’État de Rio de Janeiro dont il a été maire. Après Lula, le syndicat de la métallurgie de la Centrale Unique des travailleurs (CUT), continue de fournir du personnel dans les hautes sphères politiques du Brésil ! En relation avec les questions indigènes, plusieurs ministères ont une importance particulière. Le Ministère de la justice, dont dépend la Fondation Nationale de l’Indien (FUNAI), a changé de titulaire : il est maintenant dirigé par José Eduardo Cardozo, un avocat, jusque-là député fédéral de São Paulo. Il a reconduit à son poste le président de la Fondation, Márcio Meira. Alexandre Padilha, un médecin, est le nouveau Ministre de la Santé, il est à la tête du ministère de tutelle du Secrétariat Spécial de Santé Indigène – SESAI, en charge du service de santé auprès des peuples indigènes. Le Ministère de l’éducation n’a pas changé de titulaire depuis 2005, il est dirigé par Fernando Haddad, un docteur en philosophie et professeur en sciences politiques. On sait l’importance de la mise en oeuvre d’une éducation différenciée pour les peuples indigènes. Depuis avril 2010, Izabella Teixeira, une biologiste, est confirmée à la tête du Ministère de l’environnement. Edison Lobão, avocat et journaliste, assume à nouveau le Ministère des mines et de l’énergie, poste qu’il avait quitté en 2010 pour être candidat – il a été élu – Sénateur de l’État du Maranhão. Il a en charge le dossier du barrage contesté de Belo Monte sur le rio Xingu. Le 3 janvier, le Ministre des finances, Guido Mantega, a confirmé la nécessité de réaliser des coupes dans le budget fédéral de 2011 pour faire face aux conséquences de la baisse du dollar US.
Pour en savoir plus (en français et en portugais) :
http://www.info.planalto.gov.br/ > Discursos e Entrevistas > Janeiro 2011 > 01/01/2011 > Discours prononcé… , http://www.presidencia.gov.br/diretrizes-de-governo/view
Le premier séjour de Sylvie dans l’aire Yanomami
Sylvie, la volontaire d’E-Changer engagée comme infirmière dans le projet « santé » de l’association « Service et Coopération avec le peuple Yanomami – SECOYA » a fait son premier voyage dans la Terre Indigène Yanomami (TIY) entre le 19 novembre et le 20 décembre. Plus précisément, elle a visité les communautés du Rio Marauiá, un affluent du Rio Negro. Elle a accompagné Socorro, la coordinatrice du département « éducation » de la Secoya. Trois jours de bateau pour aller de Manaus à Santa Isabel do Rio Negro. Puis la pirogue à moteur pour remonter le rio Marauiá, passer les « cachoeiras » (les rapides) pour atteindre les communautés Yanomami. La SECOYA s’est donné des règles de conduite en matière de provisions alimentaires à emmener, les cadeaux à offrir. Il faut en tenir compte lors des derniers achats à Santa Isabel. Socorro et Sylvie ont visité cinq communautés : Bicho Açu, Ixima, Pukima Beira, Raita et Pukima Cachoeira. Pour Sylvie, cette première incursion en TIY a été l’occasion de découvrir le quotidien des Yanomami : la préparation de la nourriture, de participer à un rituel de deuil, de voir l’importance du chamanisme, les écoles villageoises… Infirmière, elle a pu constater l’état du service de santé : les postes de santé souvent vides, les agents de santé sans formation adéquate, le manque de médicaments et de matériel, la gestion des situations d’urgence extrêmement compliquée.
