Région Afrique : les défis humanitaires en 2010

Les explications de Benoît Piot, Directeur Régional Afrique de l’Ouest et Centrale
Aujourd’hui présente dans 9 pays d’Afrique, ACTED est à une étape cruciale de son développement régional. L’année 2010, et à plus long terme l’année 2011, seront celles de la consolidation des opérations déjà existantes mais aussi de la mise en place de projets dans de nouveaux pays. La multiplication des crises, aux causes souvent multiples (environnementales, humaines…) entraine une vulnérabilité accrue des populations locales. Benoit Piot, Directeur Régional Afrique de l’Ouest et Centrale explique la réponse d’ACTED à ces nouveaux défis.
Quelles sont les principales problématiques humanitaires en Afrique auxquelles ACTED répond en 2010 ?
Dans de nombreux pays en crise, notamment en Afrique centrale, ACTED s’intéresse à la situation des populations locales, mais aussi des personnes déplacées, réfugiées au travers des activités relatives à l’eau et à l’assainissement, aux distributions de vivres et de biens de première nécessité et de sécurité alimentaire, afin d’améliorer leurs conditions de vie.
C’est le cas par exemple au Tchad qui connait des problèmes de sécurité dus en partie à la crise qui se déroule au Darfour. Les problèmes liés au banditisme et les violences doivent être intégrés dans la réponse que nous apportons aux populations vulnérables. 280 000 réfugiés sont arrivés du Darfour, 55 000 de RCA, et 170 000 se sont déplacés en l’espace de deux ans. La plupart vivent dans des camps de réfugiés dans une extrême vulnérabilité. On retrouve bien évidemment cette situation au Soudan et notamment dans la région du Darfour où les combats ont été particulièrement meurtriers en 2003-2005 et entraînent le déplacement de centaines de milliers de personnes. Au Darfour, il y a eu une détérioration des conditions de sécurité pour les humanitaires, devenus la cible de kidnappings fréquents. Au Sud Soudan, la situation est également très instable ; en 2009, plus de 350 000 personnes se sont déplacées en raison d’événements violents. De plus, la sécheresse entraîne des pénuries de vivres de plus en plus alarmantes.
En République Démocratique du Congo, la situation des personnes déplacées et réfugiées suite au conflit récurrent entre les FARDC, forces de l’armée régulière, et les rebelles rwandais, notamment dans la province du Sud Kivu et des Provinces Orientales, ne semble pas s’améliorer. Des épidémies meurtrières de choléra se déclarent chaque année et la population a un accès très limité aux services de base : santé, infrastructures routières, éducation etc. Dans ce contexte, ACTED s’efforce de passer d’une stratégie d’urgence à des projets de développement pour améliorer durablement les conditions de vie des populations grâce à des projets d’eau et d’assainissement, des réhabilitations de pistes et de routes, des activités génératrices de revenus et de sécurité alimentaire. L’enjeu est d’accompagner et d’initier une transition allant de l’assistanat au partenariat. Aujourd’hui, après une période de calme dans la province de l’Equateur, à la frontière de la République du Congo à l’Est du pays, les conflits ethniques ont repris et plus de 100 000 personnes ont trouvé refuge dans le département de la Likouala, au nord du Congo Brazzaville. Pour pallier une éventuelle crise nutritionnelle, ACTED collabore avec le PAM pour distribuer des vivres à 20 000 réfugiés et distribue également des kits d’hygiène à 12 000 ménages réfugiés. Enfin, ACTED met en œuvre des programmes de Travail contre Paiement et de distribution de kits anti-choléra au Kenya pour les réfugiés venus de la Somalie voisine. ACTED distribue également de nombreuses variétés de semences et d’outils agricoles aux agriculteurs somaliens.
Dans le domaine de la sécurité alimentaire, ACTED met en place de nombreux projets de formation de groupements paysans, de distribution d’intrants et d’activités génératrices de revenus. C’est particulièrement le cas au Zimbabwe, pays récemment ouvert en 2009, et qui a connu une crise alimentaire sans précédent. En 2008, le taux d’inflation était de 231 000 000% et la prévalence du HIV/SIDA a atteint 20% de la population. Les épidémies sont nombreuses et le pillage des terres a détruit la chaîne de production entraînant des pénuries alimentaires dans tout le pays. ACTED cherche donc à mettre en œuvre des projets pilotes dans le domaine de la sécurité alimentaire permettant l’amélioration et l’intensification de la production.
En RDC, ACTED mène également un grand projet de sécurité alimentaire dans le Katanga visant à améliorer les techniques de production. Les pénuries alimentaires sont liées dans de nombreux pays aux périodes récurrentes de sécheresse. C’est le cas en Ouganda par exemple dans les régions de Karamoja et Pokot Est où ACTED tente de renforcer les systèmes de prévention et d’alerte précoce au niveau local et national afin de mettre en œuvre des techniques de prévention et de conservation des récoltes. Ce projet passe par la formation de représentants des autorités locales et de spécialistes chargés d’observer des indicateurs permettant de déterminer la probabilité d’une sécheresse. Dans la région du Sahel, ACTED met également en place des projets de sécurité alimentaire accompagnés de système d’irrigation comme c’est le cas dans le nord du Tchad. ACTED a pour objectif en 2010 d’apporter une aide aux populations vulnérables en Afrique de l’Ouest et notamment au Burkina Faso dans le cadre de la lutte contre la malnutrition dans les régions sahéliennes. ACTED mène actuellement une évaluation de terrain avec une ONG locale, Appui Matériel Moral, Intellectuel à l’Enfant (AMMIE), spécialisée dans la construction de centres de récupération nutritionnelle pour les enfants et les femmes enceintes souffrant de malnutrition. Avec un taux de malnutrition pouvant atteindre 18% des enfants entre 0 et 5 ans dans la province du Yatenga au nord du Burkina, les besoins sont immenses et les efforts d’AMMIE doivent être appuyés et renforcés.
Enfin, ACTED met également en œuvre de nombreux projets de réhabilitation et de construction d’infrastructures de base. En RCA par exemple, où la situation humanitaire s’est beaucoup dégradée depuis 2009 avec une présence accrue de l’opposition armée dans le nord, ACTED réhabilite 140 kilomètres de route à l’Ouest du pays pour rétablir les échanges commerciaux entre le Tchad et la RCA et désenclaver les populations de cette région inaccessible. Après un projet de 5 ans au Congo Brazzaville dédié à la réhabilitation d’infrastructures routières, sanitaires et scolaires, ACTED Congo a construit 33 écoles, 7 centres préscolaires et 4 centres de santé en 2009 et envisage de construire de nouvelles écoles en 2010 avec l’UNICEF. De même, ACTED RDC achève la réhabilitation de 120 kilomètres de route sur l’axe Uvira-Baraka-Fizi dans le Sud Kivu.
Dans ces contextes variés, la région Afrique travaille pour un renforcement de la pertinence et de la qualité des activités en 2010, et pour répondre à des nouveaux enjeux par des projets toujours plus innovants en faveur des populations vulnérables.
 

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