La République Démocratique du Congo (RDC) fait face à des conflits persistants, principalement dans l’est du pays (provinces du Nord Kivu, Sud Kivu et les nouvelles provinces issues de l’ex-Katanga).
En effet, les habitants de ces régions sont régulièrement victimes des conflits ethniques et des violences générées entre les groupes armés et entre ces derniers et l’armée nationale, les Forces Armées de la RDC (FARDC). Ces conflits entraînent d’importants déplacements de population à l’intérieur du pays. A la fin du mois de mars 2016, les Nations Unies comptaient 1,8 million de déplacés internes en RDC, dont 135 000 personnes ayant fui leurs villages pendant les trois premiers mois de l’année. 916 000 retournés étaient également recensés.
Certaines victimes de violence trouvent également refuge dans les pays avoisinants : au 30 avril 2016, le Bureau des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) comptait plus de 520 000 Congolais réfugiés dans d’autres pays africains.
Par ailleurs, malgré les conflits persistants, la faiblesse de ces infrastructures et la pauvreté qui touche la région, presque 400 000 personnes auraient trouvé refuge en RDC selon l’UNHCR, dont une majorité de Rwandais et de Centrafricains.
Les défis à relever
En RDC, le manque d’infrastructures médicales, sanitaires, scolaires, de routes et d’accès à une alimentation suffisante et à l’eau potable ne permettent pas à une majorité de la population congolaise de satisfaire à ses besoins de base. L’arrivée des réfugiés augmente la pression sur les ressources disponibles, ce qui peut créer des tensions entre la population locale et les nouveaux arrivants.
Si une partie des réfugiés vit dans des camps pris en charge par l’UNHCR et reçoit de l’assistance (alimentaire, en articles ménagers essentiels, en eau hygiène et assainissement etc.), certains préfèrent rester hors des camps, parmi la population congolaise, et comptent souvent uniquement sur leurs propres ressources ou sur l’aide des Congolais pour vivre. En janvier 2016, dans les provinces du Nord et du Sud Ubangui où vivent des réfugiés centrafricains, l’UNHCR estimait à plus de 27 000 le nombre de personnes réfugiées vivant en dehors des camps.
Les interventions d’ACTED auprès des réfugiés
Depuis 2014, ACTED intervient auprès des réfugiés centrafricains vivant dans les provinces Nord et Sud Ubangui (ex-province de l’Equateur) grâce au soutien du Bureau of Population, Refugees and Migration (BPRM).
Plusieurs types d’activités sont mis en place pour apporter une assistance à ces réfugiés et améliorer leurs conditions de vie. Dans ses projets, ACTED intervient également auprès de la population locale congolaise, elle aussi très vulnérable.
ACTED répond d’abord aux besoins urgents de ces populations, principalement à travers la construction ou la réhabilitation d’infrastructures d’eau, d’hygiène et d’assainissement.
Les équipes d’ACTED RDC forent des points d’eau et construisent des latrines communautaires dans les écoles, les marchés ou les centres de santé. Ces centres sont également équipés de réservoir à eau de pluie, de douches, d’incinérateur et de fosses pour éliminer les déchets et éviter les épidémies. Pour assurer la pérennité de ces infrastructures, ACTED forme la population locale et les réfugiés aux bonnes pratiques d’hygiène et d’assainissement de l’eau, ainsi qu’à l’utilisation des équipements. Des kits d’hygiène et des savons sont distribués aux ménages les plus vulnérables.
Depuis 2015, ACTED mène des programmes d’Activités Génératrices de Revenu pour développer les associations de producteurs locaux et les petits commerces et permettre à leurs membres (dont des réfugiés) d’avoir un meilleur revenu et d’améliorer leurs pratiques et leurs outils.
© ACTED RDC : Un sensibilisateur ACTED distribue du savon aux réfugiés du camp de Boyabu.
L’histoire de Gervine
Gervine est une centrafricaine de 36 ans, et mère de 5 enfants.
Gervine a quitté son pays pour fuir la guerre et la violence, et a trouvé refuge en RDC, dans le camp de Boyabu, province du Sud Ubangui. En Centrafrique, Gervine était cultivatrice. Aujourd’hui elle vend des tomates fraîches et des piments dans le camp où elle vit.
Gervine a fait partie des bénéficiaires des distributions de savon mises en place par ACTED dans le camp de Boyabu. Elle « remercie ACTED pour le savon distribué » mais explique qu’elle et sa famille ont encore besoin de l’aide de l’ONG pour pouvoir vivre dans de bonnes conditions.
A Bili, Nord Ubangui, ACTED a mis en place différentes activités génératrices de revenus, en s’appuyant sur les communautés locales.
Ainsi, en janvier 2016, une association de boulangers composée à 96% de femmes a été créée. Cette association permet à ses membres de participer à un mécanisme de vente groupé qui allège leur temps de travail, et leur permet de travailler sans concurrence et de manière équitable. Les membres de cette association font partie de la population congolaise mais aussi de la population réfugiée. Une boutique de vente des matières premières nécessaires à la production de pain a été également créée sous gestion de l’association. Elle permet aux membres de s’approvisionner plus facilement. Trente fours consommant deux fois moins de bois que les fours traditionnels sont également en construction, améliorant l’impact tant économique qu’environnemental de la production de pain à Bili.