Elle a fait le récit de son voyage sur son blog (en français) :
Les déficiences du service de santé : Les indiens meurent dans la Vallée du Javari
Peu avant Noël, le Ministère public fédéral a signalé un rapport, publié par le Centre de Travail Indigéniste (CTI) de Brasilia, sur la gravité de la situation de la santé des peuples indigènes de la Vallée du Javari, une région située à l’ouest de l’État d’Amazonas. Selon le rapport, dans les onze dernières années (de 2000 à 2010), 325 décès ont été constatés en raison des déficiences du service de santé. Ces décès représentent environ 8% d’une population peu nombreuse, estimée à près de 4’000 personnes de six ethnies différentes. Sont les plus touchés : les bébés de moins d’un an (46%), les enfants de 1 à 10 ans (18%) et les jeunes de 11 à 25 ans (13%). Plusieurs affections sont à l’origine des décès, parmi elles, la tuberculose, les hépatites B et D, la gastroentérite, mais aussi la sous-nutrition. Pour les auteurs du rapport, « cette situation n’est pas la conséquence d’un manque de ressources financières. Elle découle de l’absence d’une équipe compétente pour travailler dans une aire de 80’000 km2, avec une extrême difficulté logistique et la pression d’intérêts locaux et régionaux ».
Pour en savoir plus (en portugais) :
http://ccr6.pgr.mpf.gov.br/institucional/institucional/clipping/clippings/23_12_2010 > 04 Nos últimos 11 anos… > disponivel para download
La démarcation des terres indigènes sous la présidence de Lula
Le nombre de Terres Indigènes (TI) démarquées au cours d’un mandat présidentiel est certainement un indicateur fort de l’intérêt porté par un gouvernement à sa politique indigéniste. À ce sujet, il est utile de rappeler la volonté des constituants de 1988 – année d’adoption de l’actuelle Constitution – de voir toutes les TI du pays être protégées dans un délai de cinq ans. Ainsi, le processus aurait dû être conduit à son terme en octobre 1993. Selon les sources, le nombre de TI du Brésil est différent, mais l’unanimité se fait pour affirmer qu’en janvier 2011, il reste encore de nombreuses Terres sans protection. À la fin décembre 2010, à prendre les chiffres de l’Instituto Socioambiental – ISA, de São Paulo, sur les 672 TI du pays, 135 sont seulement en voie d’identification (la première étape vers la démarcation), et il y en a 396 pour lesquelles le processus de démarcation est complètement terminé. L’objectif exprimé en 2002, dans le programme électoral des partis qui ont soutenu la candidature de Lula à la présidence de république, de réduire tout le passif des TI non démarquées n’a pas été atteint. Pour apprécier l’action du gouvernement Lula dans ce domaine, il est possible de la comparer avec celle des gouvernements précédents. Selon les sources, les chiffres ne sont pas exactement les mêmes, mais l’ordre de grandeur reste significatif. Seul le nombre de TI « homologuées », c’est à dire en phase terminale de démarcation a été retenu ici. Ainsi, selon ISA, Le président José Sarney (avril 85 – mars 90), a homologué 67 TI d’une surface totale de 143’704 km2. À eux deux, les présidents Fernando Collor et Itamar Franco (mars 90 – décembre 94), en ont homologué 97 (dont la TI Yanomami), d’une surface totale de 318’376 km2. Fernando Henrique Cardoso (janvier 95 – décembre 2002), en a homologué 145 d’une surface totale de 412’269 km2. Enfin, Luiz Inácio Lula da Silva (janvier 2003 – décembre 2010), en a homologué 87, d’une surface totale de 187’857 km2. Lula n’a pas été le champion de la démarcation, mais il a à son actif l’homologation de l’emblématique Terre Indigène Raposa Serra do Sol, située dans l’État de Roraima, au nord du Brésil. C’est l’une des dernières grandes TI à avoir été démarquée malgré l’hostilité de la majorité de la classe politique de la région, et de riziculteurs particulièrement agressifs.
Pour en savoir plus (en portugais ) : http://pib.socioambiental.org/caracterizacao.php > Terras indígenas > Demarcações
Bernard Comoli
AYA – Appui aux indiens Yanomami d’Amazonie
15 Chemin de la Vie-Longe – CH – 1213 Onex /Genève – CCP 17-5506-2